Author: | Judith Gautier | ISBN: | 1230002983028 |
Publisher: | Paris : F. Juven, 1903-1909 | Publication: | December 8, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Judith Gautier |
ISBN: | 1230002983028 |
Publisher: | Paris : F. Juven, 1903-1909 |
Publication: | December 8, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Trois ouvrages autobiographiques : Le Collier des jours (1904), Le Second rang du collier, Le Troisième rang du collier.....
J’ai commence la vie par une passion.
Aussi extraordinaire que cela puisse paraitre, c’est cependant tout a fait certain, et cette passion, qui eut, comme toujours, ses joies et ses peines, aboutit a un chagrin dont la violence n’a jamais ete, pour moi, egalee.
On m’a raconte que j’avais montre beaucoup de repugnance a venir au monde: la figure voilee de mon bras replie, je me refusais obstinement a faire mon entree dans cette vie, et, y ayant ete contrainte, je manifestai mon deplaisir par un veritable acces de fureur: j’avais saisi, en criant, les doigts du medecin et je m’y cramponnais de telle facon, qu’incapable d’agir, il fut oblige de les secouer vivement et s’ecria, tres stupefait:
—Mais qu’est-ce que c’est qu’un pareil petit monstre?…
Mon agresseur etait le docteur Aussandon, un heros et un titan, qui arretait les chevaux emportes et se plaisait a aller se mesurer, dans les cirques, avec les hercules celebres. Mais j’ignorais ces hauts faits, et, nullement intimidee, j’avais accepte le combat.
Je me suis fait souvent raconter par ma mere cet incident qui me semblait prophetique, et exprimait si bien l’opinion que je devais avoir, plus tard, de l’existence.
Trois ouvrages autobiographiques : Le Collier des jours (1904), Le Second rang du collier, Le Troisième rang du collier.....
J’ai commence la vie par une passion.
Aussi extraordinaire que cela puisse paraitre, c’est cependant tout a fait certain, et cette passion, qui eut, comme toujours, ses joies et ses peines, aboutit a un chagrin dont la violence n’a jamais ete, pour moi, egalee.
On m’a raconte que j’avais montre beaucoup de repugnance a venir au monde: la figure voilee de mon bras replie, je me refusais obstinement a faire mon entree dans cette vie, et, y ayant ete contrainte, je manifestai mon deplaisir par un veritable acces de fureur: j’avais saisi, en criant, les doigts du medecin et je m’y cramponnais de telle facon, qu’incapable d’agir, il fut oblige de les secouer vivement et s’ecria, tres stupefait:
—Mais qu’est-ce que c’est qu’un pareil petit monstre?…
Mon agresseur etait le docteur Aussandon, un heros et un titan, qui arretait les chevaux emportes et se plaisait a aller se mesurer, dans les cirques, avec les hercules celebres. Mais j’ignorais ces hauts faits, et, nullement intimidee, j’avais accepte le combat.
Je me suis fait souvent raconter par ma mere cet incident qui me semblait prophetique, et exprimait si bien l’opinion que je devais avoir, plus tard, de l’existence.