Author: | LOUIS BOUSSENARD | ISBN: | 1230000243245 |
Publisher: | NA | Publication: | May 29, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | LOUIS BOUSSENARD |
ISBN: | 1230000243245 |
Publisher: | NA |
Publication: | May 29, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
Ce livre comporte une table des matières dynamique.
Il est parfaitement mis en page pour une lecture sur liseuse électronique.
Extrait: Le kopje (mine de diamants) de Nelson’s Fountain était, ce jour-là, plus que jamais, plein de bruit et d’animation. À l’incessante activité habituellement déployée par les diggers de toute race, de toute couleur, avait brusquement succédé une sorte de frénésie dont un observateur attentif et de sang-froid eût promptement deviné la cause.
De tous côtés, le terrain escarpé, terne, composé de roches dénudées et anfractueuses, est creusé de trous profonds, béants, taillés à pic, et ressemblant à une infinité de carrières. Une poussière impalpable, s’échappe de ces excavations, monte vers la nue en un nuage grisâtre et obscurcit par moments la lumière du soleil. Une singulière particularité frappe tout d’abord l’œil du nouvel arrivant. C’est l’inextricable enchevêtrement de fils de fer accrochés d’un bout au fond de chacun de ces trous, et venant s’arrêter au bord de l’escarpement en formant un angle plus ou moins aigu, selon la profondeur de l’excavation. Sur ces fils, glissent sans relâche de vastes seaux en cuir de bœuf, remplis de gravier, et adaptés à une poulie. Un petit manège semblable à ceux des maraîchers des environs de Paris, actionné par un ou deux hommes, tourne en grinçant et enlève rapidement le récipient aussitôt rempli que vidé.
Aussi loin que la vue peut s’étendre, le sol, raviné, affecte l’aspect d’un immense damier dont les cases ont régulièrement dix mètres de côté. Chaque case est un claim ou lot de terre diamantifère, au fond duquel piochent, bêchent, criblent, vannent, affairés comme des fourmis au travail, des hommes en haillons, dont les faces noires, blanches, jaunes, souillées de boue et de poussière, ruissellent de sueur. Le seau de cuir remonte. Il contient peut-être une fortune. Le piaulement de la poulie s’arrête. Le récipient est vidé sur une table massive implantée au bord du claim. Un blanc en éparpille le contenu d’une main crispée, et cherche d’un regard avide la gemme éblouissante.
Les terres, ainsi inventoriées, sont ensuite déposées dans des brouettes et emmenées au loin, sur de petits sentiers divisant les lots par sections régulières. On frémit en voyant ces hommes marcher ainsi insoucieusement au bord des abîmes où le moindre faux pas les ferait trébucher. Mais, qu’importent à ces fiévreux les accidents assez fréquents d’ailleurs ! De temps en temps, survient un éboulement, une pierre se détache, une brouette dégringole, tant sont étroits ces sentiers pompeusement dénommés routes. Un cri d’angoisse et de douleur retentit et le seau remonte chargé d’un corps humain affreusement mutilé.
Encore une fois, qu’importe ! Le diamant abonde et ces catastrophes individuelles ne sont pour les survivants que de simples accidents. Un Polonais vient de trouver un diamant de quarante-huit carats. Un courtier lui en offre séance tenante cinq cents livres sterling (12 500 francs). L’heureux mineur en demande mille. Le courtier se retire en haussant les épaules.
Un Irlandais aux traits ravagés par la misère et les excès de travail, sursaute tout à coup comme en proie à une folie subite. Il crie, hurle, se démène et expectore toute une série de ces jurons gutturaux dont surabonde la langue celtique.
– ... Arrah !... Arrah !... Bédarrah !... mes frères, je suis mort !... La joie m’étouffe.
» Arrah !... Les enfants seront riches... et je vais boire du wisky.
» Voici un diamant de soixante-quinze carats... Le gentleman en donnera cinq mille livres !... (125 000 francs).
La nouvelle se répand avec la rapidité d’une traînée de poudre jusqu’au fond des claims, et la frénésie des travailleurs redouble encore s’il est possible.
Ce livre comporte une table des matières dynamique.
Il est parfaitement mis en page pour une lecture sur liseuse électronique.
Extrait: Le kopje (mine de diamants) de Nelson’s Fountain était, ce jour-là, plus que jamais, plein de bruit et d’animation. À l’incessante activité habituellement déployée par les diggers de toute race, de toute couleur, avait brusquement succédé une sorte de frénésie dont un observateur attentif et de sang-froid eût promptement deviné la cause.
De tous côtés, le terrain escarpé, terne, composé de roches dénudées et anfractueuses, est creusé de trous profonds, béants, taillés à pic, et ressemblant à une infinité de carrières. Une poussière impalpable, s’échappe de ces excavations, monte vers la nue en un nuage grisâtre et obscurcit par moments la lumière du soleil. Une singulière particularité frappe tout d’abord l’œil du nouvel arrivant. C’est l’inextricable enchevêtrement de fils de fer accrochés d’un bout au fond de chacun de ces trous, et venant s’arrêter au bord de l’escarpement en formant un angle plus ou moins aigu, selon la profondeur de l’excavation. Sur ces fils, glissent sans relâche de vastes seaux en cuir de bœuf, remplis de gravier, et adaptés à une poulie. Un petit manège semblable à ceux des maraîchers des environs de Paris, actionné par un ou deux hommes, tourne en grinçant et enlève rapidement le récipient aussitôt rempli que vidé.
Aussi loin que la vue peut s’étendre, le sol, raviné, affecte l’aspect d’un immense damier dont les cases ont régulièrement dix mètres de côté. Chaque case est un claim ou lot de terre diamantifère, au fond duquel piochent, bêchent, criblent, vannent, affairés comme des fourmis au travail, des hommes en haillons, dont les faces noires, blanches, jaunes, souillées de boue et de poussière, ruissellent de sueur. Le seau de cuir remonte. Il contient peut-être une fortune. Le piaulement de la poulie s’arrête. Le récipient est vidé sur une table massive implantée au bord du claim. Un blanc en éparpille le contenu d’une main crispée, et cherche d’un regard avide la gemme éblouissante.
Les terres, ainsi inventoriées, sont ensuite déposées dans des brouettes et emmenées au loin, sur de petits sentiers divisant les lots par sections régulières. On frémit en voyant ces hommes marcher ainsi insoucieusement au bord des abîmes où le moindre faux pas les ferait trébucher. Mais, qu’importent à ces fiévreux les accidents assez fréquents d’ailleurs ! De temps en temps, survient un éboulement, une pierre se détache, une brouette dégringole, tant sont étroits ces sentiers pompeusement dénommés routes. Un cri d’angoisse et de douleur retentit et le seau remonte chargé d’un corps humain affreusement mutilé.
Encore une fois, qu’importe ! Le diamant abonde et ces catastrophes individuelles ne sont pour les survivants que de simples accidents. Un Polonais vient de trouver un diamant de quarante-huit carats. Un courtier lui en offre séance tenante cinq cents livres sterling (12 500 francs). L’heureux mineur en demande mille. Le courtier se retire en haussant les épaules.
Un Irlandais aux traits ravagés par la misère et les excès de travail, sursaute tout à coup comme en proie à une folie subite. Il crie, hurle, se démène et expectore toute une série de ces jurons gutturaux dont surabonde la langue celtique.
– ... Arrah !... Arrah !... Bédarrah !... mes frères, je suis mort !... La joie m’étouffe.
» Arrah !... Les enfants seront riches... et je vais boire du wisky.
» Voici un diamant de soixante-quinze carats... Le gentleman en donnera cinq mille livres !... (125 000 francs).
La nouvelle se répand avec la rapidité d’une traînée de poudre jusqu’au fond des claims, et la frénésie des travailleurs redouble encore s’il est possible.