La Fin du monde

Fiction & Literature, Classics, Historical
Cover of the book La Fin du monde by Camille Flammarion, Camille Flammarion
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Author: Camille Flammarion ISBN: 1230001384130
Publisher: Camille Flammarion Publication: October 13, 2016
Imprint: Language: French
Author: Camille Flammarion
ISBN: 1230001384130
Publisher: Camille Flammarion
Publication: October 13, 2016
Imprint:
Language: French

EXTRAIT:

I. La menace céleste

Impiaque aeternam timuerunt saecula noctem.
Virgile, Géorgiques, I, 468.

Le magnifique pont de marbre qui relie la rue de Rennes à la rue du Louvre et qui, bordé par les statues des savants et des philosophes célèbres, dessine une avenue monumentale conduisant au nouveau portique de l’Institut, était absolument noir de monde. Une foule houleuse roulait, plutôt qu’elle ne marchait, le long des quais, débordant de toutes les rues et se pressant vers le portique envahi depuis longtemps par un flot tumultueux. Jamais, autrefois, avant la constitution des États-Unis d’Europe, à l’époque barbare où la force primait le droit, où le militarisme gouvernait l’humanité et où l’infamie de la guerre broyait sans arrêt l’immense bêtise humaine, jamais, dans les grandes émeutes révolutionnaires ou dans les jours de fièvre qui marquaient les déclarations de guerre, jamais les abords de la Chambre des représentants du peuple ni la place de la Concorde n’avaient présenté pareil spectacle. Ce n’étaient plus des groupes de fanatiques réunis autour d’un drapeau, marchant à quelque conquête du glaive, suivis de bandes de curieux et de désœuvrés « allant voir ce qui se passerait » ; c’était la population tout entière, inquiète, agitée, terrifiée, indistinctement composée de toutes les classes de la société, suspendue à la décision d’un oracle, attendant fiévreusement le résultat du calcul qu’un astronome célèbre devait faire connaître ce lundi là, à trois heures, à la séance de l’Académie des sciences. À travers la transformation politique et sociale des hommes et des choses, l’Institut de France durait toujours, tenant encore en Europe la palme des sciences, des lettres et des arts. Le centre de la civilisation s’était toutefois déplacé, et le foyer du progrès brillait alors dans l’Amérique du Nord, sur les bords du lac Michigan.

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EXTRAIT:

I. La menace céleste

Impiaque aeternam timuerunt saecula noctem.
Virgile, Géorgiques, I, 468.

Le magnifique pont de marbre qui relie la rue de Rennes à la rue du Louvre et qui, bordé par les statues des savants et des philosophes célèbres, dessine une avenue monumentale conduisant au nouveau portique de l’Institut, était absolument noir de monde. Une foule houleuse roulait, plutôt qu’elle ne marchait, le long des quais, débordant de toutes les rues et se pressant vers le portique envahi depuis longtemps par un flot tumultueux. Jamais, autrefois, avant la constitution des États-Unis d’Europe, à l’époque barbare où la force primait le droit, où le militarisme gouvernait l’humanité et où l’infamie de la guerre broyait sans arrêt l’immense bêtise humaine, jamais, dans les grandes émeutes révolutionnaires ou dans les jours de fièvre qui marquaient les déclarations de guerre, jamais les abords de la Chambre des représentants du peuple ni la place de la Concorde n’avaient présenté pareil spectacle. Ce n’étaient plus des groupes de fanatiques réunis autour d’un drapeau, marchant à quelque conquête du glaive, suivis de bandes de curieux et de désœuvrés « allant voir ce qui se passerait » ; c’était la population tout entière, inquiète, agitée, terrifiée, indistinctement composée de toutes les classes de la société, suspendue à la décision d’un oracle, attendant fiévreusement le résultat du calcul qu’un astronome célèbre devait faire connaître ce lundi là, à trois heures, à la séance de l’Académie des sciences. À travers la transformation politique et sociale des hommes et des choses, l’Institut de France durait toujours, tenant encore en Europe la palme des sciences, des lettres et des arts. Le centre de la civilisation s’était toutefois déplacé, et le foyer du progrès brillait alors dans l’Amérique du Nord, sur les bords du lac Michigan.

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