Author: | Jules Verne | ISBN: | 1230000247205 |
Publisher: | NA | Publication: | June 18, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Jules Verne |
ISBN: | 1230000247205 |
Publisher: | NA |
Publication: | June 18, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
Ce livre comporte une table des matières dynamique, a été relu et corrigé.
Extrait: De l’île Guajan à Acapulco
Le 18 octobre 1825, l’Asia, vaisseau espagnol de haut bord, et la Constanzia, brick de huit canons, relâchaient à l’île de Guajan, l’une des Mariannes. Depuis six mois que ces navires avaient quitté l’Espagne, leurs équipages, mal nourris, mal payés, harassés de fatigue, agitaient sourdement des projets de révolte. Des symptômes d’indiscipline s’étaient plus spécialement révélés à bord de la Constanzia, commandée par le capitaine don Orteva, homme de fer, que rien ne faisait plier. Certaines avaries graves, tellement imprévues qu’on devait les attribuer à la malveillance, avaient arrêté le brick dans sa traversée. L’Asia, commandée par don Roque de Guzuarte, avait été forcée de relâcher avec lui. Une nuit, le compas s’était brisé on ne sait comment. Une autre, les haubans de misaine manquèrent comme s’ils avaient été coupés, et le mât tomba avec tout son gréement. Enfin, les drosses du gouvernail s’étaient rompues deux fois pendant une importante manœuvre.
L’île de Guajan dépend, comme toutes les Mariannes, de la capitainerie générale des îles Philippines. Les Espagnols, étant là chez eux, y purent donc promtement réparer leurs avaries.
Pendant ce séjour forcé à terre, don Orteva instruisit don Roque du relâchement de discipline qu’il avait remarqué à son bord, et les deux capitaines s’engagèrent à redoubler de vigilance et de sévérité.
Don Orteva eut à surveiller plus spécialement deux hommes de son équipage, le lieutenant Martinez et le gabier José.
Le lieutenant Martinez, ayant compromis sa dignité d’officier dans les conciliabules du gaillard d’avant, avait dû être plusieurs fois consigné, et, pendant ses arrêts, l’aspirant Pablo l’avait remplacé dans les fonctions de lieutenant de la Constanzia. Quant au gabier Jos, c’était un homme vil et méprisable, qui ne pesait les sentiments qu’au poids de l’or. Il se vit donc serré de près par l’honnête contremaître Jacopo, en qui don Orteva avait toute confiance.
L’aspirant Pablo était une de ces natures d’élite, franches et courageuses, auxquelles la générosité inspire de grandes choses. Orphelin, recueilli et élevé par le capitaine don Orteva, il se fut fait tuer pour son bienfaiteur. Pendant ses longues conversations avec le contremaître Jacopo, il se laissait aller, emporté par l’ardeur de sa jeunesse et l’élan de son cœur, à parler de la tendresse filiale qu’il éprouvait pour don Orteva, et le brave Jacopo lui serrait vigoureusement la main, car il comprenait ce que l’aspirant disait si bien. Aussi, don Orteva avait-il là deux hommes dévoués, sur lesquels il pouvait compter absolument. Mais que pouvaient-ils tous trois contre les passions d’un équipage indiscipliné ? Pendant qu’ils s’employaient jour et nuit à triompher de l’esprit de discorde, Martinez, José et les autres matelots marchaient plus avant dans la révolte et la trahison.
La veille de l’appareillage, le lieutenant Martinez se trouvait à Guajan dans un cabaret de bas étage, avec quelques contremaîtres et une vingtaine de marins des deux navires.
« Camarades, disait Martinez, grâce aux avaries survenues si opportunément, le brick et le vaisseau ont dû relâcher aux Mariannes et j’ai pu venir ici m’entretenir secrètement avec vous !
– Bravo ! fit l’assemblée d’une seule voix.
Ce livre comporte une table des matières dynamique, a été relu et corrigé.
Extrait: De l’île Guajan à Acapulco
Le 18 octobre 1825, l’Asia, vaisseau espagnol de haut bord, et la Constanzia, brick de huit canons, relâchaient à l’île de Guajan, l’une des Mariannes. Depuis six mois que ces navires avaient quitté l’Espagne, leurs équipages, mal nourris, mal payés, harassés de fatigue, agitaient sourdement des projets de révolte. Des symptômes d’indiscipline s’étaient plus spécialement révélés à bord de la Constanzia, commandée par le capitaine don Orteva, homme de fer, que rien ne faisait plier. Certaines avaries graves, tellement imprévues qu’on devait les attribuer à la malveillance, avaient arrêté le brick dans sa traversée. L’Asia, commandée par don Roque de Guzuarte, avait été forcée de relâcher avec lui. Une nuit, le compas s’était brisé on ne sait comment. Une autre, les haubans de misaine manquèrent comme s’ils avaient été coupés, et le mât tomba avec tout son gréement. Enfin, les drosses du gouvernail s’étaient rompues deux fois pendant une importante manœuvre.
L’île de Guajan dépend, comme toutes les Mariannes, de la capitainerie générale des îles Philippines. Les Espagnols, étant là chez eux, y purent donc promtement réparer leurs avaries.
Pendant ce séjour forcé à terre, don Orteva instruisit don Roque du relâchement de discipline qu’il avait remarqué à son bord, et les deux capitaines s’engagèrent à redoubler de vigilance et de sévérité.
Don Orteva eut à surveiller plus spécialement deux hommes de son équipage, le lieutenant Martinez et le gabier José.
Le lieutenant Martinez, ayant compromis sa dignité d’officier dans les conciliabules du gaillard d’avant, avait dû être plusieurs fois consigné, et, pendant ses arrêts, l’aspirant Pablo l’avait remplacé dans les fonctions de lieutenant de la Constanzia. Quant au gabier Jos, c’était un homme vil et méprisable, qui ne pesait les sentiments qu’au poids de l’or. Il se vit donc serré de près par l’honnête contremaître Jacopo, en qui don Orteva avait toute confiance.
L’aspirant Pablo était une de ces natures d’élite, franches et courageuses, auxquelles la générosité inspire de grandes choses. Orphelin, recueilli et élevé par le capitaine don Orteva, il se fut fait tuer pour son bienfaiteur. Pendant ses longues conversations avec le contremaître Jacopo, il se laissait aller, emporté par l’ardeur de sa jeunesse et l’élan de son cœur, à parler de la tendresse filiale qu’il éprouvait pour don Orteva, et le brave Jacopo lui serrait vigoureusement la main, car il comprenait ce que l’aspirant disait si bien. Aussi, don Orteva avait-il là deux hommes dévoués, sur lesquels il pouvait compter absolument. Mais que pouvaient-ils tous trois contre les passions d’un équipage indiscipliné ? Pendant qu’ils s’employaient jour et nuit à triompher de l’esprit de discorde, Martinez, José et les autres matelots marchaient plus avant dans la révolte et la trahison.
La veille de l’appareillage, le lieutenant Martinez se trouvait à Guajan dans un cabaret de bas étage, avec quelques contremaîtres et une vingtaine de marins des deux navires.
« Camarades, disait Martinez, grâce aux avaries survenues si opportunément, le brick et le vaisseau ont dû relâcher aux Mariannes et j’ai pu venir ici m’entretenir secrètement avec vous !
– Bravo ! fit l’assemblée d’une seule voix.