Omphale ou la Tapisserie amoureuse

Fiction & Literature, Literary
Cover of the book Omphale ou la Tapisserie amoureuse by Théophile Gautier, NA
View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart
Author: Théophile Gautier ISBN: 1230000252543
Publisher: NA Publication: July 15, 2014
Imprint: Language: French
Author: Théophile Gautier
ISBN: 1230000252543
Publisher: NA
Publication: July 15, 2014
Imprint:
Language: French

Ce livre comporte une table des matières dynamique, a été relu et corrigé.
Extrait: J’entendis les anneaux des rideaux de mon lit glisser en criant sur leurs tringles, comme si l’on eût tiré précipitamment les courtines. Je m’éveillai ; du moins dans mon rêve il me sembla que je m’éveillais. Je ne vis personne.
La lune donnait sur les carreaux et projetait dans la chambre sa lueur bleue et blafarde. De grandes ombres, des formes bizarres, se dessinaient sur le plancher et sur les murailles. La pendule sonna un quart ; la vibration fut longue à s’éteindre ; on aurait dit un soupir. Les pulsations du balancier, qu’on entendait parfaitement, ressemblaient à s’y méprendre au cœur d’une personne émue.
Je n’étais rien moins qu’à mon aise et je ne savais trop que penser.
Un furieux coup de vent fit battre les volets et ployer le vitrage de la fenêtre. Les boiseries craquèrent, la tapisserie ondula. Je me hasardai à regarder du côté d’Omphale, soupçonnant confusément qu’elle était pour quelque chose dans tout cela. Je ne m’étais pas trompé.
La tapisserie s’agita violemment. Omphale se détacha du mur et sauta légèrement sur le parquet ; elle vint à mon lit en ayant soin de se tourner du côté de l’endroit. Je crois qu’il n’est pas nécessaire de raconter ma stupéfaction. Le vieux militaire le plus intrépide n’aurait pas été trop rassuré dans une pareille circonstance, et je n’étais ni vieux ni militaire. J’attendis en silence la fin de l’aventure.
Une petite voix flûtée et perlée résonna doucement à mon oreille, avec ce grasseyement mignard affecté sous la Régence par les marquises et les gens du bon ton :
« Est-ce que je te fais peur, mon enfant ? Il est vrai que tu n’es qu’un enfant ; mais cela n’est pas joli d’avoir peur des dames, surtout de celles qui sont jeunes et te veulent du bien ; cela n’est ni honnête ni français ; il faut te corriger de ces craintes-là. Allons, petit sauvage, quitte cette mine et ne te cache pas la tête sous les couvertures. Il y aura beaucoup à faire à ton éducation, et tu n’es guère avancé, mon beau page ; de mon temps les Chérubins étaient plus délibérés que tu ne l’es.
— Mais, dame, c’est que…
— C’est que cela te semble étrange de me voir ici et non là, dit-elle en pinçant légèrement sa lèvre rouge avec ses dents blanches, et en étendant vers la muraille son doigt long et effilé.
En effet, la chose n’est pas trop naturelle ; mais, quand je te l’expliquerais, tu ne la comprendrais guère mieux : qu’il te suffise donc de savoir que tu ne cours aucun danger.
— Je crains que vous ne soyez le… le…
— Le diable, tranchons le mot, n’est-ce pas ? c’est cela que tu voulais dire ; au moins tu conviendras que je ne suis pas trop noire pour un diable, et que, si l’enfer était peuplé de diables faits comme moi, on y passerait son temps aussi agréablement qu’en paradis. »
Pour montrer qu’elle ne se vantais pas, Omphale rejeta en arrière sa peau de lion et me fit voir des épaules et un sein d’une forme parfaite et d’une blancheur éblouissante.

View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart

Ce livre comporte une table des matières dynamique, a été relu et corrigé.
Extrait: J’entendis les anneaux des rideaux de mon lit glisser en criant sur leurs tringles, comme si l’on eût tiré précipitamment les courtines. Je m’éveillai ; du moins dans mon rêve il me sembla que je m’éveillais. Je ne vis personne.
La lune donnait sur les carreaux et projetait dans la chambre sa lueur bleue et blafarde. De grandes ombres, des formes bizarres, se dessinaient sur le plancher et sur les murailles. La pendule sonna un quart ; la vibration fut longue à s’éteindre ; on aurait dit un soupir. Les pulsations du balancier, qu’on entendait parfaitement, ressemblaient à s’y méprendre au cœur d’une personne émue.
Je n’étais rien moins qu’à mon aise et je ne savais trop que penser.
Un furieux coup de vent fit battre les volets et ployer le vitrage de la fenêtre. Les boiseries craquèrent, la tapisserie ondula. Je me hasardai à regarder du côté d’Omphale, soupçonnant confusément qu’elle était pour quelque chose dans tout cela. Je ne m’étais pas trompé.
La tapisserie s’agita violemment. Omphale se détacha du mur et sauta légèrement sur le parquet ; elle vint à mon lit en ayant soin de se tourner du côté de l’endroit. Je crois qu’il n’est pas nécessaire de raconter ma stupéfaction. Le vieux militaire le plus intrépide n’aurait pas été trop rassuré dans une pareille circonstance, et je n’étais ni vieux ni militaire. J’attendis en silence la fin de l’aventure.
Une petite voix flûtée et perlée résonna doucement à mon oreille, avec ce grasseyement mignard affecté sous la Régence par les marquises et les gens du bon ton :
« Est-ce que je te fais peur, mon enfant ? Il est vrai que tu n’es qu’un enfant ; mais cela n’est pas joli d’avoir peur des dames, surtout de celles qui sont jeunes et te veulent du bien ; cela n’est ni honnête ni français ; il faut te corriger de ces craintes-là. Allons, petit sauvage, quitte cette mine et ne te cache pas la tête sous les couvertures. Il y aura beaucoup à faire à ton éducation, et tu n’es guère avancé, mon beau page ; de mon temps les Chérubins étaient plus délibérés que tu ne l’es.
— Mais, dame, c’est que…
— C’est que cela te semble étrange de me voir ici et non là, dit-elle en pinçant légèrement sa lèvre rouge avec ses dents blanches, et en étendant vers la muraille son doigt long et effilé.
En effet, la chose n’est pas trop naturelle ; mais, quand je te l’expliquerais, tu ne la comprendrais guère mieux : qu’il te suffise donc de savoir que tu ne cours aucun danger.
— Je crains que vous ne soyez le… le…
— Le diable, tranchons le mot, n’est-ce pas ? c’est cela que tu voulais dire ; au moins tu conviendras que je ne suis pas trop noire pour un diable, et que, si l’enfer était peuplé de diables faits comme moi, on y passerait son temps aussi agréablement qu’en paradis. »
Pour montrer qu’elle ne se vantais pas, Omphale rejeta en arrière sa peau de lion et me fit voir des épaules et un sein d’une forme parfaite et d’une blancheur éblouissante.

More books from NA

Cover of the book How to Make Money Online: Domain Trading by Théophile Gautier
Cover of the book L’ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche Tome II by Théophile Gautier
Cover of the book Egarement de la raison by Théophile Gautier
Cover of the book Stopping MS by Théophile Gautier
Cover of the book Les Noirs de l'Afrique by Théophile Gautier
Cover of the book Mise à dispo by Théophile Gautier
Cover of the book Attalea princeps by Théophile Gautier
Cover of the book Aux pieds de mon maître by Théophile Gautier
Cover of the book LA JEUNE VAMPIRE suivi de LA SILENCIEUSE by Théophile Gautier
Cover of the book Devenir esclave by Théophile Gautier
Cover of the book Auto-érotisme et narcissisme by Théophile Gautier
Cover of the book L'Espionne du grand Lama by Théophile Gautier
Cover of the book LA DAME AUX CAMÉLIAS (version illustrée) by Théophile Gautier
Cover of the book La chasse et l'amour by Théophile Gautier
Cover of the book Le Rire: Essai sur la signification du comique by Théophile Gautier
We use our own "cookies" and third party cookies to improve services and to see statistical information. By using this website, you agree to our Privacy Policy