La morte

( Edition intégrale )

Fiction & Literature, Classics, Literary, Romance
Cover of the book La morte by Octave Feuillet, Paris : Calmann Lévy, 1886
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Author: Octave Feuillet ISBN: 1230003148464
Publisher: Paris : Calmann Lévy, 1886 Publication: March 23, 2019
Imprint: Language: French
Author: Octave Feuillet
ISBN: 1230003148464
Publisher: Paris : Calmann Lévy, 1886
Publication: March 23, 2019
Imprint:
Language: French

Je suis à la campagne chez mon oncle. La conversation de mon oncle est charmante et nourrie. Néanmoins, elle s’arrête quelquefois et me laisse des loisirs. L’idée m’est venue de les occuper par quelque travail littéraire. On écrit généralement si mal aujourd’hui que je crois pouvoir manier une plume à peu près comme tout le monde, quoique je n’aie guère écrit jusqu’ici que des télégrammes. Il y a dans un château du voisinage, chez des amis de mon oncle, une bibliothèque assez riche et dont je puis disposer : comme elle contient un grand nombre de documents relatifs au XVIIe siècle, ma première pensée a été de les utiliser pour récrire l’histoire de Louis XIV, qui a été manquée par Voltaire. Mais, toutes réflexions faites, je préfère écrire la mienne, laquelle m’intéresse davantage. Le lecteur, si j’en ai jamais un, - conviendra qu’il a plus de plaisir à se regarder dans sa glace qu’à y voir les traits de tout autre individu. C’est mon cas.

J’ai trente ans. Je suis grand, flexible, élégant, d’un blond tirant sur le roux. Je valse bien et je monte bien à cheval. Relativement à ma personne physique, la postérité n’en saura pas davantage. Sous le rapport intellectuel, j’ai quelque lecture; sous le rapport moral, je ne suis pas d’un mauvais naturel. Je ne me connais même, à proprement parler, qu’un défaut., c’est de ne rien prendre au sérieux, -ni sur la terre ni dans les cieux. Il y a quelques années, quand je vis disparaître à l’horizon cette belle tête de vieillard que j’avais coutume d’appeler le bon Dieu, je me souviens que je pleurai. Une gaieté sereine et imperturbable a, depuis ce moment, fait le fond de mon heureux caractère. On se figure, dans les classes subalternes de la société, que l’aristocratie française est un conservatoire de superstitions surannées. L’erreur, du moins en ce qui me concerne, est complète. Je fais sans doute aux convenances les sacrifices nécessaires ; mais, du reste, je déclare que le positiviste le plus radical, le franc-maçon le plus endurci, le plus farouche affilié de la Marianne, ne sont que des vieilles femmes pétries de préjugés auprès du gentilhomme qui écrit ces lignes.

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Je suis à la campagne chez mon oncle. La conversation de mon oncle est charmante et nourrie. Néanmoins, elle s’arrête quelquefois et me laisse des loisirs. L’idée m’est venue de les occuper par quelque travail littéraire. On écrit généralement si mal aujourd’hui que je crois pouvoir manier une plume à peu près comme tout le monde, quoique je n’aie guère écrit jusqu’ici que des télégrammes. Il y a dans un château du voisinage, chez des amis de mon oncle, une bibliothèque assez riche et dont je puis disposer : comme elle contient un grand nombre de documents relatifs au XVIIe siècle, ma première pensée a été de les utiliser pour récrire l’histoire de Louis XIV, qui a été manquée par Voltaire. Mais, toutes réflexions faites, je préfère écrire la mienne, laquelle m’intéresse davantage. Le lecteur, si j’en ai jamais un, - conviendra qu’il a plus de plaisir à se regarder dans sa glace qu’à y voir les traits de tout autre individu. C’est mon cas.

J’ai trente ans. Je suis grand, flexible, élégant, d’un blond tirant sur le roux. Je valse bien et je monte bien à cheval. Relativement à ma personne physique, la postérité n’en saura pas davantage. Sous le rapport intellectuel, j’ai quelque lecture; sous le rapport moral, je ne suis pas d’un mauvais naturel. Je ne me connais même, à proprement parler, qu’un défaut., c’est de ne rien prendre au sérieux, -ni sur la terre ni dans les cieux. Il y a quelques années, quand je vis disparaître à l’horizon cette belle tête de vieillard que j’avais coutume d’appeler le bon Dieu, je me souviens que je pleurai. Une gaieté sereine et imperturbable a, depuis ce moment, fait le fond de mon heureux caractère. On se figure, dans les classes subalternes de la société, que l’aristocratie française est un conservatoire de superstitions surannées. L’erreur, du moins en ce qui me concerne, est complète. Je fais sans doute aux convenances les sacrifices nécessaires ; mais, du reste, je déclare que le positiviste le plus radical, le franc-maçon le plus endurci, le plus farouche affilié de la Marianne, ne sont que des vieilles femmes pétries de préjugés auprès du gentilhomme qui écrit ces lignes.

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