Le Défilé d’Enfer

( Edition intégrale ) annoté

Mystery & Suspense, Espionage, Fiction & Literature, Literary, Thrillers
Cover of the book Le Défilé d’Enfer by Louis Boussenard, Paris : E. Flammarion, (1891)
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Author: Louis Boussenard ISBN: 1230002318219
Publisher: Paris : E. Flammarion, (1891) Publication: May 12, 2018
Imprint: Language: French
Author: Louis Boussenard
ISBN: 1230002318219
Publisher: Paris : E. Flammarion, (1891)
Publication: May 12, 2018
Imprint:
Language: French

Extrait:

Héros du devoir. – La brèche. – La charge. – L’assaut. – Dévouement. – Trahison. – Ses conséquences. – Les victimes. – Ensevelis. – Mouvement tournant. – Lutte désespérée. – Tenir un quart d’heure. – Et après ?...

Une vibrante sonnerie de bugle retentit.
« Commencez le feu ! »
Brusquement l’avenue conduisant au village, dont la rue principale est barricadée, s’emplit d’une fumée blanche d’où surgissent, comme des éclairs, de longues coulées de flammes.
Une détonation violente que domine le déchirement strident de la mitrailleuse, éclate sous les arbres dont les feuilles s’échevèlent, comme sous la poussée d’un vent d’orage.
Là-bas, à cinq cents mètres, un ouragan de fer s’abat en même temps sur la barricade, broyant les madriers, faisant voler en éclats les pierres, mutilant affreusement quelques hommes.
« Dis donc, Louis, fait avec un intraduisible accent beauceron un vieux tout gris, d’une taille colossale, paraît qu’on nous accorde aujourd’hui les honneurs du canon. Mâtin !... on se met en frais, pour des sauvages ! »
– Honneur périlleux, mon cher Baptiste, répond cordialement un homme d’une quarantaine d’années, au visage énergique et sympathique, encadré d’épais favoris, et nous n’avons, pour répondre, que des fusils.
– Va toujours !... Avec un chef comme toi, des gars comme nous s’en iraient au diable et même plus loin. Tu t’appelles Louis Riel et nous sommes les Bois-Brûlés...
Une nouvelle salve retentit, coupant la parole à Baptiste, la barricade ébranlée frémit sur ses assises, trois hommes broyés par la mitraille s’abattent sans un cri.
« Tenez bon ici, dit brièvement Louis Riel : moi je monte au clocher surveiller l’attaque.
– Et puis, tu sais, ménage-toi si ça t’est possible, et tâche de ne pas t’exposer comme hier, que c’est un miracle si t’en es revenu.
– Adieu, Baptiste !... une bonne poignée de main... tu commandes ici au poste le plus périlleux... tu réponds de tout...
– Tant que je serai debout, foi d’homme ! »
Avec un calme superbe, le héros de l’indépendance des métis franco-canadiens remonte la rue où pleuvent les débris et les projectiles, et s’en va vers l’église défendue d’un côté par le mur crénelé du cimetière.
La batterie ennemie, tirant par section, tonne sans relâche, et les obus tombent ininterrompus sur le même point.
Derrière la barricade qui se désagrège lentement, à chaque salve, se tiennent une centaine d’hommes, au visage bronzé, dont les traits crispés, les yeux luisants démentent l’apparente impassibilité.
À peu près uniformément vêtu de blouses de chasse et de pantalons en peau de cerf tannée à la manière indienne, ils portent, pour la plupart, des carabines Winchester à répétition, armes terribles, entre les mains habiles de ces rudes habitants du nord-ouest.
Nul vestige d’ailleurs de distinction militaire, sur ces vêtements si commodes pour la vie d’aventures. Ni plumets, ni épaulettes, ni insignes de grades : rien ! Tout le monde soldat, avec un revolver, une hache, une carabine. Les chefs, on les connaît, on sait ce qu’ils valent, et on leur obéit d’enthousiasme.

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Extrait:

Héros du devoir. – La brèche. – La charge. – L’assaut. – Dévouement. – Trahison. – Ses conséquences. – Les victimes. – Ensevelis. – Mouvement tournant. – Lutte désespérée. – Tenir un quart d’heure. – Et après ?...

Une vibrante sonnerie de bugle retentit.
« Commencez le feu ! »
Brusquement l’avenue conduisant au village, dont la rue principale est barricadée, s’emplit d’une fumée blanche d’où surgissent, comme des éclairs, de longues coulées de flammes.
Une détonation violente que domine le déchirement strident de la mitrailleuse, éclate sous les arbres dont les feuilles s’échevèlent, comme sous la poussée d’un vent d’orage.
Là-bas, à cinq cents mètres, un ouragan de fer s’abat en même temps sur la barricade, broyant les madriers, faisant voler en éclats les pierres, mutilant affreusement quelques hommes.
« Dis donc, Louis, fait avec un intraduisible accent beauceron un vieux tout gris, d’une taille colossale, paraît qu’on nous accorde aujourd’hui les honneurs du canon. Mâtin !... on se met en frais, pour des sauvages ! »
– Honneur périlleux, mon cher Baptiste, répond cordialement un homme d’une quarantaine d’années, au visage énergique et sympathique, encadré d’épais favoris, et nous n’avons, pour répondre, que des fusils.
– Va toujours !... Avec un chef comme toi, des gars comme nous s’en iraient au diable et même plus loin. Tu t’appelles Louis Riel et nous sommes les Bois-Brûlés...
Une nouvelle salve retentit, coupant la parole à Baptiste, la barricade ébranlée frémit sur ses assises, trois hommes broyés par la mitraille s’abattent sans un cri.
« Tenez bon ici, dit brièvement Louis Riel : moi je monte au clocher surveiller l’attaque.
– Et puis, tu sais, ménage-toi si ça t’est possible, et tâche de ne pas t’exposer comme hier, que c’est un miracle si t’en es revenu.
– Adieu, Baptiste !... une bonne poignée de main... tu commandes ici au poste le plus périlleux... tu réponds de tout...
– Tant que je serai debout, foi d’homme ! »
Avec un calme superbe, le héros de l’indépendance des métis franco-canadiens remonte la rue où pleuvent les débris et les projectiles, et s’en va vers l’église défendue d’un côté par le mur crénelé du cimetière.
La batterie ennemie, tirant par section, tonne sans relâche, et les obus tombent ininterrompus sur le même point.
Derrière la barricade qui se désagrège lentement, à chaque salve, se tiennent une centaine d’hommes, au visage bronzé, dont les traits crispés, les yeux luisants démentent l’apparente impassibilité.
À peu près uniformément vêtu de blouses de chasse et de pantalons en peau de cerf tannée à la manière indienne, ils portent, pour la plupart, des carabines Winchester à répétition, armes terribles, entre les mains habiles de ces rudes habitants du nord-ouest.
Nul vestige d’ailleurs de distinction militaire, sur ces vêtements si commodes pour la vie d’aventures. Ni plumets, ni épaulettes, ni insignes de grades : rien ! Tout le monde soldat, avec un revolver, une hache, une carabine. Les chefs, on les connaît, on sait ce qu’ils valent, et on leur obéit d’enthousiasme.

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