Author: | Hector Berlioz | ISBN: | 1230000859691 |
Publisher: | CP | Publication: | December 26, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Hector Berlioz |
ISBN: | 1230000859691 |
Publisher: | CP |
Publication: | December 26, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
Vous avez dédié un livre (les Soirées de l’orchestre) à vos bons amis les artistes de X***, ville civilisée. Cette ville (d’Allemagne, nous le savons) n’est pas plus civilisée que beaucoup d’autres très-probablement, malgré l’intention malicieuse qui vous a fait lui donner cette épithète. Que ses artistes soient supérieurs à ceux de Paris, il est permis d’en douter, et quant à leur affection pour vous, elle ne peut, à coup sûr, être aussi vive ni aussi ancienne que la nôtre. Les choristes parisiens en général, et ceux de l’Opéra en particulier, vous sont dévoués corps et âme ; ils vous l’ont prouvé maintes fois de toutes les façons. Ont-ils murmuré de la longueur des répétitions, de la rigueur de vos exigences musicales, de vos interpellations violentes, de vos accès de fureur même, pendant les études du Requiem, du Te Deum, de Romeo et Juliette, de la Damnation de Faust, de l’Enfance du Christ, etc. ?… Jamais, jamais, Ils ont toujours, au contraire, rempli leur tâche avec zèle et une patience inaltérable. Vous n’êtes pourtant pas flatteur pour les hommes, ni galant pour les dames, pendant ces terribles répétitions.
Quand l’heure de commencer approche, si le personnel du chœur n’est pas au grand complet, s’il manque quelqu’un, vous vous promenez autour du piano comme le lion du Jardin des Plantes dans sa cage, vous grondez sourdement en mordant votre lèvre inférieure, vos yeux lancent de fauves éclairs ; on vous salue, vous détournez la tête ; vous frappez de temps en temps avec violence sur le clavier des accords dissonants qui indiquent votre colère intérieure, et nous disent clairement que vous seriez capable de déchirer les retardataires, les absents… s’ils étaient présents.
Vous avez dédié un livre (les Soirées de l’orchestre) à vos bons amis les artistes de X***, ville civilisée. Cette ville (d’Allemagne, nous le savons) n’est pas plus civilisée que beaucoup d’autres très-probablement, malgré l’intention malicieuse qui vous a fait lui donner cette épithète. Que ses artistes soient supérieurs à ceux de Paris, il est permis d’en douter, et quant à leur affection pour vous, elle ne peut, à coup sûr, être aussi vive ni aussi ancienne que la nôtre. Les choristes parisiens en général, et ceux de l’Opéra en particulier, vous sont dévoués corps et âme ; ils vous l’ont prouvé maintes fois de toutes les façons. Ont-ils murmuré de la longueur des répétitions, de la rigueur de vos exigences musicales, de vos interpellations violentes, de vos accès de fureur même, pendant les études du Requiem, du Te Deum, de Romeo et Juliette, de la Damnation de Faust, de l’Enfance du Christ, etc. ?… Jamais, jamais, Ils ont toujours, au contraire, rempli leur tâche avec zèle et une patience inaltérable. Vous n’êtes pourtant pas flatteur pour les hommes, ni galant pour les dames, pendant ces terribles répétitions.
Quand l’heure de commencer approche, si le personnel du chœur n’est pas au grand complet, s’il manque quelqu’un, vous vous promenez autour du piano comme le lion du Jardin des Plantes dans sa cage, vous grondez sourdement en mordant votre lèvre inférieure, vos yeux lancent de fauves éclairs ; on vous salue, vous détournez la tête ; vous frappez de temps en temps avec violence sur le clavier des accords dissonants qui indiquent votre colère intérieure, et nous disent clairement que vous seriez capable de déchirer les retardataires, les absents… s’ils étaient présents.