Author: | Michel ZÉVACO | ISBN: | 1230000228825 |
Publisher: | Michel ZÉVACO | Publication: | March 28, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Michel ZÉVACO |
ISBN: | 1230000228825 |
Publisher: | Michel ZÉVACO |
Publication: | March 28, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
EXTRAIT:
Saêtta s’arrêta devant la table du ministre et s’inclina profondément, mais sans servilité, avec une sorte de fierté narquoise.
Sully fixa sur lui son œil scrutateur. Ce coup d’œil lui suffit pour juger le personnage. Sans aménité, brusquement, sèchement, il dit :
– C’est vous qui prétendez apporter au Trésor une somme de dix millions ?
Nullement intimidé, Saêtta rectifia froidement :
– J’apporte en effet dix millions au Trésor, monseigneur. Sully le fixa le quart d’une seconde et, avec la même brusquerie :
– Soit. Où sont ces millions ? Parlez. Et surtout soyez bref : je n’ai pas de temps à perdre.
L’accueil eût démonté un solliciteur ordinaire. Il eût écrasé un courtisan. Mais Saêtta ne se considérait pas comme un solliciteur, et il n’était pas courtisan. Il ne fut pas démonté : il fut piqué. Et se redressant, du tac au tac, il répliqua :
– Je sais que votre temps est précieux, monseigneur. Je ne vous demande que dix minutes en échange de quoi je vous donne dix millions… Un million par minute… C’est assez bien payé, même pour un ministre.
La réponse était plutôt impertinente. Sully fronça le sourcil et allongea la main vers le marteau pour appeler et faire jeter dehors l’insolent.
Mais cet homme remarquable, qui rendit d’éminents services à son roi, avait un faible, comme tous les hommes, qu’ils soient illustres ou obscurs. Le faible de Sully était l’intérêt. L’intérêt frisant de près la rapacité.
Il réfléchit que s’il faisait jeter dehors l’homme avant qu’il eût parlé, il courait le risque de perdre dix millions. La somme méritait d’être prise en considération, sinon l’homme qui lui paraissait négligeable.
EXTRAIT:
Saêtta s’arrêta devant la table du ministre et s’inclina profondément, mais sans servilité, avec une sorte de fierté narquoise.
Sully fixa sur lui son œil scrutateur. Ce coup d’œil lui suffit pour juger le personnage. Sans aménité, brusquement, sèchement, il dit :
– C’est vous qui prétendez apporter au Trésor une somme de dix millions ?
Nullement intimidé, Saêtta rectifia froidement :
– J’apporte en effet dix millions au Trésor, monseigneur. Sully le fixa le quart d’une seconde et, avec la même brusquerie :
– Soit. Où sont ces millions ? Parlez. Et surtout soyez bref : je n’ai pas de temps à perdre.
L’accueil eût démonté un solliciteur ordinaire. Il eût écrasé un courtisan. Mais Saêtta ne se considérait pas comme un solliciteur, et il n’était pas courtisan. Il ne fut pas démonté : il fut piqué. Et se redressant, du tac au tac, il répliqua :
– Je sais que votre temps est précieux, monseigneur. Je ne vous demande que dix minutes en échange de quoi je vous donne dix millions… Un million par minute… C’est assez bien payé, même pour un ministre.
La réponse était plutôt impertinente. Sully fronça le sourcil et allongea la main vers le marteau pour appeler et faire jeter dehors l’insolent.
Mais cet homme remarquable, qui rendit d’éminents services à son roi, avait un faible, comme tous les hommes, qu’ils soient illustres ou obscurs. Le faible de Sully était l’intérêt. L’intérêt frisant de près la rapacité.
Il réfléchit que s’il faisait jeter dehors l’homme avant qu’il eût parlé, il courait le risque de perdre dix millions. La somme méritait d’être prise en considération, sinon l’homme qui lui paraissait négligeable.