Author: | Gabriel Ferry | ISBN: | 1230001317596 |
Publisher: | Gabriel Ferry | Publication: | August 21, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Gabriel Ferry |
ISBN: | 1230001317596 |
Publisher: | Gabriel Ferry |
Publication: | August 21, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
EXTRAIT:
La lutte inégale qui depuis plus d’une année se continue entre le Mexique et les États-Unis peut être envisagée sous deux faces distinctes, selon que l’attention se porte sur les conséquences et l’issue probable de la guerre, ou sur les épisodes, les tableaux étranges qu’elle déroule à nos yeux. Quand on a pu observer de près les deux nations belligérantes, quand on a vécu en quelque sorte dans leur intimité, il est difficile de ne pas tenir compte de ce double aspect des événemens : d’un côté, l’impression produite par le simple récit des faits se complète et se fortifie par les souvenirs ; de l’autre, le rôle de plus en plus considérable que les États-Unis sont appelés à jouer dans les destinées du Nouveau-Monde ouvre à l’esprit une vaste perspective. On se transporte en idée au milieu des deux armées, on les voit en présence, l’une rachetant par une énergie à toute épreuve le désavantage d’une organisation vicieuse, l’autre décimée par les discordes civiles et livrée au plus affreux dénuement, fléau du pays en temps de paix, appui insuffisant en temps de guerre. Ce contraste même, qui d’avance indique l’issue de la lutte, ramène la pensée sur les intérêts de l’Europe, plus engagés qu’on ne parait le croire dans les questions débattues entre les deux armées. Déjà l’Angleterre s’en est émue : dans la puissance envahissante et victorieuse qui grandit de l’autre côté de l’Atlantique, elle voit de plus en plus une rivale redoutable qui la presse chaque jour davantage ; elle n’oublie pas qu’au maintien de la république mexicaine est liée une question d’un intérêt plus direct pour les principaux états de l’ancien continent : le maintien de leur propre influence dans cette partie du Nouveau-Monde, la seule capable de rendre à l’Europe en métaux précieux la valeur tout entière des importations qu’elle en reçoit [1]. La France jusqu’à ce jour n’a point paru partager ces inquiétudes, elle s’est médiocrement préoccupée des progrès de l’Amérique du Nord. Le récit des événemens qui se sont passés au Mexique depuis un an montrera si nous avons tort ou raison dans notre indifférence.
[1] Si l’on considère que les mines du Mexique ont produit, depuis la mise en exploitation par les Espagnols, quatorze milliards huit cent treize millions, on comprend de quelle importance est pour l’Europe ce pays si exceptionnellement riche en matières précieuses.
EXTRAIT:
La lutte inégale qui depuis plus d’une année se continue entre le Mexique et les États-Unis peut être envisagée sous deux faces distinctes, selon que l’attention se porte sur les conséquences et l’issue probable de la guerre, ou sur les épisodes, les tableaux étranges qu’elle déroule à nos yeux. Quand on a pu observer de près les deux nations belligérantes, quand on a vécu en quelque sorte dans leur intimité, il est difficile de ne pas tenir compte de ce double aspect des événemens : d’un côté, l’impression produite par le simple récit des faits se complète et se fortifie par les souvenirs ; de l’autre, le rôle de plus en plus considérable que les États-Unis sont appelés à jouer dans les destinées du Nouveau-Monde ouvre à l’esprit une vaste perspective. On se transporte en idée au milieu des deux armées, on les voit en présence, l’une rachetant par une énergie à toute épreuve le désavantage d’une organisation vicieuse, l’autre décimée par les discordes civiles et livrée au plus affreux dénuement, fléau du pays en temps de paix, appui insuffisant en temps de guerre. Ce contraste même, qui d’avance indique l’issue de la lutte, ramène la pensée sur les intérêts de l’Europe, plus engagés qu’on ne parait le croire dans les questions débattues entre les deux armées. Déjà l’Angleterre s’en est émue : dans la puissance envahissante et victorieuse qui grandit de l’autre côté de l’Atlantique, elle voit de plus en plus une rivale redoutable qui la presse chaque jour davantage ; elle n’oublie pas qu’au maintien de la république mexicaine est liée une question d’un intérêt plus direct pour les principaux états de l’ancien continent : le maintien de leur propre influence dans cette partie du Nouveau-Monde, la seule capable de rendre à l’Europe en métaux précieux la valeur tout entière des importations qu’elle en reçoit [1]. La France jusqu’à ce jour n’a point paru partager ces inquiétudes, elle s’est médiocrement préoccupée des progrès de l’Amérique du Nord. Le récit des événemens qui se sont passés au Mexique depuis un an montrera si nous avons tort ou raison dans notre indifférence.
[1] Si l’on considère que les mines du Mexique ont produit, depuis la mise en exploitation par les Espagnols, quatorze milliards huit cent treize millions, on comprend de quelle importance est pour l’Europe ce pays si exceptionnellement riche en matières précieuses.