Les deux petits Robinsons de la Grande-Chartreuse

( Edition intégrale ) illustré

Fiction & Literature, Action Suspense, Historical, Romance
Cover of the book Les deux petits Robinsons de la Grande-Chartreuse by Jules Taulier, Émile Bayard, Hubert Clerget, Paris : Hachette, 1867
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Author: Jules Taulier, Émile Bayard, Hubert Clerget ISBN: 1230003096246
Publisher: Paris : Hachette, 1867 Publication: February 22, 2019
Imprint: Language: French
Author: Jules Taulier, Émile Bayard, Hubert Clerget
ISBN: 1230003096246
Publisher: Paris : Hachette, 1867
Publication: February 22, 2019
Imprint:
Language: French

L’histoire :...

A la fin du siège de Lyon, en octobre 1793, la famille de Meylan est obligée de se séparer. Le père s’enfuit, pour échapper aux persécutions. La mère, avec ses deux enfants Albert, 12 ans, et Mathilde, 10 ans, rejoint Grenoble. Elle y meurt, laissant ses deux enfants seuls. Avant de mourir, elle leur avait demandé de rejoindre leur oncle, supérieur des Chartreux, au couvent de la Grande-Chartreuse. Après un nouveau voyage éprouvant, ils arrivent au couvent et constatent qu’il a été déserté, suite aux persécutions religieuses révolutionnaires. Coincés par la neige, ils passent l’hiver seuls dans ce couvent désert, apprenant peu à peu à survivre avec les réserves laissées par les religieux. Au printemps, ils sont obligés de fuir devant l’arrivée de l’administrateur du couvent. Errant dans la nature, ils sont recueillis par un bûcheron qui les amène au village de la Ruchère où ils sont hébergés par le curé du lieu. Vite adoptés par les villageois, ils se font aimer par le bien qu’ils répandant autour d’eux. Les épreuves ont épuisé la jeune Mathilde qui s’affaiblit peu à peu. Juste avant de mourir, elle a la joie de revoir son père qui vient de retrouver les deux enfants au village. Après le décès Mathilde dans les bras de son père, ils quittent le village. La Révolution terminée, ils retournent s’installer à Lyon.

L’ouvrage est l’occasion d’évoquer quelques pages historiques : la siège de Lyon, l’histoire de la Grand-Chartreuse, la Révolution dans le Dauphiné. Jules Taulier relève plusieurs fois la modération des Dauphinois, même au moment de la plus grande violence de la Révolution. C’est la raison pour laquelle il fait fuir la mère et ses enfants vers Grenoble : “La Révolution n’a pas étendu ses fureurs dans ces montagnes.” (. L’accueil au village de la Ruchère est une autre illustration de cette modération. On peut en effet s’étonner qu’en pleine Terreur (on est alors au printemps 1794), un curé puisse encore officier dans ce village :

“On le savait bien, mais on faisait comme si on ne le savait pas. En Dauphiné, le clergé a été très-peu persécuté pendant la Révolution. Les églises ont été fermées dans les grandes villes, il est vrai; l’exercice public du culte catholique y a été suspendu. Ces mesures générales, forcément exécutoires et exécutées pour éviter de plus grands malheurs, n’ont atteint. que les localités principales et n’ont coûté la vie qu’à deux prêtres, qui ont résisté, dans le sublime enthousiasme de leur foi, à tous les moyens tentés pour les sauver. Mais, dans les montagnes, dans les lieux écartés, les églises n’ont pas été fermées, et sauf quelques précautions commandées par une sage prudence, l’exercice du culte n’a presque pas été interrompu. Les curés, revêtus d’un costume laïque, parcouraient librement leur paroisse sans être le moins du monde inquiétés,et nul ne les dénonçait, nul ne songea à les persécuter.

La Révolution a passé dans cette heureuse contrée sans y laisser de traces sanglantes. Les féroces proconsuls, que Paris envoyait dans les principales villes de France, et qui s’y sont signalés par tant d’horribles massacres, n’ont pas osé se hasarder en Dauphiné. Ils savaient que les habitants ne se soumettraient pas facilement à leurs caprices sanguinaires et qu’ils ne courberaient pas la tête devant la tyrannie républicaine, cent fois pire que toutes les autres. Les Dauphinois ont toujours été amis d’une sage liberté. Indépendants par. caractère, ils se sont jadis laissé donner à la France, mais à la condition d’être traités en hommes libres. Ils n’ont jamais souffert de bourreaux chez eux.

Tolérants et affables, l’horreur du sang les a toujours portés à épargner même celui de leurs ennemis, et personne n’ignore qu’en 1572, alors que la Saint-Barthélemy faisait couler par torrents le sang des protestants par toute la France, le Dauphiné a protégé leur vie contre l’assassinat, après les avoir énergiquement combattus sur les champs de bataille. Aussi, en 1793, toutes les fureurs révolutionnaires des Dauphinois se sont bornées à l’emprisonnement, plutôt par mesure de sûreté, de quelques personnes dites suspectes, encore ont-elles été bientôt mises en liberté. “.

Comme on le voit, ces lignes sont empreintes d’un patriotisme dauphinois, un des éléments d’une identité dauphinoise qui s’est créée, un peu artificiellement, au cours du XIXe siècle, au moment même où le Dauphiné, comme entité administrative, n’existait plus. On y trouve l’image du Dauphinois libre et indépendant, ne se soumettant que raisonnablement à l’autorité, modéré dans ses passions et dans ses écarts. L’épisode de la Saint-Barthélémy est une allusion directe à un autre dauphinois, le baron de Gordes, lieutenant-général du Dauphiné, dont Jules Taulier a tracé le portrait, tout de modération et de prudence, dans une biographie publiée en 1859 : Notice historique sur Bertrand-Raymbaud Simiane, baron de Gordes.

Les passages les plus intéressants de cet ouvrage sont le voyage des deux jeunes enfants de Grenoble à la Grande-Chartreuse, puis leur séjour forcé dans ce grand couvent désert, où, au début, ils souffrent de froid et de faim, avant de trouver les riches réserves qu’ont abandonnées les religieux. Ce sont les pages les plus fortes de l’ouvrage, loin de celles consacrées au séjour à la Ruchère où l’on retrouve une littérature d’édification morale, pleine de clichés et de présupposés idéologiques sur la supériorité aristocratique et catholique. Dans les quelques pages du voyage et de l’arrivée au couvent, on retrouve l’esprit d’abandon et d’aventure de tous ces ouvrages où des êtres se retrouvent soudainement seuls dans un monde hostile, comme le premier Robinson ou l’Ile mystérieuse de Jules Verne. Malheureusement, la faiblesse du style de Jules Taulier n’a pas sur tiré le meilleur parti de la situation. Quelle puissance aurait pu atteindre l’évocation de ces deux enfants, perdus dans la nuit et le froid, dans ce couvent aux proportions gigantesques pour eux, en même temps démunis et si proches d’une abondance qui, au début, leur est inaccessible !

L’intérêt “touristique” de Jules Taulier pour la Grande-Chartreuse n’est jamais loin. Rappelons qu’il a fait paraître, au moment même où il publiait ce livre, un Guide du voyageur à la Grande-Chartreuse, Grenoble, Mainsonvile, [1860]. Le récit du voyage jusqu’à la Grande-Chartreuse, du séjour au couvent, puis à la Ruchère est l’occasion de nous faire visiter les lieux, comme dans une sorte de guide, animé par les aventures des deux jeunes héros. Il est d’ailleurs complété en fin d’ouvrage par une Note de l’éditeur. Route de la grande-Chartreuse par Saint-Laurent-du-Pont..

Critique dans la Revue des sociétés savantes des départements, Paris, 1861, dans l’article : Le mouvement littéraire dans l’Académie de Grenoble, depuis le 1er janvier 1858, par Antonin Macé:

” Ici, au contraire, le ton est simple et naturel, et ce petit livre est plein de charme et d’intérêt; l’auteur a, ici, tout à fait trouvé sa voie et son genre, et je n’aurais que des éloges sans réserve à lui donner, si je ne regrettais pas cette sorte de parti pris de jeter de l’odieux sur la révolution française, à laquelle, en dernier résultat, nous devons tout ce que nous sommes, et dont les grands principes sont le fondement des sociétés modernes.”.

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L’histoire :...

A la fin du siège de Lyon, en octobre 1793, la famille de Meylan est obligée de se séparer. Le père s’enfuit, pour échapper aux persécutions. La mère, avec ses deux enfants Albert, 12 ans, et Mathilde, 10 ans, rejoint Grenoble. Elle y meurt, laissant ses deux enfants seuls. Avant de mourir, elle leur avait demandé de rejoindre leur oncle, supérieur des Chartreux, au couvent de la Grande-Chartreuse. Après un nouveau voyage éprouvant, ils arrivent au couvent et constatent qu’il a été déserté, suite aux persécutions religieuses révolutionnaires. Coincés par la neige, ils passent l’hiver seuls dans ce couvent désert, apprenant peu à peu à survivre avec les réserves laissées par les religieux. Au printemps, ils sont obligés de fuir devant l’arrivée de l’administrateur du couvent. Errant dans la nature, ils sont recueillis par un bûcheron qui les amène au village de la Ruchère où ils sont hébergés par le curé du lieu. Vite adoptés par les villageois, ils se font aimer par le bien qu’ils répandant autour d’eux. Les épreuves ont épuisé la jeune Mathilde qui s’affaiblit peu à peu. Juste avant de mourir, elle a la joie de revoir son père qui vient de retrouver les deux enfants au village. Après le décès Mathilde dans les bras de son père, ils quittent le village. La Révolution terminée, ils retournent s’installer à Lyon.

L’ouvrage est l’occasion d’évoquer quelques pages historiques : la siège de Lyon, l’histoire de la Grand-Chartreuse, la Révolution dans le Dauphiné. Jules Taulier relève plusieurs fois la modération des Dauphinois, même au moment de la plus grande violence de la Révolution. C’est la raison pour laquelle il fait fuir la mère et ses enfants vers Grenoble : “La Révolution n’a pas étendu ses fureurs dans ces montagnes.” (. L’accueil au village de la Ruchère est une autre illustration de cette modération. On peut en effet s’étonner qu’en pleine Terreur (on est alors au printemps 1794), un curé puisse encore officier dans ce village :

“On le savait bien, mais on faisait comme si on ne le savait pas. En Dauphiné, le clergé a été très-peu persécuté pendant la Révolution. Les églises ont été fermées dans les grandes villes, il est vrai; l’exercice public du culte catholique y a été suspendu. Ces mesures générales, forcément exécutoires et exécutées pour éviter de plus grands malheurs, n’ont atteint. que les localités principales et n’ont coûté la vie qu’à deux prêtres, qui ont résisté, dans le sublime enthousiasme de leur foi, à tous les moyens tentés pour les sauver. Mais, dans les montagnes, dans les lieux écartés, les églises n’ont pas été fermées, et sauf quelques précautions commandées par une sage prudence, l’exercice du culte n’a presque pas été interrompu. Les curés, revêtus d’un costume laïque, parcouraient librement leur paroisse sans être le moins du monde inquiétés,et nul ne les dénonçait, nul ne songea à les persécuter.

La Révolution a passé dans cette heureuse contrée sans y laisser de traces sanglantes. Les féroces proconsuls, que Paris envoyait dans les principales villes de France, et qui s’y sont signalés par tant d’horribles massacres, n’ont pas osé se hasarder en Dauphiné. Ils savaient que les habitants ne se soumettraient pas facilement à leurs caprices sanguinaires et qu’ils ne courberaient pas la tête devant la tyrannie républicaine, cent fois pire que toutes les autres. Les Dauphinois ont toujours été amis d’une sage liberté. Indépendants par. caractère, ils se sont jadis laissé donner à la France, mais à la condition d’être traités en hommes libres. Ils n’ont jamais souffert de bourreaux chez eux.

Tolérants et affables, l’horreur du sang les a toujours portés à épargner même celui de leurs ennemis, et personne n’ignore qu’en 1572, alors que la Saint-Barthélemy faisait couler par torrents le sang des protestants par toute la France, le Dauphiné a protégé leur vie contre l’assassinat, après les avoir énergiquement combattus sur les champs de bataille. Aussi, en 1793, toutes les fureurs révolutionnaires des Dauphinois se sont bornées à l’emprisonnement, plutôt par mesure de sûreté, de quelques personnes dites suspectes, encore ont-elles été bientôt mises en liberté. “.

Comme on le voit, ces lignes sont empreintes d’un patriotisme dauphinois, un des éléments d’une identité dauphinoise qui s’est créée, un peu artificiellement, au cours du XIXe siècle, au moment même où le Dauphiné, comme entité administrative, n’existait plus. On y trouve l’image du Dauphinois libre et indépendant, ne se soumettant que raisonnablement à l’autorité, modéré dans ses passions et dans ses écarts. L’épisode de la Saint-Barthélémy est une allusion directe à un autre dauphinois, le baron de Gordes, lieutenant-général du Dauphiné, dont Jules Taulier a tracé le portrait, tout de modération et de prudence, dans une biographie publiée en 1859 : Notice historique sur Bertrand-Raymbaud Simiane, baron de Gordes.

Les passages les plus intéressants de cet ouvrage sont le voyage des deux jeunes enfants de Grenoble à la Grande-Chartreuse, puis leur séjour forcé dans ce grand couvent désert, où, au début, ils souffrent de froid et de faim, avant de trouver les riches réserves qu’ont abandonnées les religieux. Ce sont les pages les plus fortes de l’ouvrage, loin de celles consacrées au séjour à la Ruchère où l’on retrouve une littérature d’édification morale, pleine de clichés et de présupposés idéologiques sur la supériorité aristocratique et catholique. Dans les quelques pages du voyage et de l’arrivée au couvent, on retrouve l’esprit d’abandon et d’aventure de tous ces ouvrages où des êtres se retrouvent soudainement seuls dans un monde hostile, comme le premier Robinson ou l’Ile mystérieuse de Jules Verne. Malheureusement, la faiblesse du style de Jules Taulier n’a pas sur tiré le meilleur parti de la situation. Quelle puissance aurait pu atteindre l’évocation de ces deux enfants, perdus dans la nuit et le froid, dans ce couvent aux proportions gigantesques pour eux, en même temps démunis et si proches d’une abondance qui, au début, leur est inaccessible !

L’intérêt “touristique” de Jules Taulier pour la Grande-Chartreuse n’est jamais loin. Rappelons qu’il a fait paraître, au moment même où il publiait ce livre, un Guide du voyageur à la Grande-Chartreuse, Grenoble, Mainsonvile, [1860]. Le récit du voyage jusqu’à la Grande-Chartreuse, du séjour au couvent, puis à la Ruchère est l’occasion de nous faire visiter les lieux, comme dans une sorte de guide, animé par les aventures des deux jeunes héros. Il est d’ailleurs complété en fin d’ouvrage par une Note de l’éditeur. Route de la grande-Chartreuse par Saint-Laurent-du-Pont..

Critique dans la Revue des sociétés savantes des départements, Paris, 1861, dans l’article : Le mouvement littéraire dans l’Académie de Grenoble, depuis le 1er janvier 1858, par Antonin Macé:

” Ici, au contraire, le ton est simple et naturel, et ce petit livre est plein de charme et d’intérêt; l’auteur a, ici, tout à fait trouvé sa voie et son genre, et je n’aurais que des éloges sans réserve à lui donner, si je ne regrettais pas cette sorte de parti pris de jeter de l’odieux sur la révolution française, à laquelle, en dernier résultat, nous devons tout ce que nous sommes, et dont les grands principes sont le fondement des sociétés modernes.”.

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