Author: | Pierre Alexis Ponson du Terrail | ISBN: | 1230003272725 |
Publisher: | Paris : E. Dentu, 1865 - 1868 | Publication: | June 11, 2019 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Pierre Alexis Ponson du Terrail |
ISBN: | 1230003272725 |
Publisher: | Paris : E. Dentu, 1865 - 1868 |
Publication: | June 11, 2019 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait: Ce jour-là, le roi Charles IX avait chassé à Saint-Germain.
Le roi avait couru un louvard, et Sa Majesté, qui était réellement passionnée pour la vénerie, s’était donné le plaisir d’arracher la malheureuse bête aux abois du supplice qui l’attendait en lui campant une balle en plein travers juste au moment où la meute la coiffait et se disposait à la mettre en pièces toute vivante.
Le loup forcé et tué, le roi s’était aperçu qu’il n’était guère que midi.
— Messieurs, avait-il dit à sa suite, il me semble que nous aurions bien le temps de chasser au chevreuil. Qu’en pensez-vous, Pibrac ?
— Je suis de l’avis de Votre Majesté, Sire.
— Et vous, monsieur de Coarasse ?
Henri et Noë étaient de la suite du roi, qui les avait conviés, on s’en souvient, par l’intermédiaire de M. de Pibrac.
— Mais, Sire, répondit le prince, si Votre Majesté veut chasser un chevreuil avec ces jolis chiens bassets que j’ai vus ce matin dans la cour du château de Saint-Germain, nous aurons un plaisir sans pareil.
— Vous croyez ?
— J’en suis sûr.
— Eh bien, dit Charles IX, Pibrac, mon ami, envoyez chercher les bassets…
Et, tandis que M. de Pibrac piquait des deux pour ramener l’équipage de bassets au plus vite, le roi ajouta :
— En vérité, ma sœur Margot, qui cependant aime beaucoup la chasse, a eu bien tort de n’être pas des nôtres aujourd’hui. Qu’en pensez-vous, monsieur de Coarasse ? Le temps est superbe.
— En effet, Sire.
— Et Margot se fût beaucoup amusée, acheva le roi, qui jeta un regard malin au jeune prince.
Henri soutint ce regard et demeura impassible,
— Est-ce que Son Altesse aurait été indisposée ce matin ? demanda-t-il.
— Margot avait la migraine.
— Un vilain mal, Sire.
— Vous croyez, monsieur de Coarasse ?
— Je l’ai ouï dire, du moins.
Le roi haussa les épaules :
— Les femmes ont toujours la migraine lorsqu’elle s ne veulent pas faire telle ou telle chose. Je gage que si ma sœur Margot avait su que vous chassiez avec moi…
Cette fois Henri ne put s’empêcher de rougir.
— Elle serait venue…
—Ah ! Sire, quelle plaisanterie !
Le roi comprit qu’il était allé un peu loin et mettait le jeune homme dans un bien grand embarras.
— Mon Dieu ! dit-il, je ne plaisante pas du tout. Depuis que Marguerite sait qu’elle doit épouser le prince de Navarre, elle court après tous les Béarnais qu’elle rencontre, espérant toujours qu’il s’en trouvera un qui lui pourra faire le portrait de son futur époux.
Extrait: Ce jour-là, le roi Charles IX avait chassé à Saint-Germain.
Le roi avait couru un louvard, et Sa Majesté, qui était réellement passionnée pour la vénerie, s’était donné le plaisir d’arracher la malheureuse bête aux abois du supplice qui l’attendait en lui campant une balle en plein travers juste au moment où la meute la coiffait et se disposait à la mettre en pièces toute vivante.
Le loup forcé et tué, le roi s’était aperçu qu’il n’était guère que midi.
— Messieurs, avait-il dit à sa suite, il me semble que nous aurions bien le temps de chasser au chevreuil. Qu’en pensez-vous, Pibrac ?
— Je suis de l’avis de Votre Majesté, Sire.
— Et vous, monsieur de Coarasse ?
Henri et Noë étaient de la suite du roi, qui les avait conviés, on s’en souvient, par l’intermédiaire de M. de Pibrac.
— Mais, Sire, répondit le prince, si Votre Majesté veut chasser un chevreuil avec ces jolis chiens bassets que j’ai vus ce matin dans la cour du château de Saint-Germain, nous aurons un plaisir sans pareil.
— Vous croyez ?
— J’en suis sûr.
— Eh bien, dit Charles IX, Pibrac, mon ami, envoyez chercher les bassets…
Et, tandis que M. de Pibrac piquait des deux pour ramener l’équipage de bassets au plus vite, le roi ajouta :
— En vérité, ma sœur Margot, qui cependant aime beaucoup la chasse, a eu bien tort de n’être pas des nôtres aujourd’hui. Qu’en pensez-vous, monsieur de Coarasse ? Le temps est superbe.
— En effet, Sire.
— Et Margot se fût beaucoup amusée, acheva le roi, qui jeta un regard malin au jeune prince.
Henri soutint ce regard et demeura impassible,
— Est-ce que Son Altesse aurait été indisposée ce matin ? demanda-t-il.
— Margot avait la migraine.
— Un vilain mal, Sire.
— Vous croyez, monsieur de Coarasse ?
— Je l’ai ouï dire, du moins.
Le roi haussa les épaules :
— Les femmes ont toujours la migraine lorsqu’elle s ne veulent pas faire telle ou telle chose. Je gage que si ma sœur Margot avait su que vous chassiez avec moi…
Cette fois Henri ne put s’empêcher de rougir.
— Elle serait venue…
—Ah ! Sire, quelle plaisanterie !
Le roi comprit qu’il était allé un peu loin et mettait le jeune homme dans un bien grand embarras.
— Mon Dieu ! dit-il, je ne plaisante pas du tout. Depuis que Marguerite sait qu’elle doit épouser le prince de Navarre, elle court après tous les Béarnais qu’elle rencontre, espérant toujours qu’il s’en trouvera un qui lui pourra faire le portrait de son futur époux.