Author: | Eugène Sue | ISBN: | 1230000251798 |
Publisher: | Largau | Publication: | July 12, 2014 |
Imprint: | Language: | English |
Author: | Eugène Sue |
ISBN: | 1230000251798 |
Publisher: | Largau |
Publication: | July 12, 2014 |
Imprint: | |
Language: | English |
Extrait du livre :
– Maintenant, citoyen – reprit Petit-Jean –, vous comprenez que mes petits livres de l’évêché ne seront qu’un passeport ; les gendarmes ne pourront, si fins, si perçants que soient leurs yeux, voir ce que j’ai dans la tête, dans le cœur et sur la langue (textuel). Aussi, en arrivant le soir dans une métairie, et m’asseyant au coin du feu, au milieu de la famille du métayer, je leur réciterai quelques-unes des choses que vous venez d’entendre ; et si je leur montre ma cargaison de brochures de l’évêché, ce sera surtout pour leur recommander de ne jamais acheter de pareilles drogues, ou pour leur en lire, en les commentant, quelques passages, qui les dégouteront à jamais de la propagande des blancs et des noirs ; et, maintenant, citoyen, que dites-vous de mon projet ? »
– Ce que j’en dis – m’écriai-je, touché de tant de dévouement –, je dis que vous pouvez ainsi rendre d’immenses services à notre cause.
– Bien vrai, citoyen ! Alors vous me donnez bon courage et bon espoir. Adieu ; je viendrai vous rendre compte de ma première tournée.
Petit-Jean, fidèle à ses projets, parcourut notre département, s’attachant avec une parfaite sagacité à visiter les localités éloignées des centres de population ; centres où du moins le rapprochement, le frottement des hommes entre eux, quel que soit leur degré d’instruction, les rend plus ouverts aux communications de la pensée, et plus aptes à percevoir le juste et le vrai.
La propagande de Petit-Jean eut le succès qu’il en attendait ainsi que moi. Je le voyais de temps à autre, après ses tournées ; je lui prêtais quelques bons livres d’histoire : il aimait passionnément à s’instruire ; c’était un esprit prompt, droit, singulièrement perspicace ; un cœur honnête et chaleureux ; Petit-Jean, d’une figure douce et pâle ; très-petit et très-chétif d’ailleurs, puisait dans l’énergie de ses convictions la force de parcourir de l’aube au soir nos pays, ployant sous le fardeau de sa lourde balle, remplie de livres de l’évêché, son passeport, comme il disait finement.
Donc, ce Sylvain et son ami Petit-Jean cheminaient vers minuit et au milieu des ténèbres à travers les bois de Mareuil ; au moment où ils s’engageaient sous une haute futaie complètement obscure, Petit-Jean s’arrêta, et dit à Sylvain :
– Avant d’aller plus loin es-tu bien décidé ?
Extrait du livre :
– Maintenant, citoyen – reprit Petit-Jean –, vous comprenez que mes petits livres de l’évêché ne seront qu’un passeport ; les gendarmes ne pourront, si fins, si perçants que soient leurs yeux, voir ce que j’ai dans la tête, dans le cœur et sur la langue (textuel). Aussi, en arrivant le soir dans une métairie, et m’asseyant au coin du feu, au milieu de la famille du métayer, je leur réciterai quelques-unes des choses que vous venez d’entendre ; et si je leur montre ma cargaison de brochures de l’évêché, ce sera surtout pour leur recommander de ne jamais acheter de pareilles drogues, ou pour leur en lire, en les commentant, quelques passages, qui les dégouteront à jamais de la propagande des blancs et des noirs ; et, maintenant, citoyen, que dites-vous de mon projet ? »
– Ce que j’en dis – m’écriai-je, touché de tant de dévouement –, je dis que vous pouvez ainsi rendre d’immenses services à notre cause.
– Bien vrai, citoyen ! Alors vous me donnez bon courage et bon espoir. Adieu ; je viendrai vous rendre compte de ma première tournée.
Petit-Jean, fidèle à ses projets, parcourut notre département, s’attachant avec une parfaite sagacité à visiter les localités éloignées des centres de population ; centres où du moins le rapprochement, le frottement des hommes entre eux, quel que soit leur degré d’instruction, les rend plus ouverts aux communications de la pensée, et plus aptes à percevoir le juste et le vrai.
La propagande de Petit-Jean eut le succès qu’il en attendait ainsi que moi. Je le voyais de temps à autre, après ses tournées ; je lui prêtais quelques bons livres d’histoire : il aimait passionnément à s’instruire ; c’était un esprit prompt, droit, singulièrement perspicace ; un cœur honnête et chaleureux ; Petit-Jean, d’une figure douce et pâle ; très-petit et très-chétif d’ailleurs, puisait dans l’énergie de ses convictions la force de parcourir de l’aube au soir nos pays, ployant sous le fardeau de sa lourde balle, remplie de livres de l’évêché, son passeport, comme il disait finement.
Donc, ce Sylvain et son ami Petit-Jean cheminaient vers minuit et au milieu des ténèbres à travers les bois de Mareuil ; au moment où ils s’engageaient sous une haute futaie complètement obscure, Petit-Jean s’arrêta, et dit à Sylvain :
– Avant d’aller plus loin es-tu bien décidé ?