Author: | Bernard Pasobrola | ISBN: | 1230000237982 |
Publisher: | Critique | Publication: | May 9, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Bernard Pasobrola |
ISBN: | 1230000237982 |
Publisher: | Critique |
Publication: | May 9, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
« En examinant les faits d’astronomie, de chimie et de physiologie, j’ai conçu que tous ces phénomènes pouvaient être considérés comme une lutte entre les solides et les fluides», écrivait Saint-Simon, l’un des plus influents fondateurs du culte du développement industriel. La théorie saint-simonienne permet de souligner le fait suivant : l’histoire du capitalisme montre l’incoercibilité de la tendance expansive du capital, mais le principe de croissance rend l’idée de développement matériel problématique – et même aporétique, car on sait que « les arbres ne poussent pas jusqu’au ciel » et que l’illimitation conduit à une impasse logique. La circulation, en revanche, est susceptible de recycler à l’infini les mêmes substances, ce qui induit la notion de mouvement (progrès) même sans accroissement des éléments solides.
Or si la solidification excessive est facteur d’inertie et/ou d’autarcie, l’expansion fluidique conduit à un mouvement chaotique qu’illustrent bien certaines métaphores devenues courantes à l’heure actuelle : « bulles » qui gonflent et qui éclatent, « tempêtes » boursières ou financières, « naufrages » de certains États – les exemples sont légion.
Le fluidisme théorisé par Saint-Simon a engendré la fluxisation généralisée de l’univers social. Cela signifie que la production et la gestion des flux (informationnels, communicationnels ou financiers) ont tendance désormais à subsumer la production matérielle. La communication permanente et l’activité fluxiste recomposent artificiellement la socialité disparue. Elle s’accompagne d’un discours extatico-apologétique et d’une autoglorification permanente de la « communication » vue comme une nouvelle transcendance. Les flèches des clochers qui s’élevaient jadis sur de rares hauteurs ont fait place aujourd’hui à des milliers d’antennes-relais ouvrant le domaine grandiose des cieux communicationnels aux vivants d’aujourd’hui et non plus aux croyants en un futur au-delà. Parallèlement, le temps se définit métonymiquement par le rythme des innovations technologiques qui constituent une suite sans fin et sans autre visée que de remplir ce temps devenu vide.
« En examinant les faits d’astronomie, de chimie et de physiologie, j’ai conçu que tous ces phénomènes pouvaient être considérés comme une lutte entre les solides et les fluides», écrivait Saint-Simon, l’un des plus influents fondateurs du culte du développement industriel. La théorie saint-simonienne permet de souligner le fait suivant : l’histoire du capitalisme montre l’incoercibilité de la tendance expansive du capital, mais le principe de croissance rend l’idée de développement matériel problématique – et même aporétique, car on sait que « les arbres ne poussent pas jusqu’au ciel » et que l’illimitation conduit à une impasse logique. La circulation, en revanche, est susceptible de recycler à l’infini les mêmes substances, ce qui induit la notion de mouvement (progrès) même sans accroissement des éléments solides.
Or si la solidification excessive est facteur d’inertie et/ou d’autarcie, l’expansion fluidique conduit à un mouvement chaotique qu’illustrent bien certaines métaphores devenues courantes à l’heure actuelle : « bulles » qui gonflent et qui éclatent, « tempêtes » boursières ou financières, « naufrages » de certains États – les exemples sont légion.
Le fluidisme théorisé par Saint-Simon a engendré la fluxisation généralisée de l’univers social. Cela signifie que la production et la gestion des flux (informationnels, communicationnels ou financiers) ont tendance désormais à subsumer la production matérielle. La communication permanente et l’activité fluxiste recomposent artificiellement la socialité disparue. Elle s’accompagne d’un discours extatico-apologétique et d’une autoglorification permanente de la « communication » vue comme une nouvelle transcendance. Les flèches des clochers qui s’élevaient jadis sur de rares hauteurs ont fait place aujourd’hui à des milliers d’antennes-relais ouvrant le domaine grandiose des cieux communicationnels aux vivants d’aujourd’hui et non plus aux croyants en un futur au-delà. Parallèlement, le temps se définit métonymiquement par le rythme des innovations technologiques qui constituent une suite sans fin et sans autre visée que de remplir ce temps devenu vide.