La Russie telle que je viens de la voir

Nonfiction
Cover of the book La Russie telle que je viens de la voir by Herbert George Wells, Éditions du progrès civique
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Author: Herbert George Wells ISBN: 1230003190968
Publisher: Éditions du progrès civique Publication: April 18, 2019
Imprint: Language: French
Author: Herbert George Wells
ISBN: 1230003190968
Publisher: Éditions du progrès civique
Publication: April 18, 2019
Imprint:
Language: French

Actuellement, la Russie est comme rayée de la science sociale. Faute de documents directs, comment parler d’elle exactement, impartialement ?

Les deux grands journaux de la République fédérative des Soviets n’arrivent pas régulièrement en France ; ou s’ils y arrivent, ils ne parviennent qu’à de rares privilégiés qui choisissent les nouvelles ou les discours en se tenant à des points de vue strictement polémiques.

En dehors des textes de lois ou de décrets recueillis par M. Raoul Labry, ou des bulletins communistes, nos seuls documents un peu sérieux sont les récits de voyageurs pressés : documents partiaux qui ne sont d’ailleurs pas tous à notre disposition. Un grand nombre sont en russe, en espagnol, en anglais ou en italien, non encore traduits : or, ceux-là seuls qui les auraient lus tous pourraient se flatter de posséder une vue un peu complexe, suffisamment juste, des choses russes.

Il y a aussi les contre-documents qui nous masquent les quelques raies de vérité filtrant parfois jusqu’à nous : nous voulons parler des campagnes de presse, systématiquement hostiles ou sympathiques ; des souvenirs de guerre, si défavorables aux plénipotentiaires de Brest-Litowsk ; enfin et surtout, de notre nationalisme.

Jamais nous n’aurons été plus aveugles sur nous et sur les autres que depuis la paix : on ne sait quelles préventions policières de guerre continuent à empoisonner notre raison. L’alarme xénophobe sonne sur tous les chemins, comme aux jours mauvais de la détresse.

Quel peuple trouve grâce devant nous ?

Mécontents des autres et de nous-mêmes, nous ne faisons pas plus effort pour comprendre nos anciens ennemis que nos ex-alliés.

Si nous n’arrivons pas à comprendre le marchand de la Cité, si simple, comment pénétrerions-nous la psychologie du Russe que, dans notre extraordinaire incuriosité ethnique, nous ne savons voir qu’au travers de deux ou trois romans de Jules Verne ou de Mme de Ségur et de notre rudiment d’histoire ou de géographie sur l’Asie. L’Asie, terre des Tartares, nous apparaît fabuleuse tant elle est loin de nous.

Et voilà comment le Français est, dans sa masse, antibolcheviste a priori, comme par principe, par hasard de position dans la société ou dans un parti.

Même hasard du côté des bolchevisants.

Là, réquisitoire, ici, apologie, presque tous frénétiques. Cela ne nous a pas empêché, d’ailleurs, de lire avec fruit les études si diverses de la Ligue des droits de l’homme, de Lansburg, de Cachin, de Frossard, d’Hoschiller, de Merrheim, de Ludovic Naudeau ou d’Etienne Buisson.

« De la nuance, de la nuance, » supplierait Verlaine…

Très mal outillés pour observer, mal renseignés pour conclure, même pour discuter scientifiquement, nous n’en voulons pas moins, tous, avoir un avis sur le phénomène.

Et comment pourrait-il en être autrement? Plus un phénomène est mystérieux, plus grande est notre curiosité.

Inquiets sur nos destins immédiats, comme jamais les hommes ne l’ont été sans doute, même après la grande tourmente révolutionnaire, nous avons un besoin presque maladif de savoir ce qui se passe au pays des Cimmériens, là où vivent les prophètes qui annoncent des temps entièrement nouveaux.

Passionnément observateur des faits sociaux, curieux surtout des formes et des idées qui, en arrière des décors constitutionnels, renouvellent notre vieux fonds politique et économique, j’ai naturellement lu avec toutes les fièvres d’une excessive curiosité le carnet de route de Wells.

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Actuellement, la Russie est comme rayée de la science sociale. Faute de documents directs, comment parler d’elle exactement, impartialement ?

Les deux grands journaux de la République fédérative des Soviets n’arrivent pas régulièrement en France ; ou s’ils y arrivent, ils ne parviennent qu’à de rares privilégiés qui choisissent les nouvelles ou les discours en se tenant à des points de vue strictement polémiques.

En dehors des textes de lois ou de décrets recueillis par M. Raoul Labry, ou des bulletins communistes, nos seuls documents un peu sérieux sont les récits de voyageurs pressés : documents partiaux qui ne sont d’ailleurs pas tous à notre disposition. Un grand nombre sont en russe, en espagnol, en anglais ou en italien, non encore traduits : or, ceux-là seuls qui les auraient lus tous pourraient se flatter de posséder une vue un peu complexe, suffisamment juste, des choses russes.

Il y a aussi les contre-documents qui nous masquent les quelques raies de vérité filtrant parfois jusqu’à nous : nous voulons parler des campagnes de presse, systématiquement hostiles ou sympathiques ; des souvenirs de guerre, si défavorables aux plénipotentiaires de Brest-Litowsk ; enfin et surtout, de notre nationalisme.

Jamais nous n’aurons été plus aveugles sur nous et sur les autres que depuis la paix : on ne sait quelles préventions policières de guerre continuent à empoisonner notre raison. L’alarme xénophobe sonne sur tous les chemins, comme aux jours mauvais de la détresse.

Quel peuple trouve grâce devant nous ?

Mécontents des autres et de nous-mêmes, nous ne faisons pas plus effort pour comprendre nos anciens ennemis que nos ex-alliés.

Si nous n’arrivons pas à comprendre le marchand de la Cité, si simple, comment pénétrerions-nous la psychologie du Russe que, dans notre extraordinaire incuriosité ethnique, nous ne savons voir qu’au travers de deux ou trois romans de Jules Verne ou de Mme de Ségur et de notre rudiment d’histoire ou de géographie sur l’Asie. L’Asie, terre des Tartares, nous apparaît fabuleuse tant elle est loin de nous.

Et voilà comment le Français est, dans sa masse, antibolcheviste a priori, comme par principe, par hasard de position dans la société ou dans un parti.

Même hasard du côté des bolchevisants.

Là, réquisitoire, ici, apologie, presque tous frénétiques. Cela ne nous a pas empêché, d’ailleurs, de lire avec fruit les études si diverses de la Ligue des droits de l’homme, de Lansburg, de Cachin, de Frossard, d’Hoschiller, de Merrheim, de Ludovic Naudeau ou d’Etienne Buisson.

« De la nuance, de la nuance, » supplierait Verlaine…

Très mal outillés pour observer, mal renseignés pour conclure, même pour discuter scientifiquement, nous n’en voulons pas moins, tous, avoir un avis sur le phénomène.

Et comment pourrait-il en être autrement? Plus un phénomène est mystérieux, plus grande est notre curiosité.

Inquiets sur nos destins immédiats, comme jamais les hommes ne l’ont été sans doute, même après la grande tourmente révolutionnaire, nous avons un besoin presque maladif de savoir ce qui se passe au pays des Cimmériens, là où vivent les prophètes qui annoncent des temps entièrement nouveaux.

Passionnément observateur des faits sociaux, curieux surtout des formes et des idées qui, en arrière des décors constitutionnels, renouvellent notre vieux fonds politique et économique, j’ai naturellement lu avec toutes les fièvres d’une excessive curiosité le carnet de route de Wells.

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