Author: | Alexandre Dumas | ISBN: | 1230000645324 |
Publisher: | Consumer Oriented Ebooks Publisher | Publication: | September 4, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Alexandre Dumas |
ISBN: | 1230000645324 |
Publisher: | Consumer Oriented Ebooks Publisher |
Publication: | September 4, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
Ne vous est-il pas arrivé quelquefois, pendant une de ces longues,
tristes et froides soirées d'hiver, où, seul avec votre pensée, vous
entendiez le vent siffler dans vos corridors, et la pluie fouetter
contre vos fenêtres; ne vous est-il pas arrivé, le front appuyé contre
votre cheminée, et regardant, sans les voir, les tisons pétillants dans
l'âtre; ne vous est-il pas arrivé, dis-je, de prendre en dégoût notre
climat sombre, notre Paris humide et boueux, et de rêver quelque oasis
enchantée, tapissée de verdure et pleine de fraîcheur, où vous puissiez,
en quelque saison de l'année que ce fût, au bord d'une source d'eau
vive, au pied d'un palmier, à l'ombre des jambosiers, vous endormir peu
à peu dans une sensation de bien-être et de langueur?
Eh bien, ce paradis que vous rêviez existe; cet Eden que vous convoitiez
vous attend; ce ruisseau qui doit bercer votre somnolente sieste tombe
en cascade et rejaillit en poussière; le palmier qui doit abriter votre
sommeil abandonne à la brise de la mer ses longues feuilles, pareilles
au panache d'un géant. Les jambosiers, couverts de leurs fruits irisés,
vous offrent leur ombre odorante. Suivez-moi; venez.
Venez à Brest, cette soeur guerrière de la commerçante Marseille,
sentinelle armée qui veille sur l'Océan; et là, parmi les cent vaisseaux
qui s'abritent dans son port, choisissez un de ces bricks à la carène
étroite, à la voilure légère; aux mâts allongés comme en donne à ces
hardis pirates le rival de Walter Scott, le poétique romancier de la
mer. Justement nous sommes en septembre, dans le mois propice aux longs
voyages. Montez à bord du navire auquel nous avons confié notre commune
destinée, laissons l'été derrière nous, et voguons à la rencontre du
printemps. Adieu, Brest! Salut, Nantes! Salut, Bayonne! Adieu, France!
Voyez-vous, à notre droite, ce géant qui s'élève à dix mille pieds de
hauteur, dont la tête de granit se perd dans les nuages, au-dessus
desquels elle semble suspendue, et dont, à travers l'eau transparente,
on distingue les racines de pierre qui vont s'enfonçant dans l'abîme?
C'est le pic de Ténériffe, l'ancienne Nivaria, c'est le rendez-vous des
aigles de l'Océan que vous voyez tourner autour de leurs aires et qui
vous paraissent à peine gros comme des colombes. Passons, ce n'est point
là le but de notre course; ceci n'est que le parterre de l'Espagne, et
je vous ai promis le jardin du monde.
Ne vous est-il pas arrivé quelquefois, pendant une de ces longues,
tristes et froides soirées d'hiver, où, seul avec votre pensée, vous
entendiez le vent siffler dans vos corridors, et la pluie fouetter
contre vos fenêtres; ne vous est-il pas arrivé, le front appuyé contre
votre cheminée, et regardant, sans les voir, les tisons pétillants dans
l'âtre; ne vous est-il pas arrivé, dis-je, de prendre en dégoût notre
climat sombre, notre Paris humide et boueux, et de rêver quelque oasis
enchantée, tapissée de verdure et pleine de fraîcheur, où vous puissiez,
en quelque saison de l'année que ce fût, au bord d'une source d'eau
vive, au pied d'un palmier, à l'ombre des jambosiers, vous endormir peu
à peu dans une sensation de bien-être et de langueur?
Eh bien, ce paradis que vous rêviez existe; cet Eden que vous convoitiez
vous attend; ce ruisseau qui doit bercer votre somnolente sieste tombe
en cascade et rejaillit en poussière; le palmier qui doit abriter votre
sommeil abandonne à la brise de la mer ses longues feuilles, pareilles
au panache d'un géant. Les jambosiers, couverts de leurs fruits irisés,
vous offrent leur ombre odorante. Suivez-moi; venez.
Venez à Brest, cette soeur guerrière de la commerçante Marseille,
sentinelle armée qui veille sur l'Océan; et là, parmi les cent vaisseaux
qui s'abritent dans son port, choisissez un de ces bricks à la carène
étroite, à la voilure légère; aux mâts allongés comme en donne à ces
hardis pirates le rival de Walter Scott, le poétique romancier de la
mer. Justement nous sommes en septembre, dans le mois propice aux longs
voyages. Montez à bord du navire auquel nous avons confié notre commune
destinée, laissons l'été derrière nous, et voguons à la rencontre du
printemps. Adieu, Brest! Salut, Nantes! Salut, Bayonne! Adieu, France!
Voyez-vous, à notre droite, ce géant qui s'élève à dix mille pieds de
hauteur, dont la tête de granit se perd dans les nuages, au-dessus
desquels elle semble suspendue, et dont, à travers l'eau transparente,
on distingue les racines de pierre qui vont s'enfonçant dans l'abîme?
C'est le pic de Ténériffe, l'ancienne Nivaria, c'est le rendez-vous des
aigles de l'Océan que vous voyez tourner autour de leurs aires et qui
vous paraissent à peine gros comme des colombes. Passons, ce n'est point
là le but de notre course; ceci n'est que le parterre de l'Espagne, et
je vous ai promis le jardin du monde.