Author: | Martin Page | ISBN: | 1230001691146 |
Publisher: | Editions Le Manuscrit | Publication: | May 24, 2017 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Martin Page |
ISBN: | 1230001691146 |
Publisher: | Editions Le Manuscrit |
Publication: | May 24, 2017 |
Imprint: | |
Language: | French |
Tenter de se suicider peut être une occupation très prenante. Une journée durant, un homme s'attèle à la tâche: bricolage de chaise électrique, cocktail explosif d'antidépresseurs, tout y passe. Pour celui qui collectionne tes émotions de ses collègues et prend ses vacances dans un ascenseur, rien n'est simple... On peut se sentir inadapté à la vie et, bizarrement, ne pas parvenir à la quitter.
Son premier roman, Comment je suis devenu stupide, avait mis la barre assez haut en visant bien bas : la plongée dans l'alcoolisme puis le crétinisme afin d'échapper aux affres de l'intelligence. Une mise en abyme de soi que favorisait à point nommé l'absorption de deux pilules d'Heurozac par jour. Qu'à cela ne tienne, Martin Page récidive pour le plus grand bonheur de ses fans avec Une parfaite journée parfaite, un roman délirant qui s'élève à nouveau, depuis le lever jusqu'au coucher du narrateur, contre l'abrutissement de la vie moderne. Il s'agit toujours pour le héros de se "suicider" de la manière la plus efficace qui soit : balle de 357 Magnum dans la tête, pendaison, lame de rasoir, dose journalière d'anxiolytiques et de barbituriques, mines antipersonnel nichées sous le carrelage de son appartement, électrocution et tutti quanti. Las, cette diable de vie ne se laisse pas aussi facilement éradiquer et, tous les jours, le rescapé malgré lui doit bien s'en aller travailler. Apparemment, seul le requin blanc de six mètres de long qui nage dans son corps peut le faire réagir… et l'amener à ingurgiter un cocktail maison de Xanax, Valium, Lithium et Lexomil (liste non exhaustive) qui réveillerait sans doute un mort…
Sur une trame aussi noire, on pourrait s'attendre à une écriture fort austère, mais loin s'en faut : Martin Page cultive des métaphores et trouvailles heureuses qui tirent le texte du côté de la rêverie surnaturelle et poétique. Si le monde contemporain paraît absurde, vu par cet employé modèle qui n'arrive pas à mettre fin à ses jours et passe son temps à écouter un quatuor de mariachis mexicains reprenant les standards des Beatles, il est aussi le lieu d'un décalage permanent. "Superman déguisé en Clark Kent", l'éternel suicidaire n'est-il pas parvenu par exemple à cultiver un "jardin intérieur", au sein d'un immeuble dédié au béton et au métal ? Une révolte discrète qui ira chez l'impétrant jusqu'à passer une semaine de vacances dans son ascenseur ! Clin d'œil nonchalant au film de Bill Murray, Un jour sans fin, Une parfaite journée parfaite se décline comme une douce folie que bercent de multiples références musicales. Une folie qui n'est autre que celle de notre société de consommation, épinglée ici avec malice par un enfant terrible de la littérature française. Ce deuxième roman renforce à souhait l'univers de Martin Page et en fait un romancier joyeusement mélancolique qu'on n'a certainement pas fini d'apprécier.
Tenter de se suicider peut être une occupation très prenante. Une journée durant, un homme s'attèle à la tâche: bricolage de chaise électrique, cocktail explosif d'antidépresseurs, tout y passe. Pour celui qui collectionne tes émotions de ses collègues et prend ses vacances dans un ascenseur, rien n'est simple... On peut se sentir inadapté à la vie et, bizarrement, ne pas parvenir à la quitter.
Son premier roman, Comment je suis devenu stupide, avait mis la barre assez haut en visant bien bas : la plongée dans l'alcoolisme puis le crétinisme afin d'échapper aux affres de l'intelligence. Une mise en abyme de soi que favorisait à point nommé l'absorption de deux pilules d'Heurozac par jour. Qu'à cela ne tienne, Martin Page récidive pour le plus grand bonheur de ses fans avec Une parfaite journée parfaite, un roman délirant qui s'élève à nouveau, depuis le lever jusqu'au coucher du narrateur, contre l'abrutissement de la vie moderne. Il s'agit toujours pour le héros de se "suicider" de la manière la plus efficace qui soit : balle de 357 Magnum dans la tête, pendaison, lame de rasoir, dose journalière d'anxiolytiques et de barbituriques, mines antipersonnel nichées sous le carrelage de son appartement, électrocution et tutti quanti. Las, cette diable de vie ne se laisse pas aussi facilement éradiquer et, tous les jours, le rescapé malgré lui doit bien s'en aller travailler. Apparemment, seul le requin blanc de six mètres de long qui nage dans son corps peut le faire réagir… et l'amener à ingurgiter un cocktail maison de Xanax, Valium, Lithium et Lexomil (liste non exhaustive) qui réveillerait sans doute un mort…
Sur une trame aussi noire, on pourrait s'attendre à une écriture fort austère, mais loin s'en faut : Martin Page cultive des métaphores et trouvailles heureuses qui tirent le texte du côté de la rêverie surnaturelle et poétique. Si le monde contemporain paraît absurde, vu par cet employé modèle qui n'arrive pas à mettre fin à ses jours et passe son temps à écouter un quatuor de mariachis mexicains reprenant les standards des Beatles, il est aussi le lieu d'un décalage permanent. "Superman déguisé en Clark Kent", l'éternel suicidaire n'est-il pas parvenu par exemple à cultiver un "jardin intérieur", au sein d'un immeuble dédié au béton et au métal ? Une révolte discrète qui ira chez l'impétrant jusqu'à passer une semaine de vacances dans son ascenseur ! Clin d'œil nonchalant au film de Bill Murray, Un jour sans fin, Une parfaite journée parfaite se décline comme une douce folie que bercent de multiples références musicales. Une folie qui n'est autre que celle de notre société de consommation, épinglée ici avec malice par un enfant terrible de la littérature française. Ce deuxième roman renforce à souhait l'univers de Martin Page et en fait un romancier joyeusement mélancolique qu'on n'a certainement pas fini d'apprécier.