Author: | Zyrànna Zatèli | ISBN: | 9782814553309 |
Publisher: | publie.net | Publication: | May 28, 2010 |
Imprint: | publie.net | Language: | French |
Author: | Zyrànna Zatèli |
ISBN: | 9782814553309 |
Publisher: | publie.net |
Publication: | May 28, 2010 |
Imprint: | publie.net |
Language: | French |
Zyrànna Zatèli apparaît en 1984, à trente-trois ans, avec La fiancée de l’an passé, recueil de neuf nouvelles visiblement autobiographiques, où dès la première page elle crée son monde et ensorcelle ses lecteurs. Deux ans plus tard, elle donne un second recueil, Gracieuse dans ce désert, plus étoffé (vingt et une nouvelles), plus divers, où l’heureux lecteur du premier se retrouve en pays de connaissance.
Le monde de Zatèli, c’est son passé, son enfance avant tout, le coin de Grèce du Nord où elle l’a vécue, petite ville et campagne autour ; c’est les années 50 et 60, reconnaissables à certains détails — mais lieux et époques se fondent en partie dans une sorte de brume intemporelle. Si dans Gracieuse... le récit à la troisième personne tend à remplacer le « je » — signe que les romans futurs se rapprochent —, celle qui raconte l’histoire, qui en fut l’héroïne ou le témoin, est toujours une enfant, une jeune fille ou une jeune femme derrière lesquelles on devine l’auteure, entourée souvent d’une foule de frères et sœurs, d’autres grandes familles voisines, d’originaux divers, de fous et de folles, avec leurs cancans et leurs mystères.
La fiancée de l’an passé et Gracieuse dans ce désert, proches comme deux sœurs, risquent d’être vues avec le recul comme un cahier d’esquisses, un laboratoire des grands romans à venir : Le crépuscule des loups (1993), La mort en habits de fête (2002) et La passion des milliers de fois (2009), qui feront de son auteure une star dans son pays, et qui par ailleurs, plus d’une fois, puisent des matériaux dans ces pages de jeunesse. Cette dimension de laboratoire est nette surtout dans le recueil ici présent, qui explore de nouvelles directions, expérimente plus hardiment de nouvelles formules narratives. Mais il ne faut surtout pas voir dans ces deux livres de simples cahiers d’esquisses : le second, notamment, contient certaines des plus belles pages de Zatèli. Il suffit de lire, par exemple, « Le vent d’Anatolie », le plus long texte du livre et sans doute son sommet. Il y a là selon moi plusieurs passages parmi les plus forts, les plus beaux jamais écrits sur la mort. La narratrice encore enfant, intermédiaire entre les vivants et une malade qui n’est déjà plus des nôtres, n’est-ce pas aussi une figure de l’écrivain, ce passeur entre un autre monde et nous ? J’ai traduit toute la nouvelle en retenant mon souffle, comme le croyant dans une église, mais les pages centrales m’ont transporté comme je l’ai rarement été dans...
Zyrànna Zatèli apparaît en 1984, à trente-trois ans, avec La fiancée de l’an passé, recueil de neuf nouvelles visiblement autobiographiques, où dès la première page elle crée son monde et ensorcelle ses lecteurs. Deux ans plus tard, elle donne un second recueil, Gracieuse dans ce désert, plus étoffé (vingt et une nouvelles), plus divers, où l’heureux lecteur du premier se retrouve en pays de connaissance.
Le monde de Zatèli, c’est son passé, son enfance avant tout, le coin de Grèce du Nord où elle l’a vécue, petite ville et campagne autour ; c’est les années 50 et 60, reconnaissables à certains détails — mais lieux et époques se fondent en partie dans une sorte de brume intemporelle. Si dans Gracieuse... le récit à la troisième personne tend à remplacer le « je » — signe que les romans futurs se rapprochent —, celle qui raconte l’histoire, qui en fut l’héroïne ou le témoin, est toujours une enfant, une jeune fille ou une jeune femme derrière lesquelles on devine l’auteure, entourée souvent d’une foule de frères et sœurs, d’autres grandes familles voisines, d’originaux divers, de fous et de folles, avec leurs cancans et leurs mystères.
La fiancée de l’an passé et Gracieuse dans ce désert, proches comme deux sœurs, risquent d’être vues avec le recul comme un cahier d’esquisses, un laboratoire des grands romans à venir : Le crépuscule des loups (1993), La mort en habits de fête (2002) et La passion des milliers de fois (2009), qui feront de son auteure une star dans son pays, et qui par ailleurs, plus d’une fois, puisent des matériaux dans ces pages de jeunesse. Cette dimension de laboratoire est nette surtout dans le recueil ici présent, qui explore de nouvelles directions, expérimente plus hardiment de nouvelles formules narratives. Mais il ne faut surtout pas voir dans ces deux livres de simples cahiers d’esquisses : le second, notamment, contient certaines des plus belles pages de Zatèli. Il suffit de lire, par exemple, « Le vent d’Anatolie », le plus long texte du livre et sans doute son sommet. Il y a là selon moi plusieurs passages parmi les plus forts, les plus beaux jamais écrits sur la mort. La narratrice encore enfant, intermédiaire entre les vivants et une malade qui n’est déjà plus des nôtres, n’est-ce pas aussi une figure de l’écrivain, ce passeur entre un autre monde et nous ? J’ai traduit toute la nouvelle en retenant mon souffle, comme le croyant dans une église, mais les pages centrales m’ont transporté comme je l’ai rarement été dans...