La Jangada

Fiction & Literature, Classics
Cover of the book La Jangada by Jules Verne, Go&Co
View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart
Author: Jules Verne ISBN: 1230000243622
Publisher: Go&Co Publication: May 31, 2014
Imprint: Language: French
Author: Jules Verne
ISBN: 1230000243622
Publisher: Go&Co
Publication: May 31, 2014
Imprint:
Language: French

La famille de Joam Garral descend l'Amazone sur un train de bois : La Jangada. Garral est accusé d'un meurtre , et la confession du réel coupable n'existe que sous la forme d'un cryptogramme...

EXTRAIT

L’homme qui tenait à la main le document, dont ce bizarre assemblage de lettres formait le dernier alinéa, resta quelques instants pensif, après l’avoir attentivement relu.

 

Le document comptait une centaine de ces lignes, qui n’étaient pas même divisées par mots. Il semblait avoir été écrit depuis des années, et, sur la feuille d’épais papier que couvraient ces hiéroglyphes, le temps avait déjà mis sa patine jaunâtre.

 

Mais, suivant quelle loi ces lettres avaient-elles été réunies ? Seul, cet homme eût pu le dire. En effet, il en est de ces langages chiffrés comme des serrures des coffres-forts modernes : ils se défendent de la même façon. Les combinaisons qu’ils présentent se comptent par milliards, et la vie d’un calculateur ne suffirait pas à les énoncer. Il faut le « mot » pour ouvrir le coffre de sûreté ; il faut le « chiffre » pour lire un cryptogramme de ce genre. Aussi, on le verra, celui-ci devait résister aux tentatives les plus ingénieuses, et cela, dans des circonstances de la plus haute gravité.

 

L’homme qui venait de relire ce document n’était qu’un simple capitaine des bois.

 

Au Brésil, on désigne sous cette appellation « capitães do mato », les agents employés à la recherche des nègres marrons.

 

C’est une institution qui date de 1722. À cette époque, les idées anti-esclavagistes ne s’étaient fait jour que dans l’esprit de quelques philanthropes. Plus d’un siècle devait se passer encore avant que les peuples civilisés les eussent admises et appliquées. Il semble, cependant, que ce soit un droit, le premier des droits naturels pour l’homme, que celui d’être libre, de s’appartenir, et, pourtant, des milliers d’années s’étaient écoulées avant que la généreuse pensée vînt à quelques nations d’oser le proclamer.

 

En 1852, – année dans laquelle va se dérouler cette histoire, – il y avait encore des esclaves au Brésil, et, conséquemment, des capitaines des bois pour leur donner la chasse. Certaines raisons d’économie politique avaient retardé l’heure de l’émancipation générale ; mais, déjà, le noir avait le droit de se racheter, déjà les enfants qui naissaient de lui naissaient libres. Le jour n’était donc plus éloigné où ce magnifique pays, dans lequel tiendraient les trois quarts de l’Europe, ne compterait plus un seul esclave parmi ses dix millions d’habitants.

 

En réalité, la fonction de capitaine des bois était destinée à disparaître dans un temps prochain, et, à cette époque, les bénéfices produits par la capture des fugitifs étaient sensiblement diminués. Or, si, pendant la longue période où les profits du métier furent assez rémunérateurs, les capitaines des bois formaient un monde d’aventuriers, le plus ordinairement composé d’affranchis, de déserteurs, qui méritaient peu d’estime, il va de soi qu’à l’heure actuelle ces chasseurs d’esclaves ne devaient plus appartenir qu’au rebut de la société, et, très probablement, l’homme au document ne déparait pas la peu recommandable milice des « capitães do mato ».

Ce Torrès, – ainsi se nommait-il, – n’était ni un métis, ni un Indien, ni un noir, comme la plupart de ses camarades : 

View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart

La famille de Joam Garral descend l'Amazone sur un train de bois : La Jangada. Garral est accusé d'un meurtre , et la confession du réel coupable n'existe que sous la forme d'un cryptogramme...

EXTRAIT

L’homme qui tenait à la main le document, dont ce bizarre assemblage de lettres formait le dernier alinéa, resta quelques instants pensif, après l’avoir attentivement relu.

 

Le document comptait une centaine de ces lignes, qui n’étaient pas même divisées par mots. Il semblait avoir été écrit depuis des années, et, sur la feuille d’épais papier que couvraient ces hiéroglyphes, le temps avait déjà mis sa patine jaunâtre.

 

Mais, suivant quelle loi ces lettres avaient-elles été réunies ? Seul, cet homme eût pu le dire. En effet, il en est de ces langages chiffrés comme des serrures des coffres-forts modernes : ils se défendent de la même façon. Les combinaisons qu’ils présentent se comptent par milliards, et la vie d’un calculateur ne suffirait pas à les énoncer. Il faut le « mot » pour ouvrir le coffre de sûreté ; il faut le « chiffre » pour lire un cryptogramme de ce genre. Aussi, on le verra, celui-ci devait résister aux tentatives les plus ingénieuses, et cela, dans des circonstances de la plus haute gravité.

 

L’homme qui venait de relire ce document n’était qu’un simple capitaine des bois.

 

Au Brésil, on désigne sous cette appellation « capitães do mato », les agents employés à la recherche des nègres marrons.

 

C’est une institution qui date de 1722. À cette époque, les idées anti-esclavagistes ne s’étaient fait jour que dans l’esprit de quelques philanthropes. Plus d’un siècle devait se passer encore avant que les peuples civilisés les eussent admises et appliquées. Il semble, cependant, que ce soit un droit, le premier des droits naturels pour l’homme, que celui d’être libre, de s’appartenir, et, pourtant, des milliers d’années s’étaient écoulées avant que la généreuse pensée vînt à quelques nations d’oser le proclamer.

 

En 1852, – année dans laquelle va se dérouler cette histoire, – il y avait encore des esclaves au Brésil, et, conséquemment, des capitaines des bois pour leur donner la chasse. Certaines raisons d’économie politique avaient retardé l’heure de l’émancipation générale ; mais, déjà, le noir avait le droit de se racheter, déjà les enfants qui naissaient de lui naissaient libres. Le jour n’était donc plus éloigné où ce magnifique pays, dans lequel tiendraient les trois quarts de l’Europe, ne compterait plus un seul esclave parmi ses dix millions d’habitants.

 

En réalité, la fonction de capitaine des bois était destinée à disparaître dans un temps prochain, et, à cette époque, les bénéfices produits par la capture des fugitifs étaient sensiblement diminués. Or, si, pendant la longue période où les profits du métier furent assez rémunérateurs, les capitaines des bois formaient un monde d’aventuriers, le plus ordinairement composé d’affranchis, de déserteurs, qui méritaient peu d’estime, il va de soi qu’à l’heure actuelle ces chasseurs d’esclaves ne devaient plus appartenir qu’au rebut de la société, et, très probablement, l’homme au document ne déparait pas la peu recommandable milice des « capitães do mato ».

Ce Torrès, – ainsi se nommait-il, – n’était ni un métis, ni un Indien, ni un noir, comme la plupart de ses camarades : 

More books from Classics

Cover of the book Anecdotes of the late Samuel Johnson, LL.D. by Jules Verne
Cover of the book Театральный роман by Jules Verne
Cover of the book Évenor et Leucippe (Intégrale, Les 3 Tomes) by Jules Verne
Cover of the book The Life and Death of Cormac the Skald by Jules Verne
Cover of the book The Advance Of Science In The Last Half-Century by Jules Verne
Cover of the book Obras de José Cadalso by Jules Verne
Cover of the book Pater Brown - Das Paradies der Diebe by Jules Verne
Cover of the book La promenade au phare by Jules Verne
Cover of the book Kept in the Dark by Jules Verne
Cover of the book Oeuvres de Edmond About by Jules Verne
Cover of the book A Light Man (1869) by Jules Verne
Cover of the book The Nuts of Knowledge by Jules Verne
Cover of the book Rudyard Kipling: The Jungle Book. First and Second Volume (English Edition) by Jules Verne
Cover of the book Monday or Tuesday by Jules Verne
Cover of the book The Notebook Of An English Opium-Eater by Jules Verne
We use our own "cookies" and third party cookies to improve services and to see statistical information. By using this website, you agree to our Privacy Policy