Author: | Jacques Boulenger | ISBN: | 1230002317984 |
Publisher: | Paris : Fischbacher, 1903 | Publication: | May 12, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Jacques Boulenger |
ISBN: | 1230002317984 |
Publisher: | Paris : Fischbacher, 1903 |
Publication: | May 12, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Organisation générale du parti protestant. Les assemblées politiques. Les assemblées ecclésiastiques. Celles-ci maintiennent l’unité du parti. Importance du consistoire.
On a déjà étudié la situation sociale des protestants avant et après l’édit de Nantes. M. Paul de Felice publie un ouvrage dans lequel il nous renseigne sur leur culte, la vie de leurs pasteurs, le fonctionnement de leurs assemblées et leur pédagogie. Mais l’inconvénient de ce livre est de s’étendre sur un plan trop vaste. L’évolution du parti protestant n’y est pas nettement marquée, faute de précision, et le mot «autrefois» remplace trop souvent la date exacte que l’on souhaiterait.
En outre, comment se comportait le gouvernement communal dans les villes huguenotes? Quels étaient les rapports des réformés avec les catholiques? Est-il juste de dire que les protestants formaient un État dans l’État? On pourra élucider ces questions lorsqu’un certain nombre de monographies auront fait bien connaître l’organisation du parti réformé dans les différentes provinces de France. C’est dans l’espoir de contribuer à ce résultat que l’on s’est proposé d’étudier ici la situation sociale et religieuse des calvinistes dans le colloque de Nîmes.
Organisation générale du parti.—En 1594, les protestants, réunis à Sainte-Foy, réorganisaient leur parti comme il l’était avant l’avènement de Henri IV. Le règlement politique qu’ils adoptèrent les mettait peut-être à part du reste des Français, mais on n’avait pas alors ce patriotisme dont la dernière forme apparut sous la Révolution, et le reste des Français voulait massacrer, brûler ou pour le moins convertir les protestants. En outre, depuis l’avènement de Henri IV, cinq années s’étaient écoulées sans que les huguenots pussent rien obtenir de leur ancien chef que des promesses, d’ailleurs vagues. Ils commençaient à se détromper sur son compte: tant qu’il fut roi de Navarre et héritier présomptif, il réclama avec eux la liberté du culte; mais, devenu roi de France, il lui parut que les idées conservatrices étaient les bonnes et les protestants des rebelles; il voulait «vivre en réalité, jouir enfin, et se reposer». Aussi ne se soucia-t-il plus de brouiller ses affaires avec le pape et de s’aliéner la majorité catholique de ses sujets. Les huguenots s’en aperçurent et crurent bon de se réorganiser: c’est alors qu’ils adoptèrent le fameux règlement de Sainte-Foy qui fut revisé à Saumur (1595) et à Loudun (1596).
Ils se divisaient en neuf provinces dont chacune avait: 1o un conseil provincial permanent de cinq ou sept membres; 2o une assemblée composée de trois députés par colloque qui se tenait une fois l’an. En outre une assemblée générale, composée de deux députés pour chaque province, plus un pour La Rochelle, devait s’occuper des affaires générales du parti.
A côté de ces assemblées politiques, ils conservaient leur ancien système d’assemblées ecclésiastiques. La France était divisée en Provinces qui se composaient d’un certain nombre d’églises dressées, gouvernées chacune par une assemblée élue nommée Consistoire et desservie par un ou plusieurs pasteurs. Dans chaque province, les églises se groupaient en Colloques; et, dans chacun de ces colloques, une assemblée, composée des députés de toutes les églises et nommée pareillement Colloque, jugeait en premier appel les causes déjà examinées par les consistoires et réglait les différends des églises entre elles. On pouvait appeler des décisions du colloque au Synode provincial formé des députés de tous les consistoires de la province. Et enfin, en dernier ressort, on recourait au Synode national composé par les députés des synodes provinciaux de France.
Toutes ces assemblées ecclésiastiques devaient faire appliquer la Discipline, et les assemblées politiques avaient à diriger la conduite politique du parti. Il semble au premier abord que celles-ci soient plus intéressantes que les premières. Mais, au point de vue un peu spécial de cette étude, cela n’est pas exact.
Je souhaiterais, en effet, de montrer l’état intime du parti. Comment vivaient les huguenots d’une ville comme Nîmes, par exemple? Quels étaient leurs rapports avec les autorités, à une époque où la loi ne fixait pas nettement leurs droits ni leurs devoirs? Comment se comportaient-ils à l’égard des catholiques?
I.—Les pasteurs
Leurs fonctions
Leur entretien. Contrats d’engagement.—Gages en espèces.—Gages en nature.—Avantages matériels.—Pauvreté.—Pension de retraite.—«Assistance» de leurs veuves et orphelins
Petit nombre des pasteurs.—Difficulté d’acquérir un pasteur «perpétuel».—Négociations.—Dissensions entre les églises à ce sujet
«Proposants» ou écoliers en théologie. Contrats d’engagement.—Études.—Prérogatives.—Entretien.—Jean Terond et Mardochée Suffren
II.—Composition et fonctionnement du consistoire
Composition. Fonctions du «diacre» et de l’«ancien».—Membres du consistoire.—Leurs élections.—Leur classe sociale.—Oppositions.—Entrée en charge.—Division du travail.—Employés
Fonctionnement. Séances ordinaires.—Leurs dates.—Leur présidence.—«Quorum» obligatoire.—Séances de censure.—Consistoires extraordinaires.—Ce qu’on entend par «actes consistoriaux»
III.—Les finances du consistoire
Comptes du «receveur des deniers de l’église» et du «receveur des deniers des pauvres»
Deniers des pauvres. Recettes.—Qui on assiste.—Secours en nature.—Tableau des secours délivrés par le consistoire de Nîmes entre janvier et mars 1596.—Visites de charité.—Surveillance de l’hôpital des pauvres
Deniers de l’église. Dépenses.—Recettes: les imposés; la levée des rôles.—Églises «ingrates».—Pension payée par la ville
IV.—L’autorité du consistoire sur les fidèles
Lutte du consistoire contre l’influence catholique. «Superstitions».—La tradition catholique
Les «vices» qu’il combat. La «paillardise.»—Adultère et divorce.—Enquêtes de mœurs.—La «coquetterie».—Les censurés mécontents
Son intervention dans les querelles de ménage.—Les bancs du temple.—Réconciliations
Plaisirs permis. Spectacles et jeux défendus.—Le repos du dimanche.—Fêtes de corporations.—La danse interdite.—Les «charivaris»
Dénonciations.—Police consistoriale
Citations à comparaître; retards à s’y rendre.—Enquêtes.—Peines décrétées; leur application. Les nobles et les notables.—Entente des consistoires pour la police
V.—Influence des assemblées sur le gouvernement municipal
Consuls. Les anciens au conseil de ville.—Les consuls et les conseillers aux consistoires extraordinaires.—Influence réciproque.—La police faite par le consistoire.—Pension payée à l’église par la ville
Magistrats. Moins soumis que les consuls.—Leur ingérence dans les affaires ecclésiastiques.—Mesures de résistance.—Ils assistent aux consistoires extraordinaires.—Ils exécutent les décisions consistoriales.—Juridiction du consistoire
Conclusion. La théocratie nîmoise.—Protestation des magistrats contre le développement de la juridiction du consistoire (1562).—Influence personnelle des pasteurs et des anciens
VI.—Rapports avec les catholiques
Méfiance réciproque des papistes et des huguenots
Un «parti» catholique dans le colloque.—Son impopularité.—Relâchement des mœurs du clergé
Le calvinisme religion d’État.—Entraves à l’exercice du culte romain.—Les catholiques exclus du gouvernement.—Mesures vexatoires prises contre eux.—Les rentiers des bénéfices dépouillés ou taxés pour l’entretien des pasteurs.—Arrêts du Parlement et de la cour des Aides contre cet état de choses
VII.—Rapports avec les catholiques (Suite).
Lutte d’influence morale entre les deux partis
Propagande par les écrits. Les synodes la régularisent.—Commission pour l’examen des ouvrages.—Les imprimeurs responsables.—Pasteurs désignés pour répondre aux pamphlets.—Pasteurs poursuivis en justice
Propagande par la parole. 1. Controverses. Permission du magistrat.—Exemple: controverse entre Daniel Chamier et le P. Coton (1600).—Influence des controverses sur la foi et les conversions.—2. Prédications. Succès du P. Coton.—Influence des jésuites
Conversions. Les prêtres convertis aidés pécuniairement. Règlement calviniste pour les conversions.—Nouveaux catholiques persécutés
Conclusion
Les réformés du Bas-Languedoc accueillent froidement l’édit de Nantes.—Pendant les négociations de l’assemblée générale avec le roi, ils affectent de se croire trahis
Raisons de cette mauvaise volonté. Ils ne souhaitent pas qu’un édit vienne changer quoi que ce soit à leur état.—Ce ne pourrait être qu’au profit des catholiques.—Leur petite république de fait s’en verrait atteinte
Organisation générale du parti protestant. Les assemblées politiques. Les assemblées ecclésiastiques. Celles-ci maintiennent l’unité du parti. Importance du consistoire.
On a déjà étudié la situation sociale des protestants avant et après l’édit de Nantes. M. Paul de Felice publie un ouvrage dans lequel il nous renseigne sur leur culte, la vie de leurs pasteurs, le fonctionnement de leurs assemblées et leur pédagogie. Mais l’inconvénient de ce livre est de s’étendre sur un plan trop vaste. L’évolution du parti protestant n’y est pas nettement marquée, faute de précision, et le mot «autrefois» remplace trop souvent la date exacte que l’on souhaiterait.
En outre, comment se comportait le gouvernement communal dans les villes huguenotes? Quels étaient les rapports des réformés avec les catholiques? Est-il juste de dire que les protestants formaient un État dans l’État? On pourra élucider ces questions lorsqu’un certain nombre de monographies auront fait bien connaître l’organisation du parti réformé dans les différentes provinces de France. C’est dans l’espoir de contribuer à ce résultat que l’on s’est proposé d’étudier ici la situation sociale et religieuse des calvinistes dans le colloque de Nîmes.
Organisation générale du parti.—En 1594, les protestants, réunis à Sainte-Foy, réorganisaient leur parti comme il l’était avant l’avènement de Henri IV. Le règlement politique qu’ils adoptèrent les mettait peut-être à part du reste des Français, mais on n’avait pas alors ce patriotisme dont la dernière forme apparut sous la Révolution, et le reste des Français voulait massacrer, brûler ou pour le moins convertir les protestants. En outre, depuis l’avènement de Henri IV, cinq années s’étaient écoulées sans que les huguenots pussent rien obtenir de leur ancien chef que des promesses, d’ailleurs vagues. Ils commençaient à se détromper sur son compte: tant qu’il fut roi de Navarre et héritier présomptif, il réclama avec eux la liberté du culte; mais, devenu roi de France, il lui parut que les idées conservatrices étaient les bonnes et les protestants des rebelles; il voulait «vivre en réalité, jouir enfin, et se reposer». Aussi ne se soucia-t-il plus de brouiller ses affaires avec le pape et de s’aliéner la majorité catholique de ses sujets. Les huguenots s’en aperçurent et crurent bon de se réorganiser: c’est alors qu’ils adoptèrent le fameux règlement de Sainte-Foy qui fut revisé à Saumur (1595) et à Loudun (1596).
Ils se divisaient en neuf provinces dont chacune avait: 1o un conseil provincial permanent de cinq ou sept membres; 2o une assemblée composée de trois députés par colloque qui se tenait une fois l’an. En outre une assemblée générale, composée de deux députés pour chaque province, plus un pour La Rochelle, devait s’occuper des affaires générales du parti.
A côté de ces assemblées politiques, ils conservaient leur ancien système d’assemblées ecclésiastiques. La France était divisée en Provinces qui se composaient d’un certain nombre d’églises dressées, gouvernées chacune par une assemblée élue nommée Consistoire et desservie par un ou plusieurs pasteurs. Dans chaque province, les églises se groupaient en Colloques; et, dans chacun de ces colloques, une assemblée, composée des députés de toutes les églises et nommée pareillement Colloque, jugeait en premier appel les causes déjà examinées par les consistoires et réglait les différends des églises entre elles. On pouvait appeler des décisions du colloque au Synode provincial formé des députés de tous les consistoires de la province. Et enfin, en dernier ressort, on recourait au Synode national composé par les députés des synodes provinciaux de France.
Toutes ces assemblées ecclésiastiques devaient faire appliquer la Discipline, et les assemblées politiques avaient à diriger la conduite politique du parti. Il semble au premier abord que celles-ci soient plus intéressantes que les premières. Mais, au point de vue un peu spécial de cette étude, cela n’est pas exact.
Je souhaiterais, en effet, de montrer l’état intime du parti. Comment vivaient les huguenots d’une ville comme Nîmes, par exemple? Quels étaient leurs rapports avec les autorités, à une époque où la loi ne fixait pas nettement leurs droits ni leurs devoirs? Comment se comportaient-ils à l’égard des catholiques?
I.—Les pasteurs
Leurs fonctions
Leur entretien. Contrats d’engagement.—Gages en espèces.—Gages en nature.—Avantages matériels.—Pauvreté.—Pension de retraite.—«Assistance» de leurs veuves et orphelins
Petit nombre des pasteurs.—Difficulté d’acquérir un pasteur «perpétuel».—Négociations.—Dissensions entre les églises à ce sujet
«Proposants» ou écoliers en théologie. Contrats d’engagement.—Études.—Prérogatives.—Entretien.—Jean Terond et Mardochée Suffren
II.—Composition et fonctionnement du consistoire
Composition. Fonctions du «diacre» et de l’«ancien».—Membres du consistoire.—Leurs élections.—Leur classe sociale.—Oppositions.—Entrée en charge.—Division du travail.—Employés
Fonctionnement. Séances ordinaires.—Leurs dates.—Leur présidence.—«Quorum» obligatoire.—Séances de censure.—Consistoires extraordinaires.—Ce qu’on entend par «actes consistoriaux»
III.—Les finances du consistoire
Comptes du «receveur des deniers de l’église» et du «receveur des deniers des pauvres»
Deniers des pauvres. Recettes.—Qui on assiste.—Secours en nature.—Tableau des secours délivrés par le consistoire de Nîmes entre janvier et mars 1596.—Visites de charité.—Surveillance de l’hôpital des pauvres
Deniers de l’église. Dépenses.—Recettes: les imposés; la levée des rôles.—Églises «ingrates».—Pension payée par la ville
IV.—L’autorité du consistoire sur les fidèles
Lutte du consistoire contre l’influence catholique. «Superstitions».—La tradition catholique
Les «vices» qu’il combat. La «paillardise.»—Adultère et divorce.—Enquêtes de mœurs.—La «coquetterie».—Les censurés mécontents
Son intervention dans les querelles de ménage.—Les bancs du temple.—Réconciliations
Plaisirs permis. Spectacles et jeux défendus.—Le repos du dimanche.—Fêtes de corporations.—La danse interdite.—Les «charivaris»
Dénonciations.—Police consistoriale
Citations à comparaître; retards à s’y rendre.—Enquêtes.—Peines décrétées; leur application. Les nobles et les notables.—Entente des consistoires pour la police
V.—Influence des assemblées sur le gouvernement municipal
Consuls. Les anciens au conseil de ville.—Les consuls et les conseillers aux consistoires extraordinaires.—Influence réciproque.—La police faite par le consistoire.—Pension payée à l’église par la ville
Magistrats. Moins soumis que les consuls.—Leur ingérence dans les affaires ecclésiastiques.—Mesures de résistance.—Ils assistent aux consistoires extraordinaires.—Ils exécutent les décisions consistoriales.—Juridiction du consistoire
Conclusion. La théocratie nîmoise.—Protestation des magistrats contre le développement de la juridiction du consistoire (1562).—Influence personnelle des pasteurs et des anciens
VI.—Rapports avec les catholiques
Méfiance réciproque des papistes et des huguenots
Un «parti» catholique dans le colloque.—Son impopularité.—Relâchement des mœurs du clergé
Le calvinisme religion d’État.—Entraves à l’exercice du culte romain.—Les catholiques exclus du gouvernement.—Mesures vexatoires prises contre eux.—Les rentiers des bénéfices dépouillés ou taxés pour l’entretien des pasteurs.—Arrêts du Parlement et de la cour des Aides contre cet état de choses
VII.—Rapports avec les catholiques (Suite).
Lutte d’influence morale entre les deux partis
Propagande par les écrits. Les synodes la régularisent.—Commission pour l’examen des ouvrages.—Les imprimeurs responsables.—Pasteurs désignés pour répondre aux pamphlets.—Pasteurs poursuivis en justice
Propagande par la parole. 1. Controverses. Permission du magistrat.—Exemple: controverse entre Daniel Chamier et le P. Coton (1600).—Influence des controverses sur la foi et les conversions.—2. Prédications. Succès du P. Coton.—Influence des jésuites
Conversions. Les prêtres convertis aidés pécuniairement. Règlement calviniste pour les conversions.—Nouveaux catholiques persécutés
Conclusion
Les réformés du Bas-Languedoc accueillent froidement l’édit de Nantes.—Pendant les négociations de l’assemblée générale avec le roi, ils affectent de se croire trahis
Raisons de cette mauvaise volonté. Ils ne souhaitent pas qu’un édit vienne changer quoi que ce soit à leur état.—Ce ne pourrait être qu’au profit des catholiques.—Leur petite république de fait s’en verrait atteinte