Sabadil, un jeune paysan de Solisko, était sorti dans la forêt pour entendre le chant des oiseaux. Lorsqu'il était tout petit, déjà il abandonnait ses jouets, il quittait son chariot et ses chevaux de bois dès qu'un oiseau gazouillait dans le feuillage. Plus tard il avait tendu des pièges et des lacs dans tous les bocages; toute l'année retentissaient des chants, des sifflements et des soupirs mélodieux dans la chaumière qu'habitaient les parents de Sabadil. Un édit avait été proclamé par la suite. Il était sévèrement interdit de s'emparer d'aucun oiseau chanteur. Sabadil, alors, alla se promener au loin dans la campagne, pour les entendre. Il s'y rendait chaque jour, après avoir terminé son ouvrage; et, le dimanche après midi, il ne manquait jamais d'errer deux ou trois heures dans la forêt, dont les chênes puissants, les hêtres et les bouleaux frêles s'étendaient entre les villages de Solisko, de Brebaki et de Fargowiza-polna. Les gens s'étonnaient de ne pas voir Sabadil à l'auberge, ou, comme il était garçon, de ne pas le voir se rendre derrière l'église, sur la plate-forme où la jeunesse dansait, les jours de fête, pendant que le vieux prêtre envoyait sa bénédiction du haut de sa chaire sur les fidèles et que l'orgue grondait sourdement en une longue plainte. Sabadil ne s'inquiétait pas de ce qu'on pouvait penser de lui. Oh non! pas ça. Lui-même était surpris quelquefois de cette force irrésistible qui l'entraînait depuis si longtemps dans la solitude, sous les grands arbres. Il y allait comme à une fête; ses hautes bottes luisaient au soleil, son pantalon de fin drap bleu formait de larges plis, s'arrêtant au-dessous du genou; sa blouse du même tissu, fort courte, était serrée par une belle ceinture de cuir qui lui servait à la fois de bourse et de blague à tabac, et où étaient suspendus son couteau, son briquet et sa pipe. Sur son bonnet d'agneau blanc se balançaient deux superbes plumes de paon. Sabadil s'était arrêté au sortir du village. Il avait cru entendre le gazouillement suave d'une fauvette dans une grosse touffe de lilas en fleurs. Puis il avait pris à travers champs. On avait récolté une grande partie des grains; mais le maïs était encore debout, dressant ses larges épis dont la teinte dorée rivalisait avec les cheveux des petits enfants du hameau; le seigle brunissait au soleil, et partout entre les sillons se trouvaient des alouettes prêtes à s'élever dans l'air en chantant. Sabadil les suivait des yeux lorsqu'elles s'envolaient, mais il devait bientôt ramener son regard à terre, tant le bleu du ciel était pur et éblouissant. Il n'y avait qu'un petit nuage au ciel, un léger flocon blanc et immobile comme un agneau qui se serait égaré de son troupeau et qui n'ose avancer tout seul. L'air était chaud et lourd. Le soleil éclairait la campagne, réchauffant ses teintes vives. Une source limpide, aux ondes vertes et écumeuses, descendait dans la vallée en sautillant, et près de cette source, au milieu d'un bouquet de bouleaux aux troncs satinés, se trouvait un petit moulin, qui, lui aussi, était en fête ce jour de dimanche. Sa roue séchait aux caresses de la brise. Ses volets étaient fermés. Pas un souffle n'agitait les branches des arbres fruitiers qui l'entouraient baignés de lumière. Tout à coup un rouge-gorge se mit à chanter dans un noisetier. Et comme Sabadil s'arrêtait et tendait l'oreille, absolument ravi, la gentille petite bête sautilla de feuille en feuille et contempla le paysan d'un oeil hardi, sans aucune frayeur. Plus loin, un pic frappant des coups sonores sur l'écorce d'un arbre. Ces battements troublaient le silence du dimanche d'une note étrange.
Sabadil, un jeune paysan de Solisko, était sorti dans la forêt pour entendre le chant des oiseaux. Lorsqu'il était tout petit, déjà il abandonnait ses jouets, il quittait son chariot et ses chevaux de bois dès qu'un oiseau gazouillait dans le feuillage. Plus tard il avait tendu des pièges et des lacs dans tous les bocages; toute l'année retentissaient des chants, des sifflements et des soupirs mélodieux dans la chaumière qu'habitaient les parents de Sabadil. Un édit avait été proclamé par la suite. Il était sévèrement interdit de s'emparer d'aucun oiseau chanteur. Sabadil, alors, alla se promener au loin dans la campagne, pour les entendre. Il s'y rendait chaque jour, après avoir terminé son ouvrage; et, le dimanche après midi, il ne manquait jamais d'errer deux ou trois heures dans la forêt, dont les chênes puissants, les hêtres et les bouleaux frêles s'étendaient entre les villages de Solisko, de Brebaki et de Fargowiza-polna. Les gens s'étonnaient de ne pas voir Sabadil à l'auberge, ou, comme il était garçon, de ne pas le voir se rendre derrière l'église, sur la plate-forme où la jeunesse dansait, les jours de fête, pendant que le vieux prêtre envoyait sa bénédiction du haut de sa chaire sur les fidèles et que l'orgue grondait sourdement en une longue plainte. Sabadil ne s'inquiétait pas de ce qu'on pouvait penser de lui. Oh non! pas ça. Lui-même était surpris quelquefois de cette force irrésistible qui l'entraînait depuis si longtemps dans la solitude, sous les grands arbres. Il y allait comme à une fête; ses hautes bottes luisaient au soleil, son pantalon de fin drap bleu formait de larges plis, s'arrêtant au-dessous du genou; sa blouse du même tissu, fort courte, était serrée par une belle ceinture de cuir qui lui servait à la fois de bourse et de blague à tabac, et où étaient suspendus son couteau, son briquet et sa pipe. Sur son bonnet d'agneau blanc se balançaient deux superbes plumes de paon. Sabadil s'était arrêté au sortir du village. Il avait cru entendre le gazouillement suave d'une fauvette dans une grosse touffe de lilas en fleurs. Puis il avait pris à travers champs. On avait récolté une grande partie des grains; mais le maïs était encore debout, dressant ses larges épis dont la teinte dorée rivalisait avec les cheveux des petits enfants du hameau; le seigle brunissait au soleil, et partout entre les sillons se trouvaient des alouettes prêtes à s'élever dans l'air en chantant. Sabadil les suivait des yeux lorsqu'elles s'envolaient, mais il devait bientôt ramener son regard à terre, tant le bleu du ciel était pur et éblouissant. Il n'y avait qu'un petit nuage au ciel, un léger flocon blanc et immobile comme un agneau qui se serait égaré de son troupeau et qui n'ose avancer tout seul. L'air était chaud et lourd. Le soleil éclairait la campagne, réchauffant ses teintes vives. Une source limpide, aux ondes vertes et écumeuses, descendait dans la vallée en sautillant, et près de cette source, au milieu d'un bouquet de bouleaux aux troncs satinés, se trouvait un petit moulin, qui, lui aussi, était en fête ce jour de dimanche. Sa roue séchait aux caresses de la brise. Ses volets étaient fermés. Pas un souffle n'agitait les branches des arbres fruitiers qui l'entouraient baignés de lumière. Tout à coup un rouge-gorge se mit à chanter dans un noisetier. Et comme Sabadil s'arrêtait et tendait l'oreille, absolument ravi, la gentille petite bête sautilla de feuille en feuille et contempla le paysan d'un oeil hardi, sans aucune frayeur. Plus loin, un pic frappant des coups sonores sur l'écorce d'un arbre. Ces battements troublaient le silence du dimanche d'une note étrange.