Le jour de l'éponge... une conjugaison originale et magnifique du verbe aimerNoël en Australie, fête de famille à venir... le rideau se lève. Les personnages vont occuper la scène en exprimant, avec violence parfois, les liens qui les unissent autour de Franck et son fils devenu père à son tour : les proches en recherche de repères perdus, la mère biologique et son identité, Julien et ses secrets...
Une série de portraits croisés avec leurs fêlures, leurs doutes, leurs blessures exprimées sans pudeur comme un règlement de compte affectif d'où naîtra malgré tout un espoir qui laisse place à une certaine idée du bonheur.
Après l'histoire d'amour de Franck et Julien, dessinée dans Les Anges ne sont pas faits pour la vie, Le jour de l'éponge entame le récit d'une homoparentalité compliquée.EXTRAIT
De : Lazlo Dalencourt [mailto:
[email protected]]
Envoyé : mercredi 10 mai 20… 15:03
À : Franck Dalencourt ; Domaine du Dezert.
Objet : Lazlo
Salut papa
[Je te suggère de penser aux trompettes d’Aïda ou à défaut une musique de cirque]
Nous sommes le 10 mai !… Ne suis-je pas censé entendre des roulements de tambour, des rires de femmes et d’enfants ?… Les hommes ne savent pas rire, sauf s’ils sont bourrés et qu’ils parlent de cul !… Ne suis-je pas censé entendre crépiter les feux de Bengale, exploser les feux d’artifices, roter les bouteilles de champ’ ?… Il est vrai, que de là où je me trouve, j’ai un peu de mal à entendre quoi que ce soit !… Donc, nous mettrons ça sur le dos de la distance !… N’est-ce pas ?… Et puis n’est-elle pas toujours magnanime ?… La distance ?… Il y aussi ce bruit, non ce n’est pas un bruit, mais un son !… Une mélodie !… Une ode !… Le papier de soie que l’on froisse et qui sous son velouté dissimule le trésor : le cadeau !… Cette extension de l’ego que l’autre vous concède quand il ne peut plus - décemment - vous parler de lui !… J’exagère et alors ?… Tu le sais bien que j’en ai toujours fait des tonnes !… Tu me disais pour m’absoudre (j’imagine) que c’était le privilège de l’âge, qu’il fallait que j’en profite, car tout cela deviendrait - avec la maturité - extrêmement vulgaire !… Non ?… Je me rends compte que j’ai toujours adoré ce moment ! (le feulement du papier de soie que l’on déplie)… Je n’ai jamais su montrer de la déception ou du bonheur pendant une telle cérémonie (celle du cadeau)… Ces deux sentiments sont triviaux, disais-tu ?… Tu as souvent dit des tas de conneries !… Mais comment dominer mon excitation quand l’autre - quel qu’il soit - aura déniché la petite chose dont j’avais besoin, ou pas, celle qui inéluctablement jalonnera mon existence ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Véritable touche-à-tout,
Patrick Lunant a été danseur professionnel aux Etats-Unis et a administré plusieurs tournées musicales. Très tôt, il nourrit une fascination pour la littérature nord-américaine. Ce sont entre autres John Irving et Jim Harrison qui l'ont poussé à écrire.
Le jour de l'éponge est son quatrième roman. Il est aussi l’auteur de
Maman Zita,
Les anges ne sont pas faits pour la vie,
Les orangers du Palatin et
Léo (théâtre).