Author: | Alexandre Dumas | ISBN: | 1230000673631 |
Publisher: | Consumer Oriented Ebooks Publisher | Publication: | September 20, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Alexandre Dumas |
ISBN: | 1230000673631 |
Publisher: | Consumer Oriented Ebooks Publisher |
Publication: | September 20, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
Le soir même de notre arrivée à Naples, nous courûmes sur le port, Jadin et
moi, pour nous informer si par hasard quelque bâtiment, soit à vapeur, soit
à voiles, ne partait pas le lendemain pour la Sicile. Comme il n'est pas
dans les habitudes ordinaires des voyageurs d'aller à Naples pour y rester
quelques heures seulement, disons un mot des circonstances qui nous
forçaient de hâter notre départ.
Nous étions partis de Paris dans l'intention de parcourir toute l'Italie,
Sicile et Calabre comprises; et mettant religieusement ce projet à
exécution, nous avions déjà visité Nice, Gênes, Milan, Florence et Rome,
lorsqu'après un séjour de trois semaines dans cette dernière ville, j'eus
l'honneur de rencontrer chez monsieur le marquis de T..., chargé des
affaires de France, monsieur le comte de Ludorf, ambassadeur de Naples.
Comme je devais partir dans quelques jours pour cette ville, le marquis de
T... jugea convenable de me présenter à son honorable confrère, afin de
me faciliter d'avance les voies diplomatiques qui devaient m'ouvrir la
barrière de Terracine. Monsieur de Ludorf me reçut avec ce sourire vide et
froid qui n'engage à rien, ce qui n'empêcha point que deux jours après
je ne me crusse dans l'obligation de lui porter mes passeports moi-même.
Monsieur de Ludorf eut la bonté de me dire de déposer nos passeports dans
ses bureaux, et de repasser le surlendemain pour les reprendre. Comme nous
n'étions pas autrement pressés, attendu que les mesures sanitaires en
vigueur, à propos du choléra, prescrivaient une quarantaine de vingt-huit
jours, et que nous avions par conséquent près d'une semaine devant nous, je
pris congé de monsieur de Ludorf, me promettant bien de ne plus me laisser
présenter à aucun ambassadeur que je n'eusse pris auparavant sur lui les
renseignements les plus circonstanciés.
Les deux jours écoulés, je me présentai au bureau des passeports. J'y
trouvai un employé qui, avec les meilleures façons du monde, m'apprit que
quelques difficultés s'étant élevées au sujet de mon visa, il serait bon
que je m'adressasse à l'ambassadeur lui-même pour les faire lever. Force me
fut donc, quelque résolution contraire que j'eusse prise, de me présenter
de nouveau chez monsieur de Ludorf.
Je trouvai monsieur de Ludorf plus froid et plus compassé encore que
d'habitude; mais comme je pensai que ce serait probablement la dernière
fois que j'aurais l'honneur de le voir, je patientai. Il me fit signe de
m'asseoir; je pris un siège. Il y avait progrès sur la première fois: la
première fois il m'avait laissé debout.
--Monsieur, me dit-il avec un certain embarras, et en tirant les uns après
les autres les plis de son jabot, je suis désolé de vous dire que vous ne
pouvez aller à Naples,
--Comment cela? demandai-je, bien décidé à imposer à notre dialogue le ton
qui me plairait: est-ce que les chemins seraient mauvais, par hasard?
--Non, monsieur, les routes sont superbes, au contraire; mais vous avez le
malheur d'être porté sur la liste de ceux qui ne peuvent pas entrer dans le
royaume napolitain.
Le soir même de notre arrivée à Naples, nous courûmes sur le port, Jadin et
moi, pour nous informer si par hasard quelque bâtiment, soit à vapeur, soit
à voiles, ne partait pas le lendemain pour la Sicile. Comme il n'est pas
dans les habitudes ordinaires des voyageurs d'aller à Naples pour y rester
quelques heures seulement, disons un mot des circonstances qui nous
forçaient de hâter notre départ.
Nous étions partis de Paris dans l'intention de parcourir toute l'Italie,
Sicile et Calabre comprises; et mettant religieusement ce projet à
exécution, nous avions déjà visité Nice, Gênes, Milan, Florence et Rome,
lorsqu'après un séjour de trois semaines dans cette dernière ville, j'eus
l'honneur de rencontrer chez monsieur le marquis de T..., chargé des
affaires de France, monsieur le comte de Ludorf, ambassadeur de Naples.
Comme je devais partir dans quelques jours pour cette ville, le marquis de
T... jugea convenable de me présenter à son honorable confrère, afin de
me faciliter d'avance les voies diplomatiques qui devaient m'ouvrir la
barrière de Terracine. Monsieur de Ludorf me reçut avec ce sourire vide et
froid qui n'engage à rien, ce qui n'empêcha point que deux jours après
je ne me crusse dans l'obligation de lui porter mes passeports moi-même.
Monsieur de Ludorf eut la bonté de me dire de déposer nos passeports dans
ses bureaux, et de repasser le surlendemain pour les reprendre. Comme nous
n'étions pas autrement pressés, attendu que les mesures sanitaires en
vigueur, à propos du choléra, prescrivaient une quarantaine de vingt-huit
jours, et que nous avions par conséquent près d'une semaine devant nous, je
pris congé de monsieur de Ludorf, me promettant bien de ne plus me laisser
présenter à aucun ambassadeur que je n'eusse pris auparavant sur lui les
renseignements les plus circonstanciés.
Les deux jours écoulés, je me présentai au bureau des passeports. J'y
trouvai un employé qui, avec les meilleures façons du monde, m'apprit que
quelques difficultés s'étant élevées au sujet de mon visa, il serait bon
que je m'adressasse à l'ambassadeur lui-même pour les faire lever. Force me
fut donc, quelque résolution contraire que j'eusse prise, de me présenter
de nouveau chez monsieur de Ludorf.
Je trouvai monsieur de Ludorf plus froid et plus compassé encore que
d'habitude; mais comme je pensai que ce serait probablement la dernière
fois que j'aurais l'honneur de le voir, je patientai. Il me fit signe de
m'asseoir; je pris un siège. Il y avait progrès sur la première fois: la
première fois il m'avait laissé debout.
--Monsieur, me dit-il avec un certain embarras, et en tirant les uns après
les autres les plis de son jabot, je suis désolé de vous dire que vous ne
pouvez aller à Naples,
--Comment cela? demandai-je, bien décidé à imposer à notre dialogue le ton
qui me plairait: est-ce que les chemins seraient mauvais, par hasard?
--Non, monsieur, les routes sont superbes, au contraire; mais vous avez le
malheur d'être porté sur la liste de ceux qui ne peuvent pas entrer dans le
royaume napolitain.