Comme un amas de pyramides inversées

Poésie, #3

Dans un de ses recueils, Gueye parle de la poésie qui pense, qui n'est pas seulement un talent pour étaler le beau, mais pour dire des choses fondamentales. Une interrogation vient  alors à l'esprit : qu'est-ce le beau ? Qu'est-ce la vie ? Pourquoi mérite-t-elle d'être vécue ? Qu'est-ce aujourd'hui et hier, sans demain ?

Cet acharnement à restructurer la réalité, à redorer des faits noircis sur une page blanche de la poétique, voilà l'ingrat destin de ce poète-penseur qui philosophe sur les contraintes, les nœuds gordiens, les avatars, qui crie : redresse-toi, avance, c'est possible.

Dans l'abime sans fin de ses recueils, depuis « Les  portes étroites » à celui-ci, « Comme un amas de pyramides inversées », en passant par « Les piroguiers aux millions de rames », cet écrivain, né en 1951, au Sénégal, s'attèle encore à honorer, plaider, vitupérer… Sans découragement, ni entraves, la poésie qui pense poursuit inlassablement son chemin. « A mon âge si ancien, à l'horizon de mes cheveux blanchis », écrit-il, « Aurons-nous le temps de te voir émancipée, bourdonnant de vie grouillante, de  maturité partout étalée aux couleurs de l'horizon ? »