Les mystères de Marseille

Fiction & Literature, Classics
Cover of the book Les mystères de Marseille by Emile Zola, largau
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Author: Emile Zola ISBN: 1230000250360
Publisher: largau Publication: July 6, 2014
Imprint: Language: French
Author: Emile Zola
ISBN: 1230000250360
Publisher: largau
Publication: July 6, 2014
Imprint:
Language: French

Extrait du livre: 

Vers la fin du mois de mai 184., un homme, d’une trentaine d’années, marchait rapidement dans un sentier du quartier Saint-Joseph, près des Aygalades. Il avait confié son cheval au méger d’une campagne voisine, et il se dirigeait vers une grande maison carrée, solidement bâtie, sorte de château campagnard comme on en trouve beaucoup sur les coteaux de la Provence.
 L’homme fit un détour pour éviter le château et alla s’asseoir au fond d’un bois de pins, qui s’étendait derrière l’habitation. Là, écartant les branches, inquiet et fiévreux, il interrogea les sentiers du regard, semblant attendre quelqu’un avec impatience. Par moments, il se levait, faisait quelques pas, puis s’asseyait de nouveau en frémissant.
 Cet homme, haut de taille et de tournure étrange, portait de larges favoris noirs. Son visage allongé, creusé de traits énergiques, avait une sorte de beauté violente et emportée. Et, brusquement, ses yeux s’adoucirent, ses lèvres épaisses eurent un sourire tendre. Une jeune fille venait de sortir du château, et, se courbant comme pour se cacher, elle accourait vers le bois de pins.
 Haletante, toute rose, elle arriva sous les arbres. Elle avait à peine seize ans. Au milieu des rubans bleus de son chapeau de paille, son jeune visage souriait d’un air joyeux et effarouché. Ses cheveux blonds tombaient sur ses épaules ; ses petites mains, appuyées contre sa poitrine, tâchaient de calmer les bonds de son cœur.
 « Comme vous vous faites attendre, Blanche ! dit le jeune homme Je n’espérais plus vous voir. »
 Et il la fit asseoir à son côté, sur la mousse.
 « Pardonnez-moi, Philippe, répondit la jeune fille.

Mon oncle est allé à Aix pour acheter une propriété ; mais je ne pouvais me débarrasser de ma gouvernante. »
 Elle s’abandonna à l’étreinte de celui qu’elle aimait, et les deux amoureux eurent une de ces longues causeries, si niaises et si douces. Blanche était une grande enfant qui jouait avec son amant comme elle aurait joué avec une poupée. Philippe, ardent et muet, serrait et regardait la jeune fille avec tous les emportements de l’ambition et de la passion.
 Et, comme ils étaient là, oubliant le monde, ils aperçurent, en levant la tête, des paysans qui suivaient le sentier voisin et qui les regardaient en riant. Blanche, effrayée, s’écarta de son amant.
 « Je suis perdue ! dit-elle toute pâle. Ces hommes vont avertir mon oncle. Ah ! par pitié, sauvez-moi, Philippe. »
 À ce cri, le jeune homme se leva d’un mouvement brusque.
 « Si vous voulez que je vous sauve, répondit-il avec feu, il faut que vous me suiviez. Venez, fuyons ensemble. Demain, votre oncle consentira à notre mariage... Nous contenterons éternellement nos tendresses.
 - Fuir, fuir... répétait l’enfant. Ah ! je ne m’en sens pas le courage. Je suis trop faible, trop craintive...
 - Je te soutiendrai, Blanche... Nous vivrons une vie d’amour. »
 Blanche, sans entendre, sans répondre, laissa tomber sa tête sur l’épaule de Philippe.
 « Oh ! j’ai peur, j’ai peur du couvent, reprit-elle à voix basse. Tu m’épouseras, tu m’aimeras toujours ?
 - Je t’aime... Vois, je suis à genoux. »

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Extrait du livre: 

Vers la fin du mois de mai 184., un homme, d’une trentaine d’années, marchait rapidement dans un sentier du quartier Saint-Joseph, près des Aygalades. Il avait confié son cheval au méger d’une campagne voisine, et il se dirigeait vers une grande maison carrée, solidement bâtie, sorte de château campagnard comme on en trouve beaucoup sur les coteaux de la Provence.
 L’homme fit un détour pour éviter le château et alla s’asseoir au fond d’un bois de pins, qui s’étendait derrière l’habitation. Là, écartant les branches, inquiet et fiévreux, il interrogea les sentiers du regard, semblant attendre quelqu’un avec impatience. Par moments, il se levait, faisait quelques pas, puis s’asseyait de nouveau en frémissant.
 Cet homme, haut de taille et de tournure étrange, portait de larges favoris noirs. Son visage allongé, creusé de traits énergiques, avait une sorte de beauté violente et emportée. Et, brusquement, ses yeux s’adoucirent, ses lèvres épaisses eurent un sourire tendre. Une jeune fille venait de sortir du château, et, se courbant comme pour se cacher, elle accourait vers le bois de pins.
 Haletante, toute rose, elle arriva sous les arbres. Elle avait à peine seize ans. Au milieu des rubans bleus de son chapeau de paille, son jeune visage souriait d’un air joyeux et effarouché. Ses cheveux blonds tombaient sur ses épaules ; ses petites mains, appuyées contre sa poitrine, tâchaient de calmer les bonds de son cœur.
 « Comme vous vous faites attendre, Blanche ! dit le jeune homme Je n’espérais plus vous voir. »
 Et il la fit asseoir à son côté, sur la mousse.
 « Pardonnez-moi, Philippe, répondit la jeune fille.

Mon oncle est allé à Aix pour acheter une propriété ; mais je ne pouvais me débarrasser de ma gouvernante. »
 Elle s’abandonna à l’étreinte de celui qu’elle aimait, et les deux amoureux eurent une de ces longues causeries, si niaises et si douces. Blanche était une grande enfant qui jouait avec son amant comme elle aurait joué avec une poupée. Philippe, ardent et muet, serrait et regardait la jeune fille avec tous les emportements de l’ambition et de la passion.
 Et, comme ils étaient là, oubliant le monde, ils aperçurent, en levant la tête, des paysans qui suivaient le sentier voisin et qui les regardaient en riant. Blanche, effrayée, s’écarta de son amant.
 « Je suis perdue ! dit-elle toute pâle. Ces hommes vont avertir mon oncle. Ah ! par pitié, sauvez-moi, Philippe. »
 À ce cri, le jeune homme se leva d’un mouvement brusque.
 « Si vous voulez que je vous sauve, répondit-il avec feu, il faut que vous me suiviez. Venez, fuyons ensemble. Demain, votre oncle consentira à notre mariage... Nous contenterons éternellement nos tendresses.
 - Fuir, fuir... répétait l’enfant. Ah ! je ne m’en sens pas le courage. Je suis trop faible, trop craintive...
 - Je te soutiendrai, Blanche... Nous vivrons une vie d’amour. »
 Blanche, sans entendre, sans répondre, laissa tomber sa tête sur l’épaule de Philippe.
 « Oh ! j’ai peur, j’ai peur du couvent, reprit-elle à voix basse. Tu m’épouseras, tu m’aimeras toujours ?
 - Je t’aime... Vois, je suis à genoux. »

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