Author: | Fedor Mikhaïlovitch Dostoïevski, JBR (Illustrations) | ISBN: | 1230001653847 |
Publisher: | JBR | Publication: | April 23, 2017 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Fedor Mikhaïlovitch Dostoïevski, JBR (Illustrations) |
ISBN: | 1230001653847 |
Publisher: | JBR |
Publication: | April 23, 2017 |
Imprint: | |
Language: | French |
Souvenirs de la maison des morts (Edition Intégrale - Version Entièrement Illustrée)
* Inclus une courte biographie de Fedor Mikhaïlovitch Dostoïevski
Descriptif : La maison des morts, c'est le bagne de Sibérie où Dostoïevski a purgé comme condamné politique une peine de quatre années de travaux forcés et de six ans de «service militaire». Mais la maison des morts, c'est aussi le Goulag. La Russie de Dostoïevski est déjà celle de Staline, de Beria, de Vychinski, des grands procès où les accusés rivalisent devant leurs procureurs de contrition et d'aveux. Comme l'écrit Claude Roy, «la Russie d'hier et la Russie moderne sont exemplaires dans la science du "châtiment" sur deux points essentiels. Elles ont poussé plus avant peut-être qu'aucun peuple l'art de donner aux tortionnaires cette paix de l'esprit que procure la bonne conscience. Elles ont su simultanément contraindre un nombre important de leurs victimes, non seulement à subir sans révolte les épreuves infligées, mais à donner à leurs tourmenteurs un total acquiescement.»
Extrait : Nous étions en tout deux cent cinquante dans la maison de force. Ce nombre était presque invariable, car lorsque les uns avaient subi leur peine, d’autres criminels arrivaient, il en mourait aussi. Et il y avait là toute sorte de gens. Je crois que chaque gouvernement, chaque contrée de la Russie avait fourni son re-présentant. Il y avait des étrangers et même des montagnards du Caucase. Tout ce monde se divisait en catégories différentes, sui-vant l’importance du crime et par conséquent la durée du châti-ment. Chaque crime, quel qu’il soit, y était représenté. La popula-tion de la maison de force était composée en majeure partie de déportés aux travaux forcés de la catégorie civile (fortement con-damnés, comme disaient les détenus). C’étaient des criminels pri-vés de tous leurs droits civils, membres réprouvés de la société, vomis par elle, et dont le visage marqué au fer devait éternellement témoigner de leur opprobre. Ils étaient incarcérés dans la maison de force pour un laps de temps qui variait de huit à douze ans ; à l’expiration de leur peine, on les envoyait dans un canton sibérien en qualité de colons. Quant aux criminels de la section militaire, ils n’étaient pas privés de leurs droits civils, — c’est ce qui a lieu d’ordinaire dans les compagnies de discipline russes, — et n’étaient envoyés que pour un temps relativement court. Une fois leur condamnation purgée, ils retournaient à l’endroit d’où ils étaient venus, et entraient comme soldats dans les bataillons de ligne sibériens . Beaucoup d’entre eux nous revenaient bientôt pour des crimes graves, seulement ce n’était plus pour un petit nombre d’années, mais pour vingt ans au moins ; ils faisaient alors partie d’une section qui se nommait « à perpétuité ». Néanmoins, les perpétuels n’étaient pas privés de leurs droits. Il existait encore une section assez nombreuse, composée des pires malfaiteurs, presque tous vétérans du crime, et qu’on appelait la « section particulière ». On envoyait là des condamnés de toutes les Russies. Ils se regardaient à bon droit comme détenus à perpétuité, car le terme de leur réclusion n’avait pas été indiqué. La loi exigeait qu’on leur donnât des tâches doubles et triples. Ils restèrent dans la prison jusqu’à ce qu’on entreprit en Sibérie les travaux de force les plus pénibles. « Vous n’êtes ici que pour un temps fixe, disaient-ils aux autres forçats ; nous, au contraire, nous y sommes pour toute notre vie. » J’ai entendu dire plus tard que cette section a été abolie. On a éloigné en même temps les condamnés civils, pour ne conserver que les condamnés militaires que l’on organisa en compagnie de discipline unique. L’administration a naturellement été changée. Je décris, par con-séquent, les pratiques d’un autre temps et des choses abolies de-puis longtemps…
Souvenirs de la maison des morts (Edition Intégrale - Version Entièrement Illustrée)
* Inclus une courte biographie de Fedor Mikhaïlovitch Dostoïevski
Descriptif : La maison des morts, c'est le bagne de Sibérie où Dostoïevski a purgé comme condamné politique une peine de quatre années de travaux forcés et de six ans de «service militaire». Mais la maison des morts, c'est aussi le Goulag. La Russie de Dostoïevski est déjà celle de Staline, de Beria, de Vychinski, des grands procès où les accusés rivalisent devant leurs procureurs de contrition et d'aveux. Comme l'écrit Claude Roy, «la Russie d'hier et la Russie moderne sont exemplaires dans la science du "châtiment" sur deux points essentiels. Elles ont poussé plus avant peut-être qu'aucun peuple l'art de donner aux tortionnaires cette paix de l'esprit que procure la bonne conscience. Elles ont su simultanément contraindre un nombre important de leurs victimes, non seulement à subir sans révolte les épreuves infligées, mais à donner à leurs tourmenteurs un total acquiescement.»
Extrait : Nous étions en tout deux cent cinquante dans la maison de force. Ce nombre était presque invariable, car lorsque les uns avaient subi leur peine, d’autres criminels arrivaient, il en mourait aussi. Et il y avait là toute sorte de gens. Je crois que chaque gouvernement, chaque contrée de la Russie avait fourni son re-présentant. Il y avait des étrangers et même des montagnards du Caucase. Tout ce monde se divisait en catégories différentes, sui-vant l’importance du crime et par conséquent la durée du châti-ment. Chaque crime, quel qu’il soit, y était représenté. La popula-tion de la maison de force était composée en majeure partie de déportés aux travaux forcés de la catégorie civile (fortement con-damnés, comme disaient les détenus). C’étaient des criminels pri-vés de tous leurs droits civils, membres réprouvés de la société, vomis par elle, et dont le visage marqué au fer devait éternellement témoigner de leur opprobre. Ils étaient incarcérés dans la maison de force pour un laps de temps qui variait de huit à douze ans ; à l’expiration de leur peine, on les envoyait dans un canton sibérien en qualité de colons. Quant aux criminels de la section militaire, ils n’étaient pas privés de leurs droits civils, — c’est ce qui a lieu d’ordinaire dans les compagnies de discipline russes, — et n’étaient envoyés que pour un temps relativement court. Une fois leur condamnation purgée, ils retournaient à l’endroit d’où ils étaient venus, et entraient comme soldats dans les bataillons de ligne sibériens . Beaucoup d’entre eux nous revenaient bientôt pour des crimes graves, seulement ce n’était plus pour un petit nombre d’années, mais pour vingt ans au moins ; ils faisaient alors partie d’une section qui se nommait « à perpétuité ». Néanmoins, les perpétuels n’étaient pas privés de leurs droits. Il existait encore une section assez nombreuse, composée des pires malfaiteurs, presque tous vétérans du crime, et qu’on appelait la « section particulière ». On envoyait là des condamnés de toutes les Russies. Ils se regardaient à bon droit comme détenus à perpétuité, car le terme de leur réclusion n’avait pas été indiqué. La loi exigeait qu’on leur donnât des tâches doubles et triples. Ils restèrent dans la prison jusqu’à ce qu’on entreprit en Sibérie les travaux de force les plus pénibles. « Vous n’êtes ici que pour un temps fixe, disaient-ils aux autres forçats ; nous, au contraire, nous y sommes pour toute notre vie. » J’ai entendu dire plus tard que cette section a été abolie. On a éloigné en même temps les condamnés civils, pour ne conserver que les condamnés militaires que l’on organisa en compagnie de discipline unique. L’administration a naturellement été changée. Je décris, par con-séquent, les pratiques d’un autre temps et des choses abolies de-puis longtemps…