Author: | Julie Gouraud | ISBN: | 1230003096826 |
Publisher: | Paris : Hachette, 1876 | Publication: | February 22, 2019 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Julie Gouraud |
ISBN: | 1230003096826 |
Publisher: | Paris : Hachette, 1876 |
Publication: | February 22, 2019 |
Imprint: | |
Language: | French |
Il n’y a pas quarante ans, Trouville était un village ignoré. On y comptait à peine cent maisons, bâties en bois pour la plupart. Tous les habitants étaient pêcheurs ou l’avaient été. Hommes et femmes allaient chaque semaine vendre au Havre et à Honfleur le produit de leur pêche.
Aujourd’hui, on arrive de tous côtés à Trouville, devenu le séjour de l’élégance et du confort. Les Parisiens admirent l’heureux contraste que forment la plage et une végétation vigoureuse, phénomène si rare sur les côtes maritimes ; ils apprécient ces rues régulières, ces maisons coquettes et commodes ; ils trouvent à l’établissement des journaux et des livres ; le piano s’y fait entendre ; des artistes viennent donner des concerts ; la toilette est de rigueur : les femmes rivalisent de bon goût et quelquefois de folie. Tout cela est charmant, je le veux bien ; mais quand on a connu le vieux Trouville, il est impossible de l’oublier.
L’auberge du Bras-d’Or n’avait point de concurrence ; elle était exclusivement fréquentée par les gens du pays. Les rares étrangers qui venaient visiter cette belle plage y vivaient d’une vie nouvelle qui les enchantait.
Pour une somme très modique, les pêcheurs montaient au grenier, et laissaient leurs hôtes en possession de deux chambres qui n’avaient rien de commun avec le logement de l’auberge : planchers de sapin, lit de sapin, rideaux rouges à ramages, une superbe armoire de bois sculpté avec un certain art, et renfermant de bon linge de toile, une pile de fichus de couleur pour les jours de fête, les habits du mari et le déshabillé de la femme ; tel était l’intérieur d’une chambre de pêcheur à Trouville ; ajoutons qu’une statuette de la sainte Vierge était l’unique ornement de la cheminée. Les repas se prenaient dans la cuisine ou la maison, comme disent les gens du pays ; quoique la ménagère l’habitât, la propreté n’en souffrait nullement.
Personne ne songeait à l’établissement classique d’un lieu de réunion. La bonhomie des pêcheurs et leurs récits n’étaient pas dénués de charme. Chaque mère de famille avait de longues et tristes histoires à raconter à ses hôtes. On écoutait, on frémissait, on aimait ces hommes vivant au milieu des tempêtes. On aimait ces femmes, fidèles gardiennes du foyer.
Il n’y a pas quarante ans, Trouville était un village ignoré. On y comptait à peine cent maisons, bâties en bois pour la plupart. Tous les habitants étaient pêcheurs ou l’avaient été. Hommes et femmes allaient chaque semaine vendre au Havre et à Honfleur le produit de leur pêche.
Aujourd’hui, on arrive de tous côtés à Trouville, devenu le séjour de l’élégance et du confort. Les Parisiens admirent l’heureux contraste que forment la plage et une végétation vigoureuse, phénomène si rare sur les côtes maritimes ; ils apprécient ces rues régulières, ces maisons coquettes et commodes ; ils trouvent à l’établissement des journaux et des livres ; le piano s’y fait entendre ; des artistes viennent donner des concerts ; la toilette est de rigueur : les femmes rivalisent de bon goût et quelquefois de folie. Tout cela est charmant, je le veux bien ; mais quand on a connu le vieux Trouville, il est impossible de l’oublier.
L’auberge du Bras-d’Or n’avait point de concurrence ; elle était exclusivement fréquentée par les gens du pays. Les rares étrangers qui venaient visiter cette belle plage y vivaient d’une vie nouvelle qui les enchantait.
Pour une somme très modique, les pêcheurs montaient au grenier, et laissaient leurs hôtes en possession de deux chambres qui n’avaient rien de commun avec le logement de l’auberge : planchers de sapin, lit de sapin, rideaux rouges à ramages, une superbe armoire de bois sculpté avec un certain art, et renfermant de bon linge de toile, une pile de fichus de couleur pour les jours de fête, les habits du mari et le déshabillé de la femme ; tel était l’intérieur d’une chambre de pêcheur à Trouville ; ajoutons qu’une statuette de la sainte Vierge était l’unique ornement de la cheminée. Les repas se prenaient dans la cuisine ou la maison, comme disent les gens du pays ; quoique la ménagère l’habitât, la propreté n’en souffrait nullement.
Personne ne songeait à l’établissement classique d’un lieu de réunion. La bonhomie des pêcheurs et leurs récits n’étaient pas dénués de charme. Chaque mère de famille avait de longues et tristes histoires à raconter à ses hôtes. On écoutait, on frémissait, on aimait ces hommes vivant au milieu des tempêtes. On aimait ces femmes, fidèles gardiennes du foyer.