Author: | Alfred Bonnardot | ISBN: | 1230002367569 |
Publisher: | Paris : Dumoulin, 1852 | Publication: | June 9, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Alfred Bonnardot |
ISBN: | 1230002367569 |
Publisher: | Paris : Dumoulin, 1852 |
Publication: | June 9, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Pierre Godet était, en 1828, un jeune cavalier passable, pourvu de vingt-six printemps, d’un diplôme d’avocat, et d’environ sept mille livres de revenus. Orphelin, maître de son temps et de ses actions, il avait à choisir entre plusieurs voies vulgaires, pour parvenir au bonheur, c’est-à-dire au repos parfait ou à une grande agitation, selon les manières de voir et de sentir. Assez insensible à tout, même à l’influence du corset, sans passion dominante, sans goût décidé pour n’importe quelle carrière, il se tenait indécis, au milieu de ce carrefour d’où partent tous les chemins battus qui mènent à une destinée quelconque.
Or, quand l’homme est irrésolu, c’est le hasard qui décide. Le hasard le poussa donc dans une route peu fréquentée, qu’il n’eût jamais songé à prendre de lui-même, et qui le fit aboutir à une position offrant en somme, comme toute autre, ses peines et ses plaisirs : il devint iconophile, mot moderne qui désigne un amateur de vieilles estampes.
Comment l’héritier d’un petit notaire de province en vint-il à ce point de rupture avec le présent et d’insouciance pour l’avenir ? c’est ce que la suite de ce chapitre nous apprendra. Un soir, Pierre Godet, rentrant en son modeste logis de garçon, aux environs du Luxembourg, trouva une lettre, timbrée de Reims, qui lui apprit une nouvelle inattendue. Un juge de paix lui annonçait la mort d’un oncle Godet (un chanoine, qu’il avait vu deux ou trois fois en son jeune âge), et l’engageait à partir sur-le-champ, pour recueillir la défroque du bonhomme.
Cette lettre venait le distraire, précisément, en un de ces moments d’ennui qui pesaient de tout leur poids sur son imagination sans but. Dès le lendemain, il s’habilla de noir, de la tête aux pieds, et, vers le soir, s’installa dans la diligence de Reims.
Pierre Godet était, en 1828, un jeune cavalier passable, pourvu de vingt-six printemps, d’un diplôme d’avocat, et d’environ sept mille livres de revenus. Orphelin, maître de son temps et de ses actions, il avait à choisir entre plusieurs voies vulgaires, pour parvenir au bonheur, c’est-à-dire au repos parfait ou à une grande agitation, selon les manières de voir et de sentir. Assez insensible à tout, même à l’influence du corset, sans passion dominante, sans goût décidé pour n’importe quelle carrière, il se tenait indécis, au milieu de ce carrefour d’où partent tous les chemins battus qui mènent à une destinée quelconque.
Or, quand l’homme est irrésolu, c’est le hasard qui décide. Le hasard le poussa donc dans une route peu fréquentée, qu’il n’eût jamais songé à prendre de lui-même, et qui le fit aboutir à une position offrant en somme, comme toute autre, ses peines et ses plaisirs : il devint iconophile, mot moderne qui désigne un amateur de vieilles estampes.
Comment l’héritier d’un petit notaire de province en vint-il à ce point de rupture avec le présent et d’insouciance pour l’avenir ? c’est ce que la suite de ce chapitre nous apprendra. Un soir, Pierre Godet, rentrant en son modeste logis de garçon, aux environs du Luxembourg, trouva une lettre, timbrée de Reims, qui lui apprit une nouvelle inattendue. Un juge de paix lui annonçait la mort d’un oncle Godet (un chanoine, qu’il avait vu deux ou trois fois en son jeune âge), et l’engageait à partir sur-le-champ, pour recueillir la défroque du bonhomme.
Cette lettre venait le distraire, précisément, en un de ces moments d’ennui qui pesaient de tout leur poids sur son imagination sans but. Dès le lendemain, il s’habilla de noir, de la tête aux pieds, et, vers le soir, s’installa dans la diligence de Reims.