Author: | Eugène Dick | ISBN: | 1230000618663 |
Publisher: | GILBERT TEROL | Publication: | August 20, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Eugène Dick |
ISBN: | 1230000618663 |
Publisher: | GILBERT TEROL |
Publication: | August 20, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait :
— J’ai perdu la partie, cette fois… Mais… je reviendrai !
Tel avait été l’adieu menaçant jeté aux échos de la baie de Kécarpoui par Gaspard Labarou au moment où, toutes les voiles et pavillons au vent, le « Marsouin » s’éloignait vers le large.
C’était, — on s’en souvient, — dans la matinée du 25 juin 1853, entre neuf et dix heures.
La brise soufflait de l’est ; mais le soleil, déjà haut, tiédissait son haleine qu’avaient refroidie, au delà du détroit de Belle-Isle, les glaces descendues des régions polaires.
Vers quel point du golfe se dirigeait le « Marsouin ? »…
Les deux compères qui le commandaient auraient été bien empêchés de le dire, leur eût-on posé cette simple question au moment précis où nous les retrouvons à leur bord.
Thomas Noël, toutefois, avait pris la roue et gouvernait vers le large, comme s’il eût voulu tout d’abord perdre de vue cette baie ensoleillée où il venait de jouer un rôle assez peu enviable, il nous faut bien l’avouer.
De son côté, Gaspard, l’œil fixé sur les falaises de la côte du Labrador et les promontoires qui enserrent la baie de Kécarpoui, demeurait immobile, les bras croisés, le regard sombre, sans desserrer les dents.
À l’avant, les deux matelots composant l’équipage fumaient nonchalamment leurs courtes pipes de plâtre, sans avoir l’air autrement intrigués par l’événement tout à fait imprévu qui venait de changer un joyeux voyage de noce en une fuite précipitée.
Et le « Marsouin », légèrement penché sur son flanc de tribord, courait toujours vers le sud, dépassant sur droite le Grand-Mécatina et gagnant avec rapidité les vastes espaces libres de cette partie du golfe qui baigne, d’un côté la pointe est de l’Anticosti, et, de l’autre, les rivages occidentaux de Terre-Neuve.
Quand les linéaments capricieux de la chaîne de montagnes servant d’arrière-plan à l’estuaire de Kécarpoui, se furent enfin fondus dans le brouillard qu’illuminait le superbe soleil de juin, une sorte de frémissement parut secouer Gaspard des pieds à la tête.
Il frappa de son poing le plat-bord en face de lui :
— Malheur ! dit-il, ouvrant pour la seconde fois ses lèvres serrées… tout est bien fini à cette heure… Suzanne est perdue pour moi !
— Hum ! hum ! se contenta de tousser Thomas, flegmatique comme d’habitude.
— Oh ! il n’y a pas à faire hum !… Je te dis que je suis f… comme cinq cent quarante mille maquereaux mis en coque.
Extrait :
— J’ai perdu la partie, cette fois… Mais… je reviendrai !
Tel avait été l’adieu menaçant jeté aux échos de la baie de Kécarpoui par Gaspard Labarou au moment où, toutes les voiles et pavillons au vent, le « Marsouin » s’éloignait vers le large.
C’était, — on s’en souvient, — dans la matinée du 25 juin 1853, entre neuf et dix heures.
La brise soufflait de l’est ; mais le soleil, déjà haut, tiédissait son haleine qu’avaient refroidie, au delà du détroit de Belle-Isle, les glaces descendues des régions polaires.
Vers quel point du golfe se dirigeait le « Marsouin ? »…
Les deux compères qui le commandaient auraient été bien empêchés de le dire, leur eût-on posé cette simple question au moment précis où nous les retrouvons à leur bord.
Thomas Noël, toutefois, avait pris la roue et gouvernait vers le large, comme s’il eût voulu tout d’abord perdre de vue cette baie ensoleillée où il venait de jouer un rôle assez peu enviable, il nous faut bien l’avouer.
De son côté, Gaspard, l’œil fixé sur les falaises de la côte du Labrador et les promontoires qui enserrent la baie de Kécarpoui, demeurait immobile, les bras croisés, le regard sombre, sans desserrer les dents.
À l’avant, les deux matelots composant l’équipage fumaient nonchalamment leurs courtes pipes de plâtre, sans avoir l’air autrement intrigués par l’événement tout à fait imprévu qui venait de changer un joyeux voyage de noce en une fuite précipitée.
Et le « Marsouin », légèrement penché sur son flanc de tribord, courait toujours vers le sud, dépassant sur droite le Grand-Mécatina et gagnant avec rapidité les vastes espaces libres de cette partie du golfe qui baigne, d’un côté la pointe est de l’Anticosti, et, de l’autre, les rivages occidentaux de Terre-Neuve.
Quand les linéaments capricieux de la chaîne de montagnes servant d’arrière-plan à l’estuaire de Kécarpoui, se furent enfin fondus dans le brouillard qu’illuminait le superbe soleil de juin, une sorte de frémissement parut secouer Gaspard des pieds à la tête.
Il frappa de son poing le plat-bord en face de lui :
— Malheur ! dit-il, ouvrant pour la seconde fois ses lèvres serrées… tout est bien fini à cette heure… Suzanne est perdue pour moi !
— Hum ! hum ! se contenta de tousser Thomas, flegmatique comme d’habitude.
— Oh ! il n’y a pas à faire hum !… Je te dis que je suis f… comme cinq cent quarante mille maquereaux mis en coque.