LE MENEUR DE LOUPS

Fiction & Literature, Classics
Cover of the book LE MENEUR DE LOUPS by Alexandre Dumas, Largau
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Author: Alexandre Dumas ISBN: 1230000257614
Publisher: Largau Publication: August 4, 2014
Imprint: Language: French
Author: Alexandre Dumas
ISBN: 1230000257614
Publisher: Largau
Publication: August 4, 2014
Imprint:
Language: French

Extrait du livre :

Pourquoi, pendant les vingt premières années de ma vie littéraire, c’est-à-dire de 1827 à 1847, pourquoi ma vue et mon souvenir se sont-ils si rarement reportés vers la petite ville où je suis né, vers les bois qui l’environnent, vers les villages qui l’entourent ? Pourquoi tout ce monde de ma jeunesse me semblait-il disparu et comme voilé par un nuage, tandis que l’avenir vers lequel je marchais m’apparaissait limpide et resplendissant comme ces îles magiques que Colomb et ses compagnons prirent pour des corbeilles de fleurs flottant sur la mer ?

Hélas ! c’est que, pendant les vingt premières années de la vie, on a pour guide l’espérance, et, pendant les vingt dernières, la réalité.

Du jour où, voyageur fatigué, on laisse tomber son bâton, où l’on desserre sa ceinture et où l’on s’assied au bord du chemin, de ce jour-là, on jette les yeux sur la route parcourue, et, comme c’est l’avenir qui s’embrume, on commence à regarder dans les profondeurs du passé.

Alors, près d’entrer que l’on est dans les mers de sable, on est tout étonné de voir peu à peu poindre sur la route déjà parcourue des oasis merveilleuses d’ombre et de verdure, devant lesquelles on a passé non seulement sans s’arrêter, mais presque sans les voir.

On marchait si vite dans ce temps-là ! On avait si grande hâte d’arriver où l’on n’arrive jamais… au bonheur !

C’est alors que l’on s’aperçoit que l’on a été aveugle et ingrat ; c’est alors qu’on se dit que, si l’on trouvait encore sur son chemin un de ces bosquets de verdure, on s’y arrêterait pour le reste de la vie, on y planterait sa tente pour y terminer ses jours.

Mais, comme le corps ne retourne pas en arrière, c’est la mémoire seule qui fait ce pieux pèlerinage des premiers jours et qui remonte à la source de la vie, comme ces barques légères aux voiles blanches qui remontent le cours des rivières.

Puis le corps continue son chemin ; mais le corps sans la mémoire, c’est la nuit sans l’étoile, c’est la lampe sans la flamme.

Alors le corps et la mémoire suivent chacun une route opposée.

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Extrait du livre :

Pourquoi, pendant les vingt premières années de ma vie littéraire, c’est-à-dire de 1827 à 1847, pourquoi ma vue et mon souvenir se sont-ils si rarement reportés vers la petite ville où je suis né, vers les bois qui l’environnent, vers les villages qui l’entourent ? Pourquoi tout ce monde de ma jeunesse me semblait-il disparu et comme voilé par un nuage, tandis que l’avenir vers lequel je marchais m’apparaissait limpide et resplendissant comme ces îles magiques que Colomb et ses compagnons prirent pour des corbeilles de fleurs flottant sur la mer ?

Hélas ! c’est que, pendant les vingt premières années de la vie, on a pour guide l’espérance, et, pendant les vingt dernières, la réalité.

Du jour où, voyageur fatigué, on laisse tomber son bâton, où l’on desserre sa ceinture et où l’on s’assied au bord du chemin, de ce jour-là, on jette les yeux sur la route parcourue, et, comme c’est l’avenir qui s’embrume, on commence à regarder dans les profondeurs du passé.

Alors, près d’entrer que l’on est dans les mers de sable, on est tout étonné de voir peu à peu poindre sur la route déjà parcourue des oasis merveilleuses d’ombre et de verdure, devant lesquelles on a passé non seulement sans s’arrêter, mais presque sans les voir.

On marchait si vite dans ce temps-là ! On avait si grande hâte d’arriver où l’on n’arrive jamais… au bonheur !

C’est alors que l’on s’aperçoit que l’on a été aveugle et ingrat ; c’est alors qu’on se dit que, si l’on trouvait encore sur son chemin un de ces bosquets de verdure, on s’y arrêterait pour le reste de la vie, on y planterait sa tente pour y terminer ses jours.

Mais, comme le corps ne retourne pas en arrière, c’est la mémoire seule qui fait ce pieux pèlerinage des premiers jours et qui remonte à la source de la vie, comme ces barques légères aux voiles blanches qui remontent le cours des rivières.

Puis le corps continue son chemin ; mais le corps sans la mémoire, c’est la nuit sans l’étoile, c’est la lampe sans la flamme.

Alors le corps et la mémoire suivent chacun une route opposée.

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