Author: | Amédée Achard | ISBN: | 1230002238746 |
Publisher: | Calmann Lévy (Paris) 1882 | Publication: | March 27, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Amédée Achard |
ISBN: | 1230002238746 |
Publisher: | Calmann Lévy (Paris) 1882 |
Publication: | March 27, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait:
« L’autre jour encore j’étais à Paris, mon cher Victor ; maintenant je suis en Touraine, dans un beau château dont la maîtresse est l’une des plus charmantes femmes du faubourg Saint-Germain. J’ai fui devant ma colère ; le grand air, le mouvement, la vie agitée que l’on mène ici, la gaieté des compagnons qui m’entourent, la belle humeur de Mme de Fréneuse la dissiperont – ils ? Je l’ignore. Mais avant de te faire connaître les motifs qu m’ont fait sauter, un matin, de mon petit appartement de la rue d’Astorg aux bords fameux de la Loire, il faut que je mette un peu d’ordre dans mes idées et que je voie clair dans ma situation. Je te préviens que ce ne sera pas aisé. Mon sang bouillonne, et j’ai des envies folles de chercher querelle à l’univers entier. Ah ! que je comprends ces paladins d’autrefois qui, bravement plantés au milieu d’un carrefour, suspendaient leur écu aux branches d’un chêne et provoquaient aux estocades quiconque passait à portée de leur lance ! Tout le monde n’a pas comme toi le don de rire quand le malheur ou l’injustice cogne à votre porte.
« Rien ne me manque ici, et il me semble que la terre va crouler. Je ne te dirai pas que j’ai le pressentiment d’une catastrophe. Le mot serait tout à la fois bête et prétentieux ; mais j’ai la certitude que les éléments qui constituent mon existence sociale et l’existence aussi de tout ce qui m’entoure, vont se dissoudre. Il me serait fort difficile de te dire d’où me vient cette conviction. Demande à l’oiseau de mer quel sens lui fait deviner qu’une tempête accourt du fond d’un horizon limpide ? 11 pousse un cri rauque, bat le flot de ses ailes, et le marin, qui l’observe, se prépare à soutenir l’assaut des vagues et du vent. Hier encore je naviguais sur une mer calme ; demain tous les vents déchaînés vont m’entraîner je ne sais....
Extrait:
« L’autre jour encore j’étais à Paris, mon cher Victor ; maintenant je suis en Touraine, dans un beau château dont la maîtresse est l’une des plus charmantes femmes du faubourg Saint-Germain. J’ai fui devant ma colère ; le grand air, le mouvement, la vie agitée que l’on mène ici, la gaieté des compagnons qui m’entourent, la belle humeur de Mme de Fréneuse la dissiperont – ils ? Je l’ignore. Mais avant de te faire connaître les motifs qu m’ont fait sauter, un matin, de mon petit appartement de la rue d’Astorg aux bords fameux de la Loire, il faut que je mette un peu d’ordre dans mes idées et que je voie clair dans ma situation. Je te préviens que ce ne sera pas aisé. Mon sang bouillonne, et j’ai des envies folles de chercher querelle à l’univers entier. Ah ! que je comprends ces paladins d’autrefois qui, bravement plantés au milieu d’un carrefour, suspendaient leur écu aux branches d’un chêne et provoquaient aux estocades quiconque passait à portée de leur lance ! Tout le monde n’a pas comme toi le don de rire quand le malheur ou l’injustice cogne à votre porte.
« Rien ne me manque ici, et il me semble que la terre va crouler. Je ne te dirai pas que j’ai le pressentiment d’une catastrophe. Le mot serait tout à la fois bête et prétentieux ; mais j’ai la certitude que les éléments qui constituent mon existence sociale et l’existence aussi de tout ce qui m’entoure, vont se dissoudre. Il me serait fort difficile de te dire d’où me vient cette conviction. Demande à l’oiseau de mer quel sens lui fait deviner qu’une tempête accourt du fond d’un horizon limpide ? 11 pousse un cri rauque, bat le flot de ses ailes, et le marin, qui l’observe, se prépare à soutenir l’assaut des vagues et du vent. Hier encore je naviguais sur une mer calme ; demain tous les vents déchaînés vont m’entraîner je ne sais....