Author: | Henriette de Witt | ISBN: | 9782346122929 |
Publisher: | Collection XIX | Publication: | November 17, 2016 |
Imprint: | Collection XIX | Language: | French |
Author: | Henriette de Witt |
ISBN: | 9782346122929 |
Publisher: | Collection XIX |
Publication: | November 17, 2016 |
Imprint: | Collection XIX |
Language: | French |
La chambre était grande, tendue de riches tapisseries et réchauffée par un bon feu de bois de pommier brûlant gaiement dans l’âtre, mais, au fond du vaste lit à colonnes, un visage pâle et maigre s’appuyait sur les oreillers, deux petites mains décharnées se croisaient sur les couvertures et une voix faible répétait : « Madame la baillive, je voudrais voir Marie-Jeanne ; ma folle me saurait divertir et me faire oublier mon mal ! » L’enfant suppliait en vain ; la dame Aymée de la Fayette, baillive de Caen, veuve de François de Silly, tué à la bataille de Pavie, était rigide et dure ; n’ayant jamais eu d’enfants, elle avait pris toute sa vie un grand intérêt aux affaires de la politique et elle avait accompagné madame Marguerite, alors duchesse d’Alençon, lorsque celle-ci était allée à Madrid traiter avec l’empereur Charles-Quint la rançon du roi François Ier ; c’était en récompense de ses services que Marguerite, devenue reine de Navarre par son second mariage avec Henri d’Albret, avait chargé la baillive de l’éducation de sa fille unique ; la petite Jeanne n’aimait guère sa gouvernante et son front se rembrunit quand dame Aymée se rapprochant du lit répondit d’une voix mesurée : « Les folies et les rires de Marie-Jeanne ne sauraient à cette heure convenir à la princesse et aggraveraient son mal.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
La chambre était grande, tendue de riches tapisseries et réchauffée par un bon feu de bois de pommier brûlant gaiement dans l’âtre, mais, au fond du vaste lit à colonnes, un visage pâle et maigre s’appuyait sur les oreillers, deux petites mains décharnées se croisaient sur les couvertures et une voix faible répétait : « Madame la baillive, je voudrais voir Marie-Jeanne ; ma folle me saurait divertir et me faire oublier mon mal ! » L’enfant suppliait en vain ; la dame Aymée de la Fayette, baillive de Caen, veuve de François de Silly, tué à la bataille de Pavie, était rigide et dure ; n’ayant jamais eu d’enfants, elle avait pris toute sa vie un grand intérêt aux affaires de la politique et elle avait accompagné madame Marguerite, alors duchesse d’Alençon, lorsque celle-ci était allée à Madrid traiter avec l’empereur Charles-Quint la rançon du roi François Ier ; c’était en récompense de ses services que Marguerite, devenue reine de Navarre par son second mariage avec Henri d’Albret, avait chargé la baillive de l’éducation de sa fille unique ; la petite Jeanne n’aimait guère sa gouvernante et son front se rembrunit quand dame Aymée se rapprochant du lit répondit d’une voix mesurée : « Les folies et les rires de Marie-Jeanne ne sauraient à cette heure convenir à la princesse et aggraveraient son mal.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.