Author: | Joséphine Colomb | ISBN: | 1230002537436 |
Publisher: | Hachette (Paris) 1899 | Publication: | September 8, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Joséphine Colomb |
ISBN: | 1230002537436 |
Publisher: | Hachette (Paris) 1899 |
Publication: | September 8, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait: Où l’on apprend, par la conversation de leurs gens, ce qu’étaient les nouveaux maîtres de Kerléonik. « Ouf ! dit la grosse Mme Levellec, la femme de charge du château de Kerléonik, en se laissant tomber entre les bras de son fauteuil de paille ; quelle journée fatigante ! »
La grosse Mme Levellec adressait cette proposition (la proposition étant, comme dit la grammaire, l’énonciation d’un jugement) soit à elle-même, soit aux domestiques du château, qui avaient tous partagé ses fatigues. Dans les deux cas, elle ne courait nul risque de recevoir un démenti.
La preuve que tous les serviteurs du château de Kerléonik avaient trouvé la journée très-fatigante, c’est qu’aucun d’eux ne paraissait songer à s’occuper d’un travail quelconque. Quoique le jour tombât, ils n’avaient même pas allumé les chandelles fixées par des crampons de fer aux parois de la vaste cheminée ; une bourrée de genêts qui flambait sous l’âtre éclairait seule la grande cuisine aux meubles de vieux chêne noirci, et projetait sur les solives enfumées du plafond les ombres de ceux qui se chauffaient à sa flamme. Ils étaient cinq, assis sur des bancs de bois, autour du feu, les plus frileux sous le manteau de la cheminée, les autres devant le foyer. Il y avait Marianne la cuisinière et Yvonne la chambrière, et la robuste Margot, la fille de basse-cour ; et puis Hervé le cocher, et le petit Loïc, un gars d’une quinzaine d’années, qui n’avait pas d’attributions précises, ce qui faisait un peu de lui la bête de somme des autres domestiques. Dame Levellec, à cause de son haut rang, dédaignait les bancs de bois et trônait dans son fauteuil de paille qu’elle chargeait ordinairement Loïc de lui installer au coin du feu. Mais ce jour-là elle s’était donné tant de mouvement qu’elle ne sentait pas la froidure d’une soirée de printemps ; elle laissa donc son fauteuil où il était, c’est-à-dire auprès de la fenêtre, et se mit à s’éventer avec son mouchoir en répétant : « Quelle journée fatigante !
Extrait: Où l’on apprend, par la conversation de leurs gens, ce qu’étaient les nouveaux maîtres de Kerléonik. « Ouf ! dit la grosse Mme Levellec, la femme de charge du château de Kerléonik, en se laissant tomber entre les bras de son fauteuil de paille ; quelle journée fatigante ! »
La grosse Mme Levellec adressait cette proposition (la proposition étant, comme dit la grammaire, l’énonciation d’un jugement) soit à elle-même, soit aux domestiques du château, qui avaient tous partagé ses fatigues. Dans les deux cas, elle ne courait nul risque de recevoir un démenti.
La preuve que tous les serviteurs du château de Kerléonik avaient trouvé la journée très-fatigante, c’est qu’aucun d’eux ne paraissait songer à s’occuper d’un travail quelconque. Quoique le jour tombât, ils n’avaient même pas allumé les chandelles fixées par des crampons de fer aux parois de la vaste cheminée ; une bourrée de genêts qui flambait sous l’âtre éclairait seule la grande cuisine aux meubles de vieux chêne noirci, et projetait sur les solives enfumées du plafond les ombres de ceux qui se chauffaient à sa flamme. Ils étaient cinq, assis sur des bancs de bois, autour du feu, les plus frileux sous le manteau de la cheminée, les autres devant le foyer. Il y avait Marianne la cuisinière et Yvonne la chambrière, et la robuste Margot, la fille de basse-cour ; et puis Hervé le cocher, et le petit Loïc, un gars d’une quinzaine d’années, qui n’avait pas d’attributions précises, ce qui faisait un peu de lui la bête de somme des autres domestiques. Dame Levellec, à cause de son haut rang, dédaignait les bancs de bois et trônait dans son fauteuil de paille qu’elle chargeait ordinairement Loïc de lui installer au coin du feu. Mais ce jour-là elle s’était donné tant de mouvement qu’elle ne sentait pas la froidure d’une soirée de printemps ; elle laissa donc son fauteuil où il était, c’est-à-dire auprès de la fenêtre, et se mit à s’éventer avec son mouchoir en répétant : « Quelle journée fatigante !