Author: | Madame de la Fayette | ISBN: | 1230002308722 |
Publisher: | R.B | Publication: | May 6, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Madame de la Fayette |
ISBN: | 1230002308722 |
Publisher: | R.B |
Publication: | May 6, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait :
MADEMOISELLE de Strozzi, fille du maréchal, et proche parente de Catherine de Médicis, épousa, la première année de la régence de cette reine, le comte de Tende, de la maison de Savoie, riche, bien fait, le seigneur de la cour qui vivait avec le plus d’éclat, et plus propre à se faire estimer qu’à plaire. Sa femme, néanmoins, l’aima d’abord avec passion. Elle était fort jeune ; il ne la regarda que comme un enfant, et il fut bientôt amoureux d’une autre. La comtesse de Tende, vive, et d’une race italienne, devint jalouse ; elle ne se donnait point de repos ; elle n’en laissait point à son mari ; il évita sa présence, et ne vécut plus avec elle comme l’on vit avec sa femme.
La beauté de la comtesse augmenta ; elle fit paraître beaucoup d’esprit ; le monde la regarda avec admiration ; elle fut occupée d’elle-même, et guérit insensiblement de sa jalousie et de sa passion.
Elle devint l’amie intime de la princesse de Neufchâtel, jeune, belle, et veuve du prince de ce nom, qui lui avait laissé, en mourant, cette souveraineté, qui la rendait le parti de la cour le plus élevé et le plus brillant.
Le chevalier de Navarre, descendu des anciens souverains de ce royaume, était aussi alors jeune, beau, plein d’esprit et d’élévation ; mais la fortune ne lui avait donné d’autre bien que la naissance. Il jeta les yeux sur la princesse de Neufchâtel, dont il connaissait l’esprit, comme sur une personne capable d’un attachement violent, et propre à faire la fortune d’un homme comme lui. Dans cette vue, il s’attacha à elle, sans en être amoureux, et attira son inclination : il en fut souffert ; mais il se trouva encore bien éloigné du succès qu’il désirait. Son dessein était ignoré de tout le monde : un seul de ses amis en avait la confidence, et cet ami était aussi intime ami du comte de Tende : il fit consentir le chevalier de Navarre à confier son secret au comte, dans la vue qu’il l’obligerait à le servir auprès de la princesse de Neufchâtel.
Extrait :
MADEMOISELLE de Strozzi, fille du maréchal, et proche parente de Catherine de Médicis, épousa, la première année de la régence de cette reine, le comte de Tende, de la maison de Savoie, riche, bien fait, le seigneur de la cour qui vivait avec le plus d’éclat, et plus propre à se faire estimer qu’à plaire. Sa femme, néanmoins, l’aima d’abord avec passion. Elle était fort jeune ; il ne la regarda que comme un enfant, et il fut bientôt amoureux d’une autre. La comtesse de Tende, vive, et d’une race italienne, devint jalouse ; elle ne se donnait point de repos ; elle n’en laissait point à son mari ; il évita sa présence, et ne vécut plus avec elle comme l’on vit avec sa femme.
La beauté de la comtesse augmenta ; elle fit paraître beaucoup d’esprit ; le monde la regarda avec admiration ; elle fut occupée d’elle-même, et guérit insensiblement de sa jalousie et de sa passion.
Elle devint l’amie intime de la princesse de Neufchâtel, jeune, belle, et veuve du prince de ce nom, qui lui avait laissé, en mourant, cette souveraineté, qui la rendait le parti de la cour le plus élevé et le plus brillant.
Le chevalier de Navarre, descendu des anciens souverains de ce royaume, était aussi alors jeune, beau, plein d’esprit et d’élévation ; mais la fortune ne lui avait donné d’autre bien que la naissance. Il jeta les yeux sur la princesse de Neufchâtel, dont il connaissait l’esprit, comme sur une personne capable d’un attachement violent, et propre à faire la fortune d’un homme comme lui. Dans cette vue, il s’attacha à elle, sans en être amoureux, et attira son inclination : il en fut souffert ; mais il se trouva encore bien éloigné du succès qu’il désirait. Son dessein était ignoré de tout le monde : un seul de ses amis en avait la confidence, et cet ami était aussi intime ami du comte de Tende : il fit consentir le chevalier de Navarre à confier son secret au comte, dans la vue qu’il l’obligerait à le servir auprès de la princesse de Neufchâtel.