Author: | Delly | ISBN: | 9788829573110 |
Publisher: | Classica Libris | Publication: | December 11, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Delly |
ISBN: | 9788829573110 |
Publisher: | Classica Libris |
Publication: | December 11, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Elle était si bien ici, loin de Mademoiselle de Holsenheim et d’Aglaja ! Et ce coin du parc de Rosdorf était si joli ! Elle serait grondée, peut-être battue tout à l’heure, mais tant pis ! Une fois de plus ne comptait guère, et elle aurait au moins passé une bonne après-midi près de ce joli petit lac couvert de nénuphars et moiré de grandes plaques étincelantes par le soleil à son couchant.
Et puis elle se trouvait au milieu de ses arbres, ses chers arbres. Ils étaient ses seuls amis, elle leur parlait comme à des êtres intelligents et elle écoutait leurs réponses Car ils lui répondaient. L’enfant des bohémiens, la fille des races errantes, découvrait un sens au frémissement des feuilles soulevées par la brise, au craquement des branches, aux bruits mystérieux courant à travers les futaies de Rosdorf et de la forêt d’Harbenheim, sa voisine. Au printemps, elle se réjouissait à la montée de la sève, à l’éclosion des petites feuilles vert tendre ; à l’automne, elle pleurait lorsque le sol se couvrait des dépouilles jaunies de ses amis. Elle s’inquiétait si l’été était torride et, l’hiver, venait admirer leur blanche parure, se réjouissant depuis que Lohn, le vieux domestique à tout taire de Rosdorf, lui avait appris que la neige ne les incommodait pas, bien au contraire.
Elle leur confiait tous ses chagrins, elle leur racontait toutes les amertumes dont l’abreuvaient Mademoiselle Adèle de Holsenheim et sa servante, toutes les souffrances de sa vie de petite paria, d’enfant méprisée. Les géants centenaires avaient vu couler ses larmes, ils avaient entendu les paroles de colère et de haine sortant parfois de cette petite bouche enfantine.
Car Mirka haïssait ces deux femmes. Et qui donc lui aurait appris que ce sentiment était répréhensible ? L’enfant avait poussé à l’aventure, sans direction morale, laissé aux instincts bons ou mauvais de sa nature. Celle-ci était ardente, orgueilleuse en même temps que très aimante, affamée d’un peu d’affection. De l’affection ! Personne ne lui en avait jamais témoigné à Rosdorf. Tous la détestaient, sauf peut-être le vieux Lohn. Cet homme taciturne et morose se montrait juste envers l’enfant, à défaut de réelle sympathie.
Elle était si bien ici, loin de Mademoiselle de Holsenheim et d’Aglaja ! Et ce coin du parc de Rosdorf était si joli ! Elle serait grondée, peut-être battue tout à l’heure, mais tant pis ! Une fois de plus ne comptait guère, et elle aurait au moins passé une bonne après-midi près de ce joli petit lac couvert de nénuphars et moiré de grandes plaques étincelantes par le soleil à son couchant.
Et puis elle se trouvait au milieu de ses arbres, ses chers arbres. Ils étaient ses seuls amis, elle leur parlait comme à des êtres intelligents et elle écoutait leurs réponses Car ils lui répondaient. L’enfant des bohémiens, la fille des races errantes, découvrait un sens au frémissement des feuilles soulevées par la brise, au craquement des branches, aux bruits mystérieux courant à travers les futaies de Rosdorf et de la forêt d’Harbenheim, sa voisine. Au printemps, elle se réjouissait à la montée de la sève, à l’éclosion des petites feuilles vert tendre ; à l’automne, elle pleurait lorsque le sol se couvrait des dépouilles jaunies de ses amis. Elle s’inquiétait si l’été était torride et, l’hiver, venait admirer leur blanche parure, se réjouissant depuis que Lohn, le vieux domestique à tout taire de Rosdorf, lui avait appris que la neige ne les incommodait pas, bien au contraire.
Elle leur confiait tous ses chagrins, elle leur racontait toutes les amertumes dont l’abreuvaient Mademoiselle Adèle de Holsenheim et sa servante, toutes les souffrances de sa vie de petite paria, d’enfant méprisée. Les géants centenaires avaient vu couler ses larmes, ils avaient entendu les paroles de colère et de haine sortant parfois de cette petite bouche enfantine.
Car Mirka haïssait ces deux femmes. Et qui donc lui aurait appris que ce sentiment était répréhensible ? L’enfant avait poussé à l’aventure, sans direction morale, laissé aux instincts bons ou mauvais de sa nature. Celle-ci était ardente, orgueilleuse en même temps que très aimante, affamée d’un peu d’affection. De l’affection ! Personne ne lui en avait jamais témoigné à Rosdorf. Tous la détestaient, sauf peut-être le vieux Lohn. Cet homme taciturne et morose se montrait juste envers l’enfant, à défaut de réelle sympathie.