Author: | Maxime Du Camp | ISBN: | 1230000764483 |
Publisher: | Maxime Du Camp | Publication: | November 6, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Maxime Du Camp |
ISBN: | 1230000764483 |
Publisher: | Maxime Du Camp |
Publication: | November 6, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
EXTRAIT:
I. La Sicile.
« Quelque chose que je puisse dire, votre majesté ne peut se faire une idée de l’état d’oppression, de barbarie, d’avilissement dans lequel ce royaume était. »
(Joseph Bonaparte à Napoléon.)
I
Quand j’arrivai à Gênes dans les premiers jours du mois d’août 1860, ma première impression fut une impression de surprise, car l’expédition de Garibaldi, à laquelle je désirais me joindre, s’y recrutait sans aucun mystère. Soustraite, pour ainsi dire, à l’action du gouvernement de Turin, Gênes paraissait être devenue une sorte de place d’armes d’où le dictateur tirait, pour la Sicile, les hommes et les munitions dont il avait besoin. Il est juste d’ajouter que lorsque le ministère piémontais, cherchant à s’opposer au départ de la phalange qui allait débarquer à Marsala, avait demandé au gouverneur militaire de Gênes s’il pouvait compter sur ses troupes, celui-ci répondit loyalement qu’au premier geste de Garibaldi tous les soldats de l’armée sarde déserteraient pour le suivre. Dans cet état de choses, ce qu’il y avait de mieux à faire était de s’abstenir, de fermer les yeux et d’exprimer dans des notes diplomatiques des regrets que peut-être l’on n’éprouvait guère. C’est ce que l’on fit, et l’événement a démontré, au-delà des probabilités, que l’union et la libération italiennes, si souvent cherchées en vain, étaient cette fois près de s’accomplir, et que c’eût été folie que de prétendre y mettre obstacle.
Les volontaires, reconnaissables à leur chemise rouge, marchaient bruyamment dans les étroites rues de Gênes au roulement des tambours. Les officiers dînaient en groupe au café de la Concordia ; les soldats, si jeunes pour la plupart qu’on les eût pris pour des enfans, jouaient sur la promenade de l’Acqua-Sola ; la maison du docteur Bertani, âme vivante de ce mouvement, ne désemplissait pas ; dans le port, des bateaux à vapeur chauffaient, qu’on chargeait de troupes, et qui partaient pour leur destination pendant que les volontaires poussaient ce cri de ralliement qui devait conquérir un royaume :Vive l’Italie, toute et une !
EXTRAIT:
I. La Sicile.
« Quelque chose que je puisse dire, votre majesté ne peut se faire une idée de l’état d’oppression, de barbarie, d’avilissement dans lequel ce royaume était. »
(Joseph Bonaparte à Napoléon.)
I
Quand j’arrivai à Gênes dans les premiers jours du mois d’août 1860, ma première impression fut une impression de surprise, car l’expédition de Garibaldi, à laquelle je désirais me joindre, s’y recrutait sans aucun mystère. Soustraite, pour ainsi dire, à l’action du gouvernement de Turin, Gênes paraissait être devenue une sorte de place d’armes d’où le dictateur tirait, pour la Sicile, les hommes et les munitions dont il avait besoin. Il est juste d’ajouter que lorsque le ministère piémontais, cherchant à s’opposer au départ de la phalange qui allait débarquer à Marsala, avait demandé au gouverneur militaire de Gênes s’il pouvait compter sur ses troupes, celui-ci répondit loyalement qu’au premier geste de Garibaldi tous les soldats de l’armée sarde déserteraient pour le suivre. Dans cet état de choses, ce qu’il y avait de mieux à faire était de s’abstenir, de fermer les yeux et d’exprimer dans des notes diplomatiques des regrets que peut-être l’on n’éprouvait guère. C’est ce que l’on fit, et l’événement a démontré, au-delà des probabilités, que l’union et la libération italiennes, si souvent cherchées en vain, étaient cette fois près de s’accomplir, et que c’eût été folie que de prétendre y mettre obstacle.
Les volontaires, reconnaissables à leur chemise rouge, marchaient bruyamment dans les étroites rues de Gênes au roulement des tambours. Les officiers dînaient en groupe au café de la Concordia ; les soldats, si jeunes pour la plupart qu’on les eût pris pour des enfans, jouaient sur la promenade de l’Acqua-Sola ; la maison du docteur Bertani, âme vivante de ce mouvement, ne désemplissait pas ; dans le port, des bateaux à vapeur chauffaient, qu’on chargeait de troupes, et qui partaient pour leur destination pendant que les volontaires poussaient ce cri de ralliement qui devait conquérir un royaume :Vive l’Italie, toute et une !