Author: | Adolphe Belot | ISBN: | 1230002368184 |
Publisher: | Paris : Impr. de Dubuisson, 1866 | Publication: | June 9, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Adolphe Belot |
ISBN: | 1230002368184 |
Publisher: | Paris : Impr. de Dubuisson, 1866 |
Publication: | June 9, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait: L’intérêt politique absorba tellement notre attention, pendant les premiers mois de l’année 1848, que peu de personnes se souviennent aujourd’hui des catastrophes privées ou judiciaires arrivées en grand nombre durant cette époque tourmentée. En effet, ce qui, en temps de calme, suffit à alimenter notre insatiable curiosité parisienne, ne saurait convenir dans les jours de troubles et de révolution. Comment s’intéresser au drame qui se déroule entre les murs d’une maison ou derrière la porte d’une cour d’assises, lorsqu’il se passe sous nos yeux un drame, bien autrement palpitant auquel nous sommes directement mêlés, car il met en question nos intérêts les plus chers ? Le rappel, la fusillade, le canon couvrent les autres bruits et nous rendent sourds à tous les cris qui ne montent pas de la rue.
C’est ce qui explique comment, dans les premiers jours de mars 1848, il a pu se juger à Paris, sans que beaucoup d’entre nous se le rappellent, un procès si dramatique et si extraordinaire qu’il n’y en a peut-être pas de plus intéressant dans toutes les annales du Palais. Nous allons le raconter dans tous ses détails, d’après les journaux de l’époque, nos souvenirs personnels et certaines pièces particulières qui nous ont été communiquées.
Le 20 octobre 1847, à sept heures du matin, la diligence qui faisait encore à cette époque le service de Marseille à Paris déposait, dans la cour des Messageries de la rue Notre-Dame-des-Victoires, deux femmes dignes, * à plus d’un titre, d’attirer l’attention. Jeunes et remarquablement belles toutes les deux, elles avaient dans la démarche et la physionomie quelque chose qui indiquait au premier coup d’œil une origine étrangère. L’une d’elles, surtout, offrait un type plein de contrastes bizarres : le front d’une pureté angélique, de grands yeux bleus très-doux, mais une lèvre charnue où se trahissait la passion, et d’épais sourcils qui se touchaient presque et qui révélaient une énergie indomptable ; un teint légèrement bruni, avec les colorations vermeilles de la jeunesse, et d’épais cheveux noirs aux reflets bleuâtres entourant un ovale dont les Vierges du Pérugin eussent envié le contour. Il était évident que le chaud soleil de l’Italie du Nord avait passé par là et rayonné sur ce visage et sur cette âme.
Julia, en effet, était Génoise, comme sa compagne, une belle brune à la taille élevée, aux formes accusées.
Extrait: L’intérêt politique absorba tellement notre attention, pendant les premiers mois de l’année 1848, que peu de personnes se souviennent aujourd’hui des catastrophes privées ou judiciaires arrivées en grand nombre durant cette époque tourmentée. En effet, ce qui, en temps de calme, suffit à alimenter notre insatiable curiosité parisienne, ne saurait convenir dans les jours de troubles et de révolution. Comment s’intéresser au drame qui se déroule entre les murs d’une maison ou derrière la porte d’une cour d’assises, lorsqu’il se passe sous nos yeux un drame, bien autrement palpitant auquel nous sommes directement mêlés, car il met en question nos intérêts les plus chers ? Le rappel, la fusillade, le canon couvrent les autres bruits et nous rendent sourds à tous les cris qui ne montent pas de la rue.
C’est ce qui explique comment, dans les premiers jours de mars 1848, il a pu se juger à Paris, sans que beaucoup d’entre nous se le rappellent, un procès si dramatique et si extraordinaire qu’il n’y en a peut-être pas de plus intéressant dans toutes les annales du Palais. Nous allons le raconter dans tous ses détails, d’après les journaux de l’époque, nos souvenirs personnels et certaines pièces particulières qui nous ont été communiquées.
Le 20 octobre 1847, à sept heures du matin, la diligence qui faisait encore à cette époque le service de Marseille à Paris déposait, dans la cour des Messageries de la rue Notre-Dame-des-Victoires, deux femmes dignes, * à plus d’un titre, d’attirer l’attention. Jeunes et remarquablement belles toutes les deux, elles avaient dans la démarche et la physionomie quelque chose qui indiquait au premier coup d’œil une origine étrangère. L’une d’elles, surtout, offrait un type plein de contrastes bizarres : le front d’une pureté angélique, de grands yeux bleus très-doux, mais une lèvre charnue où se trahissait la passion, et d’épais sourcils qui se touchaient presque et qui révélaient une énergie indomptable ; un teint légèrement bruni, avec les colorations vermeilles de la jeunesse, et d’épais cheveux noirs aux reflets bleuâtres entourant un ovale dont les Vierges du Pérugin eussent envié le contour. Il était évident que le chaud soleil de l’Italie du Nord avait passé par là et rayonné sur ce visage et sur cette âme.
Julia, en effet, était Génoise, comme sa compagne, une belle brune à la taille élevée, aux formes accusées.