Author: | Bove Emmanuel | ISBN: | 1230001928075 |
Publisher: | NA | Publication: | September 22, 2017 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Bove Emmanuel |
ISBN: | 1230001928075 |
Publisher: | NA |
Publication: | September 22, 2017 |
Imprint: | |
Language: | French |
Ce livre contient une table des matières dynamique. Bove Emmanuel – Un Soir chez Blutel : Maxime Corton arrive à la gare de l’Est à Paris, de retour de Vienne où il a habité quelque temps. Il espère vivre en paix à Paris. Il prend une chambre très modeste. Il rencontre Madeleine, une prostituée. Après quelque hésitation, il décide de rendre visite à son ancien ami Blutel, qu’il n’a plus revu depuis la fin de la guerre. Lorsqu’ils se trouvent l’un en face de l’autre, ils ne savent pas quoi se dire. Blutel a invité d’autres personnes, qui arrivent au fil de la soirée. C’est une réunion de petits bourgeois, de gens figés dans leur comportement, acceptant leur destin sans rancune ni révolte. La grande guerre plane sur tous ces destins, et sur ce que ses personnages auraient pu devenir sans elle. Bove cisèle leurs portraits, sans prendre parti, ni juger.
Extrait : CHAPITRE PREMIER
Vers vingt heures, le rapide, parti de Strasbourg à midi, passa Château-Thierry où des voyageurs, sur un quai proche de la gare des marchandises, attendaient un train omnibus. Maxime Corton occupait une des huit places assises d’un compartiment de troi-sième classe.
Pour la première fois, une Polonaise goûtait le pain français dont elle avait entendu parler depuis mil neuf cent seize. Par l’intermédiaire d’un consul que toutes ses relations sollicitaient de domestiques, elle avait obtenu une place de bonne dans une famille. Elle demanda à Maxime où se trouvait l’avenue de La Bourdonnais. Elle dissimulait l’adresse, tâchait même de l’oublier, pour ne pas mentir s’il l’interrogeait. Comme les gens simples, elle craignait de cacher la vérité. Il lui semblait que, si elle venait à être découverte, ses parents, ses maîtres ne lui témoigneraient plus jamais la moindre confiance. Comme ces employés modèles qui s’appliquent à ne jamais voler, ne serait-ce qu’une fois, parce que, si justement ils étaient pris, tous leurs efforts, toutes les an-nées de dévouement et de fidélité seraient perdus, elle se surveil-lait continuellement. Elle avait peur d’être surprise en flagrant délit de mensonge. Quand elle voulait dissimuler quelque chose, elle jouait la candeur. Aussi ses camarades, mieux placées que quiconque pour la connaître parce qu’elles lui ressemblaient, la tenaient-elles pour une hypocrite. En apprenant que l’avenue de La Bourdonnais se trouvait près de la tour Eiffel, elle pensa qu’elle allait habiter le centre de Paris, à proximité de la station de métro la plus importante, que les autobus et les lumières l’empêcheraient de dormir, et elle ne se tint plus de joie.
Ce livre contient une table des matières dynamique. Bove Emmanuel – Un Soir chez Blutel : Maxime Corton arrive à la gare de l’Est à Paris, de retour de Vienne où il a habité quelque temps. Il espère vivre en paix à Paris. Il prend une chambre très modeste. Il rencontre Madeleine, une prostituée. Après quelque hésitation, il décide de rendre visite à son ancien ami Blutel, qu’il n’a plus revu depuis la fin de la guerre. Lorsqu’ils se trouvent l’un en face de l’autre, ils ne savent pas quoi se dire. Blutel a invité d’autres personnes, qui arrivent au fil de la soirée. C’est une réunion de petits bourgeois, de gens figés dans leur comportement, acceptant leur destin sans rancune ni révolte. La grande guerre plane sur tous ces destins, et sur ce que ses personnages auraient pu devenir sans elle. Bove cisèle leurs portraits, sans prendre parti, ni juger.
Extrait : CHAPITRE PREMIER
Vers vingt heures, le rapide, parti de Strasbourg à midi, passa Château-Thierry où des voyageurs, sur un quai proche de la gare des marchandises, attendaient un train omnibus. Maxime Corton occupait une des huit places assises d’un compartiment de troi-sième classe.
Pour la première fois, une Polonaise goûtait le pain français dont elle avait entendu parler depuis mil neuf cent seize. Par l’intermédiaire d’un consul que toutes ses relations sollicitaient de domestiques, elle avait obtenu une place de bonne dans une famille. Elle demanda à Maxime où se trouvait l’avenue de La Bourdonnais. Elle dissimulait l’adresse, tâchait même de l’oublier, pour ne pas mentir s’il l’interrogeait. Comme les gens simples, elle craignait de cacher la vérité. Il lui semblait que, si elle venait à être découverte, ses parents, ses maîtres ne lui témoigneraient plus jamais la moindre confiance. Comme ces employés modèles qui s’appliquent à ne jamais voler, ne serait-ce qu’une fois, parce que, si justement ils étaient pris, tous leurs efforts, toutes les an-nées de dévouement et de fidélité seraient perdus, elle se surveil-lait continuellement. Elle avait peur d’être surprise en flagrant délit de mensonge. Quand elle voulait dissimuler quelque chose, elle jouait la candeur. Aussi ses camarades, mieux placées que quiconque pour la connaître parce qu’elles lui ressemblaient, la tenaient-elles pour une hypocrite. En apprenant que l’avenue de La Bourdonnais se trouvait près de la tour Eiffel, elle pensa qu’elle allait habiter le centre de Paris, à proximité de la station de métro la plus importante, que les autobus et les lumières l’empêcheraient de dormir, et elle ne se tint plus de joie.