Author: | Gabriel Ferry | ISBN: | 1230001322118 |
Publisher: | Gabriel Ferry | Publication: | August 26, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Gabriel Ferry |
ISBN: | 1230001322118 |
Publisher: | Gabriel Ferry |
Publication: | August 26, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
EXTRAIT:
Perico el Zaragate
I. – La Jamaïca et le monte parnaso.
De toutes les villes bâties par les Espagnols dans le Nouveau-Monde, Mexico est, sans contredit, la plus belle, et l’Europe pourrait s’enorgueillir de la compter au nombre de ses cités. Celui qui veut contempler dans toute sa splendeur le magnifique et bizarre panorama de la capitale du Mexique n’a qu’à monter, vers le coucher du soleil, sur l’une des tours de la cathédrale. De quelque côté qu’il porte ses regards, il aperçoit à l’horizon les dentelures de la Cordilière, gigantesque ceinture azurée de soixante lieues de tour. Au sud, les deux volcans qui dominent la sierra élèvent majestueusement leurs sommets couverts de neiges éternelles, et que les rayons obliques du soleil teignent en rose pourpre. L’un, le Popocatepetl (montagne fumante), se dessine en cône aigu sur l’azur déjà foncé du ciel ; l’autre, l’Iztaczihuatl (la femme blanche), affecte la forme d’une nymphe couchée qui livre ses épaules de glace aux dernières caresses du soleil. Au pied des deux volcans étincellent comme des miroirs trois lagunes où les nuages se reflètent, où les cygnes prennent leurs ébats. A l’ouest, le palais de Chapultepec, lieu de plaisance des empereurs aztèques et plus tard des vice-rois espagnols, déploie ses lignes imposantes. Autour de la montagne sur laquelle il est bâti, s’étend et ondule en vagues de verdure une forêt de cèdres dix fois séculaires. Du sommet de cette montagne, un fleuve s’élance et franchit la plaine sur les cent arches de ses aqueducs pour venir désaltérer une ville populeuse. A droite, à gauche, de tous côtés, des villages, des clochers, des coupoles, s’élèvent du sein de la vallée. Des sentiers poudreux s’entrecroisent et se découpent comme des rubans d’or sur la verdure ou le long des flaques d’eau. L’arbre du Pérou, le saule pleureur des sables, incline, sous les bouffées de la brise, ses rameaux échevelés, ses feuilles odorantes, ses grappes de baies rouges, et des palmiers dressent çà et là leurs troncs isolés au-dessus de massifs d’oliviers au pâle feuillage.
Ce ne sont là toutefois que les plans lointains et les grandes lignes du tableau. Ramenez vos regards sur la ville elle-même, ou plutôt regardez à vos pieds. Au milieu de l’échiquier formé par les terrasses des maisons, et parmi les fleurs dont ces terrasses sont ornées, vous verrez surgir, comme d’un immense bouquet, les clochers, les églises, avec leurs dômes de faïence jaune et bleue, les maisons enfin avec les murs bariolés et les balcons pavoisés de coutil qui leur donnent sans cesse un air de fête.
EXTRAIT:
Perico el Zaragate
I. – La Jamaïca et le monte parnaso.
De toutes les villes bâties par les Espagnols dans le Nouveau-Monde, Mexico est, sans contredit, la plus belle, et l’Europe pourrait s’enorgueillir de la compter au nombre de ses cités. Celui qui veut contempler dans toute sa splendeur le magnifique et bizarre panorama de la capitale du Mexique n’a qu’à monter, vers le coucher du soleil, sur l’une des tours de la cathédrale. De quelque côté qu’il porte ses regards, il aperçoit à l’horizon les dentelures de la Cordilière, gigantesque ceinture azurée de soixante lieues de tour. Au sud, les deux volcans qui dominent la sierra élèvent majestueusement leurs sommets couverts de neiges éternelles, et que les rayons obliques du soleil teignent en rose pourpre. L’un, le Popocatepetl (montagne fumante), se dessine en cône aigu sur l’azur déjà foncé du ciel ; l’autre, l’Iztaczihuatl (la femme blanche), affecte la forme d’une nymphe couchée qui livre ses épaules de glace aux dernières caresses du soleil. Au pied des deux volcans étincellent comme des miroirs trois lagunes où les nuages se reflètent, où les cygnes prennent leurs ébats. A l’ouest, le palais de Chapultepec, lieu de plaisance des empereurs aztèques et plus tard des vice-rois espagnols, déploie ses lignes imposantes. Autour de la montagne sur laquelle il est bâti, s’étend et ondule en vagues de verdure une forêt de cèdres dix fois séculaires. Du sommet de cette montagne, un fleuve s’élance et franchit la plaine sur les cent arches de ses aqueducs pour venir désaltérer une ville populeuse. A droite, à gauche, de tous côtés, des villages, des clochers, des coupoles, s’élèvent du sein de la vallée. Des sentiers poudreux s’entrecroisent et se découpent comme des rubans d’or sur la verdure ou le long des flaques d’eau. L’arbre du Pérou, le saule pleureur des sables, incline, sous les bouffées de la brise, ses rameaux échevelés, ses feuilles odorantes, ses grappes de baies rouges, et des palmiers dressent çà et là leurs troncs isolés au-dessus de massifs d’oliviers au pâle feuillage.
Ce ne sont là toutefois que les plans lointains et les grandes lignes du tableau. Ramenez vos regards sur la ville elle-même, ou plutôt regardez à vos pieds. Au milieu de l’échiquier formé par les terrasses des maisons, et parmi les fleurs dont ces terrasses sont ornées, vous verrez surgir, comme d’un immense bouquet, les clochers, les églises, avec leurs dômes de faïence jaune et bleue, les maisons enfin avec les murs bariolés et les balcons pavoisés de coutil qui leur donnent sans cesse un air de fête.