Mémoires d'Outre-Tombe

Biography & Memoir, Philosophers, Literary, Historical
Cover of the book Mémoires d'Outre-Tombe by Chateaubriand, Martine Dubouil
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Author: Chateaubriand ISBN: 1230002597027
Publisher: Martine Dubouil Publication: September 30, 2018
Imprint: Language: French
Author: Chateaubriand
ISBN: 1230002597027
Publisher: Martine Dubouil
Publication: September 30, 2018
Imprint:
Language: French

VIE POLITIQUE : 1814-1830

La troisième partie des Mémoires d'Outre-Tombe, c'est la carrière politique de Chateaubriand sous la Restauration, de 1814 à 1830.

Elle débute par une étude biographique et historique sur Napoléon, à laquelle Chateaubriand a mêlé les événements de sa propre vie, surtout à partir de l'année 1812, tout particulièrement en 1814 et pendant les Cent-Jours. Cette étude est conduite jusqu'à la mort de Napoléon à Sainte-Hélène. Comment se fait-il que Chateaubriand ait consacré autant de pages à l'histoire de Napoléon dans ses propres Mémoires ? C'est que, d'abord, il y avait dans cette histoire un élément de succès assuré pour le livre. Jamais l'attention publique n'avait été attirée plus fortement sur cette histoire prodigieuse, que dans les années qui suivirent la révolution de 1830 jusqu'au retour des cendres de Sainte-Hélène. Aux anciens mémoires de l'époque de la Restauration qui se réimprimaient sans cesse, le merveilleux Mémorial de Las-Cases, les Mémoires pour servir à l'histoire de France sous Napoléon de Gourgaud et Montholon, l'Histoire de Napoléon et de la Grande Armée pendant l'année 1812 du comte de Ségur, qui a tant servi à Chateaubriand pour son tableau de la campagne de Russie, comme à Victor Hugo pour l'Expiation, venaient se joindre chaque année, presque chaque mois, des Mémoires nouveaux, plus ou moins authentiques, qui entretenaient la curiosité, exaltaient l'imagination : les dix volumes de Mémoires de Bourrienne, par exemple, l'ancien secrétaire de Bonaparte (1829-1831), ceux de l'intarissable duchesse d'Abrantès (1831) ou les Souvenirs de la reine Hortense, pour citer quelques-uns de ceux qu'a lus Chateaubriand.

À cette raison de succès et de mode, il en faut joindre une autre particulière à Chateaubriand : le désir d'associer sa gloire à celle de l'Empereur. « Napoléon et moi ! » Que l'on blâme, que l’on approuve cet orgueil, ou simplement, que l'on se contente d'en sourire, il est certain que cette idée a hanté l'auteur. Celui qui a pu écrire cette phrase extraordinaire : « Si Napoléon en avait fini avec les rois, il n'en avait pas fini avec moi ! », celui-là, certes, ne se fût pas contenté de dire, comme Mme de Staël : « Sire, j'aurai une ligne dans votre histoire. » Il avait conscience d'être l'écrivain qui avait le plus influé sur la pensée française au début de ce siècle : il faisait comparaître à son tribunal l'homme qui avait façonné le siècle à son image. L'entreprise était plus courageuse qu'on ne l'imagine : tant d'apologies en vers et en prose, de mémoires, de chansons et de gravures, avaient transformé cette grande figure ! Tant de contemporains voilaient leur apostasie, récente encore, d'éloges hyperboliques ? Le mensonge était à chaque pas, et l'on tenait au mensonge. L'essai de Chateaubriand, il faut qu'on le sache est la première tentative faite pour proclamer la vérité, sans passion et sans haine. À tout prendre; il a écrit sur ce sujet, où personne n'est impartial, des pages définitives et parfois sublimes ; il les a écrites sans rabaisser l'homme, simplement en se plaçant au point de vue de principes éternels de la morale et de l'humanité.

Il est une autre figure bien différente, qui apparaît dans cette troisième partie et lui prête sa douceur et sa grâce : c'est Mme Récamier. En particulier l'ambassade à Rome est racontée presque uniquement avec les lettres de Chateaubriand à Mme Récamier. Quels inoubliables paysages de la Ville éternelle, sa grande inspiratrice, il a tracés dans ces lettres ! Le désir d'associer à sa gloire celle qui était la compagne, la confidente du vieil écrivain, celle qui entretenait avec dévotion le feu sacré et l'encens sur l'autel, ce désir-là est manifeste. Il nous a valu ce long retour en arrière vers les périodes du Consulat et de l'Empire, les pages délicieuses sur la première rencontre avec Mme Récamier et surtout le souvenir ému, profond, attendri du dîner chez Mme de Staël en 1817, où René eut la révélation du plus grand amour qui embellit la fin de sa vie : « Je tournai un peu la tête, et je levai les yeux. Je craindrais de profaner aujourd'hui par la bouche de mes années un sentiment qui conserve dans ma mémoire toute sa jeunesse et dont le charme s'accroît à mesure que ma vie se retire. » Nulle beauté n'a reçu des lèvres d'un poète plus discret, plus ardent hommage.

Puis Chateaubriand raconte les événements de 1830, l'escamotage de la royauté, les piquantes entrevues avec le duc et la duchesse d'Orléans, leurs tentatives inutiles de séduction et la fin de sa carrière politique.

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VIE POLITIQUE : 1814-1830

La troisième partie des Mémoires d'Outre-Tombe, c'est la carrière politique de Chateaubriand sous la Restauration, de 1814 à 1830.

Elle débute par une étude biographique et historique sur Napoléon, à laquelle Chateaubriand a mêlé les événements de sa propre vie, surtout à partir de l'année 1812, tout particulièrement en 1814 et pendant les Cent-Jours. Cette étude est conduite jusqu'à la mort de Napoléon à Sainte-Hélène. Comment se fait-il que Chateaubriand ait consacré autant de pages à l'histoire de Napoléon dans ses propres Mémoires ? C'est que, d'abord, il y avait dans cette histoire un élément de succès assuré pour le livre. Jamais l'attention publique n'avait été attirée plus fortement sur cette histoire prodigieuse, que dans les années qui suivirent la révolution de 1830 jusqu'au retour des cendres de Sainte-Hélène. Aux anciens mémoires de l'époque de la Restauration qui se réimprimaient sans cesse, le merveilleux Mémorial de Las-Cases, les Mémoires pour servir à l'histoire de France sous Napoléon de Gourgaud et Montholon, l'Histoire de Napoléon et de la Grande Armée pendant l'année 1812 du comte de Ségur, qui a tant servi à Chateaubriand pour son tableau de la campagne de Russie, comme à Victor Hugo pour l'Expiation, venaient se joindre chaque année, presque chaque mois, des Mémoires nouveaux, plus ou moins authentiques, qui entretenaient la curiosité, exaltaient l'imagination : les dix volumes de Mémoires de Bourrienne, par exemple, l'ancien secrétaire de Bonaparte (1829-1831), ceux de l'intarissable duchesse d'Abrantès (1831) ou les Souvenirs de la reine Hortense, pour citer quelques-uns de ceux qu'a lus Chateaubriand.

À cette raison de succès et de mode, il en faut joindre une autre particulière à Chateaubriand : le désir d'associer sa gloire à celle de l'Empereur. « Napoléon et moi ! » Que l'on blâme, que l’on approuve cet orgueil, ou simplement, que l'on se contente d'en sourire, il est certain que cette idée a hanté l'auteur. Celui qui a pu écrire cette phrase extraordinaire : « Si Napoléon en avait fini avec les rois, il n'en avait pas fini avec moi ! », celui-là, certes, ne se fût pas contenté de dire, comme Mme de Staël : « Sire, j'aurai une ligne dans votre histoire. » Il avait conscience d'être l'écrivain qui avait le plus influé sur la pensée française au début de ce siècle : il faisait comparaître à son tribunal l'homme qui avait façonné le siècle à son image. L'entreprise était plus courageuse qu'on ne l'imagine : tant d'apologies en vers et en prose, de mémoires, de chansons et de gravures, avaient transformé cette grande figure ! Tant de contemporains voilaient leur apostasie, récente encore, d'éloges hyperboliques ? Le mensonge était à chaque pas, et l'on tenait au mensonge. L'essai de Chateaubriand, il faut qu'on le sache est la première tentative faite pour proclamer la vérité, sans passion et sans haine. À tout prendre; il a écrit sur ce sujet, où personne n'est impartial, des pages définitives et parfois sublimes ; il les a écrites sans rabaisser l'homme, simplement en se plaçant au point de vue de principes éternels de la morale et de l'humanité.

Il est une autre figure bien différente, qui apparaît dans cette troisième partie et lui prête sa douceur et sa grâce : c'est Mme Récamier. En particulier l'ambassade à Rome est racontée presque uniquement avec les lettres de Chateaubriand à Mme Récamier. Quels inoubliables paysages de la Ville éternelle, sa grande inspiratrice, il a tracés dans ces lettres ! Le désir d'associer à sa gloire celle qui était la compagne, la confidente du vieil écrivain, celle qui entretenait avec dévotion le feu sacré et l'encens sur l'autel, ce désir-là est manifeste. Il nous a valu ce long retour en arrière vers les périodes du Consulat et de l'Empire, les pages délicieuses sur la première rencontre avec Mme Récamier et surtout le souvenir ému, profond, attendri du dîner chez Mme de Staël en 1817, où René eut la révélation du plus grand amour qui embellit la fin de sa vie : « Je tournai un peu la tête, et je levai les yeux. Je craindrais de profaner aujourd'hui par la bouche de mes années un sentiment qui conserve dans ma mémoire toute sa jeunesse et dont le charme s'accroît à mesure que ma vie se retire. » Nulle beauté n'a reçu des lèvres d'un poète plus discret, plus ardent hommage.

Puis Chateaubriand raconte les événements de 1830, l'escamotage de la royauté, les piquantes entrevues avec le duc et la duchesse d'Orléans, leurs tentatives inutiles de séduction et la fin de sa carrière politique.

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