Author: | Charles Le Goffic | ISBN: | 1230000981446 |
Publisher: | MD | Publication: | March 7, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Charles Le Goffic |
ISBN: | 1230000981446 |
Publisher: | MD |
Publication: | March 7, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait :
Ah ! profitons de cette heure qui reste pour courir la ville haute ; laissons à ses soins mercenaires, à ses chamaillis et à ses pugilats le quartier européen. C’est l’Afrique que nous venons chercher, non la caricature ni l’exagération de nos tristes mœurs politiciennes. Un tramway passe, suivi de sa baladeuse, à l’avant de laquelle, sur le même banc, sont assises trois Mauresques, trois blancs fantômes féminins aux yeux noirs, — peut-être les trois dames de la kasbah du cher Loti. Une place est libre à côté d’elles dont je m’empare…
J’aurais dû m’en tenir à ma première impression, favorable sans réserve aux trois fantômes, et ne pas pousser l’enquête plus loin. Manifestement (l’œil de près ne peut s’y tromper), deux sont des paquets. Mais je n’entends pas en convenir. Ce sont les premières musulmanes que j’approche, et, pour un poète, toutes les musulmanes sont des péris, à tout le moins des Schéhérazades. Il importe peu que le dessin des lèvres s’avère incorrect, l’arête du nez vacillante, l’oreille mal attachée, le menton de traviole, puisque rien de tout cela ne se voit, mais seulement les yeux et les mains, et qu’il n’est dans aucune race mains plus fines, prunelles plus veloutées. Tout l’attrait de l’Islam, si vite évaporé, est peut-être dans son mystère, et c’est une étrange erreur de la part des femmes turques d’avoir voulu quitter le tchartchaf ou voile, et s’européaniser.
Extrait :
Ah ! profitons de cette heure qui reste pour courir la ville haute ; laissons à ses soins mercenaires, à ses chamaillis et à ses pugilats le quartier européen. C’est l’Afrique que nous venons chercher, non la caricature ni l’exagération de nos tristes mœurs politiciennes. Un tramway passe, suivi de sa baladeuse, à l’avant de laquelle, sur le même banc, sont assises trois Mauresques, trois blancs fantômes féminins aux yeux noirs, — peut-être les trois dames de la kasbah du cher Loti. Une place est libre à côté d’elles dont je m’empare…
J’aurais dû m’en tenir à ma première impression, favorable sans réserve aux trois fantômes, et ne pas pousser l’enquête plus loin. Manifestement (l’œil de près ne peut s’y tromper), deux sont des paquets. Mais je n’entends pas en convenir. Ce sont les premières musulmanes que j’approche, et, pour un poète, toutes les musulmanes sont des péris, à tout le moins des Schéhérazades. Il importe peu que le dessin des lèvres s’avère incorrect, l’arête du nez vacillante, l’oreille mal attachée, le menton de traviole, puisque rien de tout cela ne se voit, mais seulement les yeux et les mains, et qu’il n’est dans aucune race mains plus fines, prunelles plus veloutées. Tout l’attrait de l’Islam, si vite évaporé, est peut-être dans son mystère, et c’est une étrange erreur de la part des femmes turques d’avoir voulu quitter le tchartchaf ou voile, et s’européaniser.