Author: | Thérèse Bentzon | ISBN: | 1230002417011 |
Publisher: | Michel Lévy frères (Paris) 1868 | Publication: | July 8, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Thérèse Bentzon |
ISBN: | 1230002417011 |
Publisher: | Michel Lévy frères (Paris) 1868 |
Publication: | July 8, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait: Dans cette petite bibliothèque où j’écris, tous les meilleurs amis de ma vie sont rassemblés, les seuls dont la présence et les conseils n’aient jamais été importuns, devant qui l’on ose pleurer sans crainte de consolations banales, d’indiscrétion ni de mépris.
Mes poëtes, mes philosophes, Dante et Milton, Goethe et Chateaubriand, âmes sympathiques qui avez si souvent apporté à la mienne l’oubli salutaire d’elle-même, ne souriez-vous pas de cette idée qui me vient de me raconter mes propres émotions et mes propres souffrances, les liens uniques qui me rattachent au reste des hommes ! Bon ! personne ne le saura, personne ne me jugera, et vous serez les confidents silencieux de ma faiblesse.
Au plus loin dont je me souvienne, je vois la bibliothèque telle qu’elle est, enfermée dans une tourelle dont les murs rongés de salpêtre verdissent et s’écaillent, meublée uniquement à l’intérieur de rayons surchargés de livres, qui partant du plafond descendent jusqu’au plancher, et d’un divan dé cuir. Auprès de la fenêtre, ouverte sur une avenue de mélèzes, si droite, si longue, qu’a l’extrémité les deux bordures parallèles semblent se toucher, ma vieille bonne Marianne s’asseyait pour coudre, et je suivais, assis à ses pieds, le mouvement régulier de son aiguille qui ne s’arrêtait guère. Elle ne me caressait jamais, bien qu’elle fût avec moi soigneuse et prévenante, très-dévouée, je suppose, et que souvent j’aie surpris une larme derrière ses lunettes lorsqu’elle me regardait.
D’où vient que je ne me rappelle pas la figure de mon père, celle de mon frère, aussi bien que la sienne ? Non, quand je veux évoquer l’entourage familier de mon enfance, je ne vois plus, qu’un professeur, gesticulant en chaire pour l’instruction d’une classe de jeunes garçons affligés de la même disgrâce que moi, et parmi lesquels je ne comptais que des camarades indifférents,........
LE ROMAN D’UN MUET
TROP TARD
LA DAME D’ALLIGNY
Extrait: Dans cette petite bibliothèque où j’écris, tous les meilleurs amis de ma vie sont rassemblés, les seuls dont la présence et les conseils n’aient jamais été importuns, devant qui l’on ose pleurer sans crainte de consolations banales, d’indiscrétion ni de mépris.
Mes poëtes, mes philosophes, Dante et Milton, Goethe et Chateaubriand, âmes sympathiques qui avez si souvent apporté à la mienne l’oubli salutaire d’elle-même, ne souriez-vous pas de cette idée qui me vient de me raconter mes propres émotions et mes propres souffrances, les liens uniques qui me rattachent au reste des hommes ! Bon ! personne ne le saura, personne ne me jugera, et vous serez les confidents silencieux de ma faiblesse.
Au plus loin dont je me souvienne, je vois la bibliothèque telle qu’elle est, enfermée dans une tourelle dont les murs rongés de salpêtre verdissent et s’écaillent, meublée uniquement à l’intérieur de rayons surchargés de livres, qui partant du plafond descendent jusqu’au plancher, et d’un divan dé cuir. Auprès de la fenêtre, ouverte sur une avenue de mélèzes, si droite, si longue, qu’a l’extrémité les deux bordures parallèles semblent se toucher, ma vieille bonne Marianne s’asseyait pour coudre, et je suivais, assis à ses pieds, le mouvement régulier de son aiguille qui ne s’arrêtait guère. Elle ne me caressait jamais, bien qu’elle fût avec moi soigneuse et prévenante, très-dévouée, je suppose, et que souvent j’aie surpris une larme derrière ses lunettes lorsqu’elle me regardait.
D’où vient que je ne me rappelle pas la figure de mon père, celle de mon frère, aussi bien que la sienne ? Non, quand je veux évoquer l’entourage familier de mon enfance, je ne vois plus, qu’un professeur, gesticulant en chaire pour l’instruction d’une classe de jeunes garçons affligés de la même disgrâce que moi, et parmi lesquels je ne comptais que des camarades indifférents,........
LE ROMAN D’UN MUET
TROP TARD
LA DAME D’ALLIGNY