Author: | Hélène Louise | ISBN: | 1230001151251 |
Publisher: | Éditions de la chimère | Publication: | May 29, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Hélène Louise |
ISBN: | 1230001151251 |
Publisher: | Éditions de la chimère |
Publication: | May 29, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
Cette courte nouvelle, qui précède le roman "Les Silences de Thalès", raconte la dernière journée de Thalès et de sa famille avant leur départ pour Bayères-sur-Loire.
Elle est distribuée gratuitement. Si un prix s'affiche, veuillez attendre qu'il redevienne nul avant de télécharger l'ebook)
http://www.amazon.fr/dp/B01DWQHV32
http://editionsdelachimere.eklablog.com/
https://www.facebook.com/LesSilencesDeThales/
♣ extraits ♣
J’avance à pas lents dans le couloir. Derrière moi les voix de papa et de Sidonie s’atténuent peu à peu. L’appartement, dépouillé de ses meubles, de ses cadres, de son désordre accumulé au fil des années, semble déjà me rejeter, hostile, étranger. Je passe la porte de la salle de bains, puis celle de ma chambre – feu ma chambre.
Je jette un regard derrière moi et pousse la porte. Des rectangles blancs sur les murs, des bandes de moquette toutes propres au sol, là où était la bibliothèque, des traces d’usure aux pieds du bureau. Et, tout au milieu, le piano de maman.
C’est un piano demi-queue en ébène de Macassar, un piano qui a vécu, au vernis un peu griffé, terni par endroits. Je m’approche, pose la main sur le bois frais et ferme les yeux, laissant les souvenirs m’envahir. Le parfum si familier qui flotte encore dans l’air, les petits bruits de papier, de clavier, les chuchotements, le chant du piano. Mais je ne retrouve pas la voix de maman. Elle s’est échappée peu à peu, au fil des mois, s’arrachant à moi malgré mes efforts pour la retenir, comme un ballon gonflé à l’hélium qui n’attend qu’un moment d’inattention pour s’envoler vers le ciel.
♣♣♣
— Regarde ce monsieur, il est beaucoup trop gros !
— Tu ne pourrais pas le crier plus fort ?
— Si, je le pourrais, mais je pense qu’il m’a déjà entendue. Ce n’est pas un problème esthétique ; il risque de développer un diabète, de mourir d’une crise cardiaque, de faire un cancer du foie, au mieux de souffrir d’arthrose précoce.
Parfois le sarcasme ne paie pas.
— Et tu ne penses pas qu’il est grossier de faire ce genre de réflexion aux gens ?
— C'est pour son bien. Si ça se trouve personne n’a jamais osé le lui dire, et grâce à moi il va avoir une révélation, reprendre sa santé en main et vivre des dizaines d’années en plus !
Le monsieur en question (gros, il faut bien le dire), après un dernier regard ulcéré dans notre direction, monte dans sa voiture, qui plie sous son poids comme un chameau exténué en plein désert.
— Dépêche-toi, Sainte Sido. J’espère qu’ils auront de la place pour moi chez le coiffeur.
— Si tu te fais couper les cheveux, moi je veux une couleur.
— Non.
— Si.
— Non, ils ne voudront pas, tu es trop jeune. Et ne fais aucune réflexion, sinon je ne t’achète rien.
— C’est révoltant. Tu n’es même pas majeure, je ne vois pas la différence entre toi et moi.
— Légalement, aucune. Mais je pense qu’aucun coiffeur ne voudra prendre le risque de voir rappliquer un parent hystérique, traînant derrière lui une petite fille aux cheveux verts.
— Je ne veux pas qu’ils soient verts. Et papa n’est jamais hystérique.
♣♣♣
Cette courte nouvelle, qui précède le roman "Les Silences de Thalès", raconte la dernière journée de Thalès et de sa famille avant leur départ pour Bayères-sur-Loire.
Elle est distribuée gratuitement. Si un prix s'affiche, veuillez attendre qu'il redevienne nul avant de télécharger l'ebook)
http://www.amazon.fr/dp/B01DWQHV32
http://editionsdelachimere.eklablog.com/
https://www.facebook.com/LesSilencesDeThales/
♣ extraits ♣
J’avance à pas lents dans le couloir. Derrière moi les voix de papa et de Sidonie s’atténuent peu à peu. L’appartement, dépouillé de ses meubles, de ses cadres, de son désordre accumulé au fil des années, semble déjà me rejeter, hostile, étranger. Je passe la porte de la salle de bains, puis celle de ma chambre – feu ma chambre.
Je jette un regard derrière moi et pousse la porte. Des rectangles blancs sur les murs, des bandes de moquette toutes propres au sol, là où était la bibliothèque, des traces d’usure aux pieds du bureau. Et, tout au milieu, le piano de maman.
C’est un piano demi-queue en ébène de Macassar, un piano qui a vécu, au vernis un peu griffé, terni par endroits. Je m’approche, pose la main sur le bois frais et ferme les yeux, laissant les souvenirs m’envahir. Le parfum si familier qui flotte encore dans l’air, les petits bruits de papier, de clavier, les chuchotements, le chant du piano. Mais je ne retrouve pas la voix de maman. Elle s’est échappée peu à peu, au fil des mois, s’arrachant à moi malgré mes efforts pour la retenir, comme un ballon gonflé à l’hélium qui n’attend qu’un moment d’inattention pour s’envoler vers le ciel.
♣♣♣
— Regarde ce monsieur, il est beaucoup trop gros !
— Tu ne pourrais pas le crier plus fort ?
— Si, je le pourrais, mais je pense qu’il m’a déjà entendue. Ce n’est pas un problème esthétique ; il risque de développer un diabète, de mourir d’une crise cardiaque, de faire un cancer du foie, au mieux de souffrir d’arthrose précoce.
Parfois le sarcasme ne paie pas.
— Et tu ne penses pas qu’il est grossier de faire ce genre de réflexion aux gens ?
— C'est pour son bien. Si ça se trouve personne n’a jamais osé le lui dire, et grâce à moi il va avoir une révélation, reprendre sa santé en main et vivre des dizaines d’années en plus !
Le monsieur en question (gros, il faut bien le dire), après un dernier regard ulcéré dans notre direction, monte dans sa voiture, qui plie sous son poids comme un chameau exténué en plein désert.
— Dépêche-toi, Sainte Sido. J’espère qu’ils auront de la place pour moi chez le coiffeur.
— Si tu te fais couper les cheveux, moi je veux une couleur.
— Non.
— Si.
— Non, ils ne voudront pas, tu es trop jeune. Et ne fais aucune réflexion, sinon je ne t’achète rien.
— C’est révoltant. Tu n’es même pas majeure, je ne vois pas la différence entre toi et moi.
— Légalement, aucune. Mais je pense qu’aucun coiffeur ne voudra prendre le risque de voir rappliquer un parent hystérique, traînant derrière lui une petite fille aux cheveux verts.
— Je ne veux pas qu’ils soient verts. Et papa n’est jamais hystérique.
♣♣♣