Les dérives de la Modernité démocratique.
Le blog politique d’Alain Soral est l'un des plus visités de France : ce constat dérange et interroge. D'une part, Soral exècre le système démocratique, fustige la « république maçonnique », fait commerce de l’antisémitisme et entretient l’imaginaire conspirationniste. Mais d'autre part, les principes qu'il invoque sont ceux de notre Modernité démocratique : liberté d’expression contre « censure » ; discours antiraciste (au service de la haine des Juifs) ; esprit critique face aux « vérités officielles »... Le tout diffusé de façon très efficace sur Internet et les réseaux sociaux. Un paradoxe terrible s’impose à nous : les principes de la Modernité démocratique se retournent désormais contre eux-mêmes.
A partir du travail d'enquête qu'il a mené sur Alain Soral et son entourage, c'est le symptôme d'un danger plus global que Bruno Di Mascio analyse. Celui d'une société moderne arrivée au bout de ses contradictions, où le débat public valorise l’extrémisme pulsionnel plutôt que la critique raisonnée, et où les conflits identitaires sont attisés par l’ouverture à la globalisation. Le conspirationnisme et la défiance communautaire se banalisent pour mener au séparatisme politique, intellectuel et symbolique, dans un pays fracturé. La France de Soral serait-elle la France qui vient ?
Une étude très intéressante qui souligne la pente glissante qu'est en train d'emprunter le débat public, où antisémitisme et conspirationnisme occupent malheureusement toujours plus d'espace !
EXTRAIT
Que ce soit à l’occasion d’un attentat, d’une élection ou d’une crise économique, les thèses conspirationnistes s’immiscent dans le débat public. Sur les réseaux sociaux et les blogs spécialisés, elles prétendent démasquer l’action malfaisante des services secrets français, américains ou israéliens. En France, les figures de proue du mouvement conspirationniste sont incontestablement l’humoriste Dieudonné et surtout Alain Soral, essayiste et président du mouvement Égalité & Réconciliation (E&R). À chaque événement d’actualité d’ampleur, l’un et l’autre élaborent et relaient massivement les théories du complot sur fond d’antisémitisme ; une vision du monde qui se retrouve jusque dans les spectacles de Dieudonné. Le succès de ce phénomène ne doit pas être sous-estimé : si la « Liste Antisioniste » qu’ils ont conduite aux élections européennes de 2009 en Île-de-France n’avait alors obtenu « que » 1,30 % des voix (mais plus de 5 % dans certaines communes de Seine-Saint-Denis), sur le plan médiatique, en revanche, dieudosphere.com (le site de Dieudonné) et egaliteetreconciliation.fr (celui de Soral) font partie des sites les plus visités en France, avec 4 à 12 millions de visiteurs par mois. Ils sont ainsi plus consultés que des sites d’informations comme Atlantico ou Médiapart. C’est à tel point que dans deux discours prononcés en 2013, Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, a nommément dénoncé l’emprise idéologique d’Alain Soral.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Bruno Di Mascio, né à Rouen en 1994, est diplômé de l'Institut d'Études Politiques de Paris et de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales. Les souterrains de la démocratie est son premier livre.
Les dérives de la Modernité démocratique.
Le blog politique d’Alain Soral est l'un des plus visités de France : ce constat dérange et interroge. D'une part, Soral exècre le système démocratique, fustige la « république maçonnique », fait commerce de l’antisémitisme et entretient l’imaginaire conspirationniste. Mais d'autre part, les principes qu'il invoque sont ceux de notre Modernité démocratique : liberté d’expression contre « censure » ; discours antiraciste (au service de la haine des Juifs) ; esprit critique face aux « vérités officielles »... Le tout diffusé de façon très efficace sur Internet et les réseaux sociaux. Un paradoxe terrible s’impose à nous : les principes de la Modernité démocratique se retournent désormais contre eux-mêmes.
A partir du travail d'enquête qu'il a mené sur Alain Soral et son entourage, c'est le symptôme d'un danger plus global que Bruno Di Mascio analyse. Celui d'une société moderne arrivée au bout de ses contradictions, où le débat public valorise l’extrémisme pulsionnel plutôt que la critique raisonnée, et où les conflits identitaires sont attisés par l’ouverture à la globalisation. Le conspirationnisme et la défiance communautaire se banalisent pour mener au séparatisme politique, intellectuel et symbolique, dans un pays fracturé. La France de Soral serait-elle la France qui vient ?
Une étude très intéressante qui souligne la pente glissante qu'est en train d'emprunter le débat public, où antisémitisme et conspirationnisme occupent malheureusement toujours plus d'espace !
EXTRAIT
Que ce soit à l’occasion d’un attentat, d’une élection ou d’une crise économique, les thèses conspirationnistes s’immiscent dans le débat public. Sur les réseaux sociaux et les blogs spécialisés, elles prétendent démasquer l’action malfaisante des services secrets français, américains ou israéliens. En France, les figures de proue du mouvement conspirationniste sont incontestablement l’humoriste Dieudonné et surtout Alain Soral, essayiste et président du mouvement Égalité & Réconciliation (E&R). À chaque événement d’actualité d’ampleur, l’un et l’autre élaborent et relaient massivement les théories du complot sur fond d’antisémitisme ; une vision du monde qui se retrouve jusque dans les spectacles de Dieudonné. Le succès de ce phénomène ne doit pas être sous-estimé : si la « Liste Antisioniste » qu’ils ont conduite aux élections européennes de 2009 en Île-de-France n’avait alors obtenu « que » 1,30 % des voix (mais plus de 5 % dans certaines communes de Seine-Saint-Denis), sur le plan médiatique, en revanche, dieudosphere.com (le site de Dieudonné) et egaliteetreconciliation.fr (celui de Soral) font partie des sites les plus visités en France, avec 4 à 12 millions de visiteurs par mois. Ils sont ainsi plus consultés que des sites d’informations comme Atlantico ou Médiapart. C’est à tel point que dans deux discours prononcés en 2013, Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, a nommément dénoncé l’emprise idéologique d’Alain Soral.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Bruno Di Mascio, né à Rouen en 1994, est diplômé de l'Institut d'Études Politiques de Paris et de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales. Les souterrains de la démocratie est son premier livre.