Author: | Alfred Mousseau | ISBN: | 1230002049946 |
Publisher: | CP | Publication: | December 15, 2017 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Alfred Mousseau |
ISBN: | 1230002049946 |
Publisher: | CP |
Publication: | December 15, 2017 |
Imprint: | |
Language: | French |
Rédaction ! » Martin jeta ce mot avec l’importance d’un homme qui sait seul tout ce qu’il signifie et il entra dans la cage de l’ascenseur. Le garçon, blasé sur les intonations diverses des centaines de personnes qu’il transportait journellement, fit tout de même la réflexion qu’il avait affaire à un étranger et que cet étranger semblait plutôt préoccupé.
Les garçons d’ascenseur, quand ils sont intelligents, sont des observateurs, des philosophes au petit pied. Ils voient tant de monde, ils ont tant d’occasions d’étudier la nature humaine qu’ils ne peuvent s’empêcher de se livrer un peu à cette étude. Ils y sont même forcés, pour arriver à satisfaire le « patron » et pour plaire aux diverses personnes avec qui ils viennent en contact. Tel « business man » ne souffre pas de retard dans le départ de l’ascenseur ; tel autre, plus bienveillant, ne manifestera pas de déplaisir si le garçon attend quelques secondes pour permettre à une personne de plus d’y prendre place ; tel autre enfin s’amusera même à causer avec lui, comme s’il importait peu qu’on partît jamais. Et puis, il y a les habitués, et il y a les étrangers : il ne faut pas faire attendre ces derniers, si on ne veut pas leur donner une mauvaise, idée du journal et de l’administration. Grégoire savait tout cela — et d’autres choses encore.
Il mit la main à la manivelle. En quelques secondes, on était rendu, et l’ascenseur stoppait au quatrième étage.
« Rédaction ! » dit-il.
Martin coupa court aux pensées qui bouillonnaient dans son crâne. Les yeux brillants et l’allure décidée, quoiqu’il fût fort intimidé, il pénétra dans la salle de la rédaction.
Rédaction ! » Martin jeta ce mot avec l’importance d’un homme qui sait seul tout ce qu’il signifie et il entra dans la cage de l’ascenseur. Le garçon, blasé sur les intonations diverses des centaines de personnes qu’il transportait journellement, fit tout de même la réflexion qu’il avait affaire à un étranger et que cet étranger semblait plutôt préoccupé.
Les garçons d’ascenseur, quand ils sont intelligents, sont des observateurs, des philosophes au petit pied. Ils voient tant de monde, ils ont tant d’occasions d’étudier la nature humaine qu’ils ne peuvent s’empêcher de se livrer un peu à cette étude. Ils y sont même forcés, pour arriver à satisfaire le « patron » et pour plaire aux diverses personnes avec qui ils viennent en contact. Tel « business man » ne souffre pas de retard dans le départ de l’ascenseur ; tel autre, plus bienveillant, ne manifestera pas de déplaisir si le garçon attend quelques secondes pour permettre à une personne de plus d’y prendre place ; tel autre enfin s’amusera même à causer avec lui, comme s’il importait peu qu’on partît jamais. Et puis, il y a les habitués, et il y a les étrangers : il ne faut pas faire attendre ces derniers, si on ne veut pas leur donner une mauvaise, idée du journal et de l’administration. Grégoire savait tout cela — et d’autres choses encore.
Il mit la main à la manivelle. En quelques secondes, on était rendu, et l’ascenseur stoppait au quatrième étage.
« Rédaction ! » dit-il.
Martin coupa court aux pensées qui bouillonnaient dans son crâne. Les yeux brillants et l’allure décidée, quoiqu’il fût fort intimidé, il pénétra dans la salle de la rédaction.