Author: | Pierre Alexis Ponson du Terrail | ISBN: | 1230003272640 |
Publisher: | Librairie internationale (Paris) 1867 | Publication: | June 11, 2019 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Pierre Alexis Ponson du Terrail |
ISBN: | 1230003272640 |
Publisher: | Librairie internationale (Paris) 1867 |
Publication: | June 11, 2019 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait: Il est un personnage de cette histoire que nous avons un peu perdue de vue.
C’est une jolie actrice des théâtres de genre, appelée Pauline Régis, qui avait tant aimé le malheureux Manuel de Maugeville.
Pauline ne savait absolument rien de tout ce qui s’était passé depuis un mois.
Paris est la grande ville où viennent se confondre et mourir tous les bruits.
A peine si quelquefois un journal répète, en manière défaits-divers, un crime, un enlèvement commis en province, en empruntant ce récit à une feuille départementale.
Puis, le lendemain, il n’en est plus question.
Pauline vivait dans la retraite la plus absolue depuis un mois.
Elle ne lisait pas de journaux ; elle ne jouait pas, ne répétait pas, et par conséquent n’allait pas au théâtre.
Son appartement était clos aux visiteurs, et la consigne était rigoureusement observée.
La jeune femme s’était dit :
— J’ai le cœur malade, et mon mal n’a d’autre remède que le temps. Je ne veux parler à personne et je ne veux pas qu’on m’en parle. Si je me guéris jamais, je reparaîtrai dans ce monde qui oublie si vite, et qui m’a déjà presque oubliée.
On se souvient que. Corinne, quelques jours avant son départ pour Roche-pinte, était parvenue à forcer la consigne et à pénétrer chez Pauline.
On se souvient encore que, tandis que les deux amies déjeunaient, une fenêtre s’était ouverte au troisième étage de la maison voisine, de l’autre côté de la rue, et que tout à coup Corinne, ébahie, avait aperçu M. de Villenave hébété, stupide à cette fenêtre.
On sait ce qui était advenu, mais Pauline ne le savait pas.
Depuis ce jour-là, elle n’avait pas revu Corinne, et Corinne ne lui avait point écrit. Tout en ayant rompu avec la plupart de ses relations et ne se montrant plus ni au bois, ni aux courses, ni aux premières, Pauline ne s’était pourtant pas condamnée à une réclusion perpétuelle.
Quelquefois, le soir, un voile-masque sur le visage, elle montait dans une voiture de place et allait respirer le grand air.
Quelquefois aussi elle sortait de très-bonne heure, s’en allait à pied jusqu’au manège de la rue Duphot, qui est à deux pas de la rue Caumartin, demandait un cheval et poussait jusqu’au rond-point du Cèdre ou à la grille de Boulogne.
C’étaient là ses seules distractions.
Le reste du temps, elle demeurait chez elle et travaillait.
Extrait: Il est un personnage de cette histoire que nous avons un peu perdue de vue.
C’est une jolie actrice des théâtres de genre, appelée Pauline Régis, qui avait tant aimé le malheureux Manuel de Maugeville.
Pauline ne savait absolument rien de tout ce qui s’était passé depuis un mois.
Paris est la grande ville où viennent se confondre et mourir tous les bruits.
A peine si quelquefois un journal répète, en manière défaits-divers, un crime, un enlèvement commis en province, en empruntant ce récit à une feuille départementale.
Puis, le lendemain, il n’en est plus question.
Pauline vivait dans la retraite la plus absolue depuis un mois.
Elle ne lisait pas de journaux ; elle ne jouait pas, ne répétait pas, et par conséquent n’allait pas au théâtre.
Son appartement était clos aux visiteurs, et la consigne était rigoureusement observée.
La jeune femme s’était dit :
— J’ai le cœur malade, et mon mal n’a d’autre remède que le temps. Je ne veux parler à personne et je ne veux pas qu’on m’en parle. Si je me guéris jamais, je reparaîtrai dans ce monde qui oublie si vite, et qui m’a déjà presque oubliée.
On se souvient que. Corinne, quelques jours avant son départ pour Roche-pinte, était parvenue à forcer la consigne et à pénétrer chez Pauline.
On se souvient encore que, tandis que les deux amies déjeunaient, une fenêtre s’était ouverte au troisième étage de la maison voisine, de l’autre côté de la rue, et que tout à coup Corinne, ébahie, avait aperçu M. de Villenave hébété, stupide à cette fenêtre.
On sait ce qui était advenu, mais Pauline ne le savait pas.
Depuis ce jour-là, elle n’avait pas revu Corinne, et Corinne ne lui avait point écrit. Tout en ayant rompu avec la plupart de ses relations et ne se montrant plus ni au bois, ni aux courses, ni aux premières, Pauline ne s’était pourtant pas condamnée à une réclusion perpétuelle.
Quelquefois, le soir, un voile-masque sur le visage, elle montait dans une voiture de place et allait respirer le grand air.
Quelquefois aussi elle sortait de très-bonne heure, s’en allait à pied jusqu’au manège de la rue Duphot, qui est à deux pas de la rue Caumartin, demandait un cheval et poussait jusqu’au rond-point du Cèdre ou à la grille de Boulogne.
C’étaient là ses seules distractions.
Le reste du temps, elle demeurait chez elle et travaillait.