Vers l'Ouest

Un fascinant road-movie avec auto-stop à travers l'ouest canadien...

Fiction & Literature
Cover of the book Vers l'Ouest by Mahigan Lepage, publie.net
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Author: Mahigan Lepage ISBN: 9782814552852
Publisher: publie.net Publication: November 27, 2009
Imprint: publie.net Language: French
Author: Mahigan Lepage
ISBN: 9782814552852
Publisher: publie.net
Publication: November 27, 2009
Imprint: publie.net
Language: French

J’ai été soufflé. Dès l’ouverture. Je savais Mahigan occupé, depuis 2 ans, à un texte d’envergure (ça s’appelle Coulées et c’est même principe de baser le texte sur traversée d’un territoire lié à l’autobiographie). Mais Mahigan est secret, si on le voit, voyageur, à Paris, il mobilisera ses trois sous pour partir au Népal ou au Maroc, ou disparaître des semaines dans la ville même. Sans doute que l’expérience d’écriture veut ça.

Vers l’Ouest, c’est un seul paragraphe. Un charroi. Mais d’un seul tenant, chaque fragment de temps imbriqué dans le suivant, aussi inexorablement que ces visages qui surgissent dans les trucks stops d’un Canada anglophone qui a gardé la violence originelle des défricheurs. Villes en pays dur, villes nées de leur propre éloignement, dans les rapports qu’elles imposent aux hommes.

Sauriez-vous comment dormir pour rien à Banff ? Une camionnette de transport de bisons vous a-t-elle un jour laissé à Saint Catharines (oui, ça s’écrit comme ça), et quelles circonstances faut-il pour échouer à Petawawa ?

Folklore ? Non. Le texte est ancré autobiographiquement. Une histoire de job d’été, une brouille avec le père. Et la fuite géographique devient le seul exposé de la tension générationnelle. On fume des joints, on se débrouille comme on peut pour squatter dans ces villes géantes (la banlieue traversée de Toronto), mais, pour la génération de Mahigan, le père l’a fait avant vous. La révolte, si elle ne réinvente rien, que peut-elle se donner comme excès ?

Laissez-vous embarquer. Vous ne les connaissez pas, ces villes. La forme oui, on s’en souvient : c’est celle de Kerouac ou de Ginsberg, mais allumé comme du Thomas Bernhard. Une voix.

Et le récit, plus qu’une dérive, un effondrement, les limites touchées de l’expérience comme l’exige tout road-movie.

Et c’est peut-être ça, que de toujours on nomme littérature : quelque chose qui grince parce que frotté des mots directement sur la vie, là où on a mal. Seulement, reste à photographier, à dire. À susciter les bars, les piaules, les voix et les corps de rencontre. À se battre avec les noms propres pour que la route d’aventure soit la route de tous et toujours, là sur la 132 que j’aperçois de l’autre côté du fleuve.

FB

site de Mahigan Lepage

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J’ai été soufflé. Dès l’ouverture. Je savais Mahigan occupé, depuis 2 ans, à un texte d’envergure (ça s’appelle Coulées et c’est même principe de baser le texte sur traversée d’un territoire lié à l’autobiographie). Mais Mahigan est secret, si on le voit, voyageur, à Paris, il mobilisera ses trois sous pour partir au Népal ou au Maroc, ou disparaître des semaines dans la ville même. Sans doute que l’expérience d’écriture veut ça.

Vers l’Ouest, c’est un seul paragraphe. Un charroi. Mais d’un seul tenant, chaque fragment de temps imbriqué dans le suivant, aussi inexorablement que ces visages qui surgissent dans les trucks stops d’un Canada anglophone qui a gardé la violence originelle des défricheurs. Villes en pays dur, villes nées de leur propre éloignement, dans les rapports qu’elles imposent aux hommes.

Sauriez-vous comment dormir pour rien à Banff ? Une camionnette de transport de bisons vous a-t-elle un jour laissé à Saint Catharines (oui, ça s’écrit comme ça), et quelles circonstances faut-il pour échouer à Petawawa ?

Folklore ? Non. Le texte est ancré autobiographiquement. Une histoire de job d’été, une brouille avec le père. Et la fuite géographique devient le seul exposé de la tension générationnelle. On fume des joints, on se débrouille comme on peut pour squatter dans ces villes géantes (la banlieue traversée de Toronto), mais, pour la génération de Mahigan, le père l’a fait avant vous. La révolte, si elle ne réinvente rien, que peut-elle se donner comme excès ?

Laissez-vous embarquer. Vous ne les connaissez pas, ces villes. La forme oui, on s’en souvient : c’est celle de Kerouac ou de Ginsberg, mais allumé comme du Thomas Bernhard. Une voix.

Et le récit, plus qu’une dérive, un effondrement, les limites touchées de l’expérience comme l’exige tout road-movie.

Et c’est peut-être ça, que de toujours on nomme littérature : quelque chose qui grince parce que frotté des mots directement sur la vie, là où on a mal. Seulement, reste à photographier, à dire. À susciter les bars, les piaules, les voix et les corps de rencontre. À se battre avec les noms propres pour que la route d’aventure soit la route de tous et toujours, là sur la 132 que j’aperçois de l’autre côté du fleuve.

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