La fille de Dosia

( Edition intégrale )

Fiction & Literature, Classics, Literary, Romance, Contemporary
Cover of the book La fille de Dosia by Henry Gréville, Paris, E. Plon, Nourrit et cie 1887
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Author: Henry Gréville ISBN: 1230002156705
Publisher: Paris, E. Plon, Nourrit et cie 1887 Publication: February 13, 2018
Imprint: Language: French
Author: Henry Gréville
ISBN: 1230002156705
Publisher: Paris, E. Plon, Nourrit et cie 1887
Publication: February 13, 2018
Imprint:
Language: French

C'était au camp de Krasnoé-Sélo, à quelques kilomètres de Pétersbourg.

On finissait de dîner au mess des gardes à cheval. Les jeunes officiers avaient célébré la fête de l'un d'entre eux, et la société était montée à ce joyeux diapason qui suit les bons repas.

La dernière tournée de vin de Champagne circulait autour de la table. La tente du mess, relevée d'un côté, laissait entrer les derniers rayons d'un beau soleil de juin: il pouvait être neuf heures du soir, la poussière, soulevée tout le jour par les pieds des chevaux et de l'infanterie, redescendait lentement sur la terre faisant un nimbe d'or au camp tout entier.

Vers le petit théâtre d'été, où la jeunesse se désennuie de son exil militaire, roulaient de nombreuses calèches, emportant les officiers mariés avec leurs femmes; les petits drochkis, égoïstes, étroits comme un fourreau d'épée, sur lesquels perche un jeune officier,--voiturant le plus souvent un camarade sur ses genoux, faute de place pour l'asseoir à son côté,--prenaient les devants et déposaient leur fardeau sur le perron de la salle de spectacle.

Cette joyeuse file d'équipages roulait incessamment de l'autre côté de la place; mais la représentation de ce soir-là ne devait pas être embellie par les casquettes blanches à liséré rouge: MM. les gardes à cheval avaient décidé de clore la soirée au mess. On y était si bien! De larges potiches de Chine ventrues laissaient échapper des bouquets en feu d'artifice; des pyramides de fruits s'entassaient dans les coupes de cristal; les tambours étaient copieusement garnis de bonbons, et de fruits confits,--tout officier de dix-huit ans est doublé d'un bébé, amateur de friandises;--de grands massifs d'arbustes à la sombre verdure cachaient les pieux qui soutenaient la tente...; bref, ces jeunes gens, dont beaucoup étaient millionnaires, s'étaient arrangés pour trouver tous les jours au camp un écho de leur riche intérieur citadin, et ils y avaient réussi. D'ailleurs quand pour un dîner d'amis on se cotise à deux cents francs par tête, c'est bien le moins qu'on dîne confortablement.

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C'était au camp de Krasnoé-Sélo, à quelques kilomètres de Pétersbourg.

On finissait de dîner au mess des gardes à cheval. Les jeunes officiers avaient célébré la fête de l'un d'entre eux, et la société était montée à ce joyeux diapason qui suit les bons repas.

La dernière tournée de vin de Champagne circulait autour de la table. La tente du mess, relevée d'un côté, laissait entrer les derniers rayons d'un beau soleil de juin: il pouvait être neuf heures du soir, la poussière, soulevée tout le jour par les pieds des chevaux et de l'infanterie, redescendait lentement sur la terre faisant un nimbe d'or au camp tout entier.

Vers le petit théâtre d'été, où la jeunesse se désennuie de son exil militaire, roulaient de nombreuses calèches, emportant les officiers mariés avec leurs femmes; les petits drochkis, égoïstes, étroits comme un fourreau d'épée, sur lesquels perche un jeune officier,--voiturant le plus souvent un camarade sur ses genoux, faute de place pour l'asseoir à son côté,--prenaient les devants et déposaient leur fardeau sur le perron de la salle de spectacle.

Cette joyeuse file d'équipages roulait incessamment de l'autre côté de la place; mais la représentation de ce soir-là ne devait pas être embellie par les casquettes blanches à liséré rouge: MM. les gardes à cheval avaient décidé de clore la soirée au mess. On y était si bien! De larges potiches de Chine ventrues laissaient échapper des bouquets en feu d'artifice; des pyramides de fruits s'entassaient dans les coupes de cristal; les tambours étaient copieusement garnis de bonbons, et de fruits confits,--tout officier de dix-huit ans est doublé d'un bébé, amateur de friandises;--de grands massifs d'arbustes à la sombre verdure cachaient les pieux qui soutenaient la tente...; bref, ces jeunes gens, dont beaucoup étaient millionnaires, s'étaient arrangés pour trouver tous les jours au camp un écho de leur riche intérieur citadin, et ils y avaient réussi. D'ailleurs quand pour un dîner d'amis on se cotise à deux cents francs par tête, c'est bien le moins qu'on dîne confortablement.

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