Author: | EUGÈNE SUE | ISBN: | 1230002412962 |
Publisher: | Jwarlal | Publication: | July 6, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | EUGÈNE SUE |
ISBN: | 1230002412962 |
Publisher: | Jwarlal |
Publication: | July 6, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait de premier tome de ce classique populaire de EUGÈNE SUE :
Vers la fin de la guerre d'Espagne, je me trouvais à Chiclana, charmant village peu éloigné de Cadix, et renommé par l'efficacité de ses sources minérales;—on m'avait conseillé ces eaux pour parfaire la guérison d'une blessure assez dangereuse, et mon excellent hôte don Andrès d'Arhan, en m'entourant de tous les soins attentifs d'une amitié délicate, me rendait presque ingrat envers la France, car en vérité, j'avais honte de me trouver aussi heureux au fond de l'Andalousie.
On jugera de l'esprit et de l'âme de don Andrès, quand on saura que lui témoignant un jour toute ma reconnaissance pour sa sollicitude si bienveillante et si paternelle; je lui demandais pourtant ce qui me l'avait gagnée?—Il ne me répondit que ces mots:—J'ai un fils de votre âge qui voyage en France.....
Et l'on me pardonnera ces détails tous personnels, si l'on songe que le seul bonheur pur et vrai, que goûte peut-être l'écrivain, est le plaisir de retracer le nom d'un ami,—une date précieuse pour son cœur,—un doux souvenir,—dans l'espoir presque toujours insensé—qu'après lui, ce nom, cette date, ce souvenir, vivront encore un peu.
Un soir donc, un beau soir d'été, assis sous un magnifique berceau d'orangers, fumant de légitimes cigares réales, buvant à petits coups une délicieuse agria glacée, nous étions don Andrès, moi et quelques amis, plongés dans une extase silencieuse, jouissant de la fraîcheur de la nuit, du parfum des orangers, et de cet état de torpeur si inappréciable dans les pays chauds.
Lorsque tout à coup, des castagnettes résonnent; une guitare prélude et une voix jeune, suave, mais un peu traînante se met à chanter un boléro... puis deux, puis trois... enfin une espèce de frénésie musicale et chantante semble s'emparer de l'invisible Orphée: les airs, les paroles se pressent, se succèdent avec une merveilleuse rapidité, et finissent par devenir presque inintelligibles.
—Dieu me sauve, c'est la Juana,—dit don Andrès.
La Juana était une paysanne dont le père était fermier de don Andrès;—une belle jeune fille, brune, grande, svelte, véritable type d'Andalousie.
—Holà, Juana!—appela don Andrès.
A la voix du maître,—la Juana se tut, et bientôt nous la vîmes arriver avec ses deux sœurs aussi fort jolies et vêtues comme la Juana de la Saïa—avec des fleurs naturelles dans leurs cheveux noirs, et chaussées de satin,—car en Espagne tout le monde est chaussé de satin.
Extrait de premier tome de ce classique populaire de EUGÈNE SUE :
Vers la fin de la guerre d'Espagne, je me trouvais à Chiclana, charmant village peu éloigné de Cadix, et renommé par l'efficacité de ses sources minérales;—on m'avait conseillé ces eaux pour parfaire la guérison d'une blessure assez dangereuse, et mon excellent hôte don Andrès d'Arhan, en m'entourant de tous les soins attentifs d'une amitié délicate, me rendait presque ingrat envers la France, car en vérité, j'avais honte de me trouver aussi heureux au fond de l'Andalousie.
On jugera de l'esprit et de l'âme de don Andrès, quand on saura que lui témoignant un jour toute ma reconnaissance pour sa sollicitude si bienveillante et si paternelle; je lui demandais pourtant ce qui me l'avait gagnée?—Il ne me répondit que ces mots:—J'ai un fils de votre âge qui voyage en France.....
Et l'on me pardonnera ces détails tous personnels, si l'on songe que le seul bonheur pur et vrai, que goûte peut-être l'écrivain, est le plaisir de retracer le nom d'un ami,—une date précieuse pour son cœur,—un doux souvenir,—dans l'espoir presque toujours insensé—qu'après lui, ce nom, cette date, ce souvenir, vivront encore un peu.
Un soir donc, un beau soir d'été, assis sous un magnifique berceau d'orangers, fumant de légitimes cigares réales, buvant à petits coups une délicieuse agria glacée, nous étions don Andrès, moi et quelques amis, plongés dans une extase silencieuse, jouissant de la fraîcheur de la nuit, du parfum des orangers, et de cet état de torpeur si inappréciable dans les pays chauds.
Lorsque tout à coup, des castagnettes résonnent; une guitare prélude et une voix jeune, suave, mais un peu traînante se met à chanter un boléro... puis deux, puis trois... enfin une espèce de frénésie musicale et chantante semble s'emparer de l'invisible Orphée: les airs, les paroles se pressent, se succèdent avec une merveilleuse rapidité, et finissent par devenir presque inintelligibles.
—Dieu me sauve, c'est la Juana,—dit don Andrès.
La Juana était une paysanne dont le père était fermier de don Andrès;—une belle jeune fille, brune, grande, svelte, véritable type d'Andalousie.
—Holà, Juana!—appela don Andrès.
A la voix du maître,—la Juana se tut, et bientôt nous la vîmes arriver avec ses deux sœurs aussi fort jolies et vêtues comme la Juana de la Saïa—avec des fleurs naturelles dans leurs cheveux noirs, et chaussées de satin,—car en Espagne tout le monde est chaussé de satin.