Author: | Madeleine (Anne-Marie Huguenin) | ISBN: | 1230001483024 |
Publisher: | CP | Publication: | December 27, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Madeleine (Anne-Marie Huguenin) |
ISBN: | 1230001483024 |
Publisher: | CP |
Publication: | December 27, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
ELLE sentit que l’on effleurait son bras, et violemment elle tressaillit comme au sortir d’une pensée trop absorbante dont il faut se détacher tout de suite, alors que notre âme engourdie proteste :
— Ce sera votre tour, dans quelques minutes.
Elle s’avança vers la coulisse, glissa un rapide coup d’œil sur la salle brillante remplie d’une foule élégante et aimable, d’une foule qui poliment, attendait le grand numéro de ce concert, sa conférence à elle, que l’on avait annoncée en termes enthousiastes, et qu’elle avait pourtant l’impression d’avoir conçue médiocrement pour l’assistance qu’elle contemplait en ce moment, et dont elle avait peur, une peur atroce qui la mordait au cœur, et l’empêchait presque de respirer. Elle porta la main à sa poitrine et murmura tout bas : « Jamais je ne pourrai parler… » Elle entendit vaguement qu’on l’encourageait, et remarqua une petite fille blonde, qui venait de chanter, et lui souriait, en écoutant encore les acclamations qui avaient salué son succès d’être jeune, jolie et bien douée — C’est votre tour, répétait-on autour d’elle.
Elle eut un soupir de détresse, et tourmenta, de ses mains fiévreuses, le manuscrit roulé, avec un soin attendri, presque respectueux, ce manuscrit qui ne lui inspirait plus aucune confiance, en ce moment où elle allait affronter la critique. Un grand monsieur distingué lui offrit le bras, elle le prit machinalement, et écouta la foule qui lui faisait fête. Puis elle entendit que le monsieur parlait, qu’il vantait son talent, son dévouement chaleureux à la classe malheureuse, son raffinement et sa délicatesse. Un brouhaha se fit, puis le silence, et dans ce silence, elle reprit la pleine possession de son moi, et commença de sa voix chaude et prenante…
ELLE sentit que l’on effleurait son bras, et violemment elle tressaillit comme au sortir d’une pensée trop absorbante dont il faut se détacher tout de suite, alors que notre âme engourdie proteste :
— Ce sera votre tour, dans quelques minutes.
Elle s’avança vers la coulisse, glissa un rapide coup d’œil sur la salle brillante remplie d’une foule élégante et aimable, d’une foule qui poliment, attendait le grand numéro de ce concert, sa conférence à elle, que l’on avait annoncée en termes enthousiastes, et qu’elle avait pourtant l’impression d’avoir conçue médiocrement pour l’assistance qu’elle contemplait en ce moment, et dont elle avait peur, une peur atroce qui la mordait au cœur, et l’empêchait presque de respirer. Elle porta la main à sa poitrine et murmura tout bas : « Jamais je ne pourrai parler… » Elle entendit vaguement qu’on l’encourageait, et remarqua une petite fille blonde, qui venait de chanter, et lui souriait, en écoutant encore les acclamations qui avaient salué son succès d’être jeune, jolie et bien douée — C’est votre tour, répétait-on autour d’elle.
Elle eut un soupir de détresse, et tourmenta, de ses mains fiévreuses, le manuscrit roulé, avec un soin attendri, presque respectueux, ce manuscrit qui ne lui inspirait plus aucune confiance, en ce moment où elle allait affronter la critique. Un grand monsieur distingué lui offrit le bras, elle le prit machinalement, et écouta la foule qui lui faisait fête. Puis elle entendit que le monsieur parlait, qu’il vantait son talent, son dévouement chaleureux à la classe malheureuse, son raffinement et sa délicatesse. Un brouhaha se fit, puis le silence, et dans ce silence, elle reprit la pleine possession de son moi, et commença de sa voix chaude et prenante…